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Il croyait l'avoir perdue à jamais : sa langue maternelle se réveille. Agitée par les coups du hasard, elle secoue le Basque qui sommeille en lui et le propulse dans les vies minuscules de son enfance. Alors il n'a plus le choix. Cette langue devenue étrangère, il la tourne mille fois dans sa bouche. Et elle met son corps à l'épreuve d'un long baiser qui embrasse avec une même fougue les livres qu'il lit, les gens qu'il aime et ceux qui meurent, broyés parfois dans les mâchoires des revendications politiques.
Furieusement poétique, Trois langues dans ma bouche est l'aventure saisissante d'un homme en quête d'identité, avec le basque aux trousses et l'écriture pour horizon.
Un roman à cheval sur les genres, une réflexion romancée plutôt, mâtinée d'autofiction (autobiographie?) et d'essai littéraire et linguistique toutefois sans lourdeur et sans académisme. Le style fluide, léger et précis à la fois de l'auteur, m'a trimballée avec joie dans cette espèce de poétique pédagogique, qui parvient à amener la tendresse, le réel et l'intime dans une interrogation linguistique, politique, historique voire même psychologique, qui est si bien insérée dans l'anecdotique que l'ouvrage se dévore d'un trait et qu'on se trouve à réfléchir, à remettre en cause sa perception et de soi et de l'Autre à travers la langue seule et à apprendre beaucoup, sans presque y prendre garde. Une réussite.
Le premier roman de Frédéric Arabit me laisse perplexe et pas réellement convaincue car je ne l'ai pas vécu comme un "roman", mais plutôt comme un essai, une introspection de l'auteur, une recherche, une quête de vérité ou d'identité comme évoquée par l'éditeur en 4ème de couverture.
Son écriture est certes remarquable et empreinte de poésie, mais aussi chargée d'ironie parfois sexiste ou un peu morbide...
J'ai aimé le rythme du récit autant que les références musicales et vestimentaires qui ont marqué les années 70 et 80 et dont l'auteur use pour enrichir la narration de ses exploits et découvertes de jeunesse.
La langue sous toutes ses formes est bien évidemment au coeur de ce livre car il nous la sert aussi bien en vinaigrette, qu'enroulée autour de la sienne ou encore chargée d'un dialecte du pays basque.
Un regard politique sur l'identité des territoires et plus particulièrement sur les indépendantistes, les manifs et les dégâts collatéraux, quelques références aux illustres écrivains qui ont guidé les pas de l'auteur vers la littérature, des souvenirs d'enfance, des liens familiaux qui s'éteignent et une langue qui tourne sept fois dans la bouche avant de raconter... voici ce que contient ce premier roman.
J'employais au début de ce billet le mot "perplexe" parce que j'ai aimé ce livre et pourtant quelque chose m'a manqué. de l'émotion peut-être ? Je ne me suis pas du tout attachée au personnage principal, qui m'est apparu comme "imperméable" et distant. Je me suis régalée dans la première partie du livre parce que j'ai aimé l'humour et l'écriture de l'auteur et que ses souvenirs de jeunesse correspondaient aux miens. En revanche les cinquante dernières pages m'ont semblé un peu longues et je dois avouer que je me suis ennuyée et perdue dans son débat intérieur.
Voici donc mon avis très mitigé sur ce livre à la verve irréprochable, riche de vocabulaire, de références culturelles, historiques et linguistiques, mais pauvre en émotions en ce qui me concerne !
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