Et si en plus de boire une bonne bière on allait fêter la Saint Patrick en lecture...
Un vieil homme perd la vie, agressé dans une rue de Manhattan ; un jeune garçon disparaît lors d'une baignade en mer d'Irlande ; une religieuse reconnaît à la télé son tortionnaire ; un jeune homme à cheval vient chercher vengeance sur un chantier ; une jeune femme sergent dans l'US Army passe le réveillon du Nouvel An sur le front afghan.
Et si en plus de boire une bonne bière on allait fêter la Saint Patrick en lecture...
Si, comme c'est l'usage pour les recueils de nouvelles, le titre de l'ouvrage 13 FACONS DE VOIR est emprunté à celui de la première nouvelle, il est aussi l'indice que le thème de l'observation confère une unité thématique au recueil.
La première nouvelle qui occupe plus de la moitié de l'ouvrage et constitue en soi un court roman de 170 pages relate la dernière journée du juge Mendelsohn, homme âgé et physiquement diminué qui mourra victime d'une agression dans la rue.
Le lecteur suit les pensées du personnage depuis son réveil, pensées qui vagabondent entre un présent qu'il déplore et un passé dont il se remémore des moments heureux. Les 13 façons de voir sont celles des diverses caméras placées aussi bien dans sa chambre – pour surveiller sa santé- que dans le hall de son immeuble, dans le restaurant ou dans la rue et qui permettront à la police de comprendre la raison de son assassinat et d'en déterminer l'auteur.
Ce thème du regard se retrouve dans la 2e nouvelle qui présente les images intérieures successives permettant à un journaliste d'élaborer le scénario d'une nouvelle qu'il devra rédiger pour un magazine.
Il se manifeste ensuite successivement dans les autres nouvelles par les recherches d'indices pour retrouver un enfant fugueur qu'on croit noyé; dans le comportement d'un soldat montant la garde la nuit dans un vallée de l'Afghanistan à l'affût de bruits ou de mouvements suspect; dans les images télévisées d'un ancien tortionnaire devenu homme respectable réactivant les souvenirs douloureux des viols chez sa victime; et par l'observation quasi fascinée d'un acte violent et subit.
Les technologies nouvelles de diffusion de l'image et de la parole sont présentes dans les récits par l'usage des caméras, de la télévision, des téléphones portables ou satellitaires, et jouent un rôle d'autant plus important que ce thème du regard se double de celui de la violence.
Une violence qui sans être décrite avec détails est vue par l'acuité de l'oeil d'un témoin ou au travers de la sensibilité d'une victime. Elle sous-tend le récit et l'auteur en explore plutôt l'origine ou les séquelles, faisant s'imbriquer ainsi passé, présent et avenir d'un personnage .
Cette thématique de la violence prend tout son sens quand on connaît le passé récent de l'auteur qu'il présente dans une note finale où il montre comment vécu et imagination se mêlent au sein d'un récit de fiction. « Ces nouvelles étaient presque achevées à l'été 2014, quand j'ai été victime, le 27 juin, d'une agression à New Haven, dans le Connecticut. Certains de ces récits ont été composés avant cette mésaventure, et d'autres après. Il me semble parfois que nous écrivons notre vie à l'avance et que, d'autres fois, nous sommes seulement capables de regarder derrière nous. Mais en fin de compte, chaque mot que nous écrivons est autobiographique, peut-être plus encore quand nous essayons d'éviter toute autobiographie.
Malgré tout ce qu'elle doit à l'imagination, la littérature prend des chemins inimaginables. »
Un grave et riche recueil dans lequel on retrouve l'écriture nerveuse, précise et sans graisse de Column Mc Cann qui donne densité et force à sa narration
et donne son titre au livre.
Monsieur Mendelssohn vit sous le regard de sa gouvernante Sally, plonge dans ses souvenirs, sa femme tant aimée, jamais oubliée, son travail, sa position sociale… pour regarder le vieillard qu’il est devenu. Monsieur Mendelssohn est assassiné au sortir d’un restaurant où il a déjeuné avait déjeuner avec son fils. La police regarde les vidéos des caméras de surveillance aux alentours du meurtre, scrute chaque détail, questionne, cherche. Les caméras regardent et enregistrent la vie. « Les caméras sont plus nombreuses en ville que les oiseaux dans le ciel ». En très exactement 175 pages, Colum Mc Cann campe des personnages denses, Ici, il condense, écrit le mot exact sans plus de fioriture, une précision d’orfèvre qui donne beaucoup de densité aux personnages, surtout celui du vieillard et de sa gouvernante. La description de son fils, très courte est bluffante.
Je me pose une question : Pourquoi à chaque début de chapitre, il y a-t-il des vers où apparait, à chaque fois, un merle noir : « Vingt montagnes enneigées, Sans rien d’animé Que l’œil du merle noir » ? Est-ce le regard extérieur, le lecteur qui regarde l’action se dérouler ?
Avec les autres nouvelles, l’auteur offrent d’autres regards sur la violence, le rapport parent-enfant.
Sh’khol décrit une relation mère-fils, le regard de Rebecca sur son fils adoptif handicapé. Tomas, un matin de Noël disparait après avoir reçu son cadeau, une tenue de plongée. Cette disparition pourrait être une métaphore sur le passage de l’enfance à l’adolescence, ce qui expliquerait la fin.
Dans une autre nouvelle, l’auteur met en scène son métier d’écrivain avec cette jeune femme dans son poste de garde en Afghanistan un soir de Noël.
Traité autre nouvelle très forte. Beverly nonne se trouve dans sa congrégation en Irlande lorsqu’elle voit et reconnait à la télévision, son violeur. Tout pourrait basculer. Beverly décide de partir à la rencontre de cet homme et la fin est superbe. C‘est pour moi, la meilleure des nouvelles.
L’auteur décrit la violence sociale ou autre à travers différents prismes, regards, façons de voir. Le regard est le pivot du livre. Les personnages sont bien campés, construits. Comme dans le texte éponyme, tout est dit en peu de mots, mais des mots choisis, ciselés, forts en émotion. .Ce n’est pas qu’un livre où l’on côtoie la tragédie, il y a autre chose de plus fort. Est-ce la vie ?
Un recueil de nouvelles dans lequel les personnes se heurtent à la violence quotidienne. Dans la première nouvelle, on suit la journée d'un vieux juge qui va être assassiné dans la rue sans que personne ne voit rien. L'auteur nous fait jouer les voyeurs à travers les cameras de surveillance. Ensuite ce sont des petites nouvelles de drames. Dans l'une d'entre elle, l'auteur nous parle des Sh'kohl, parents ayant perdu leur enfant, mot qui n'existe pas dans notre langue. Un livre intéressant même si ce n'est pas un coup de cœur pour moi.
Colum McCann revient avec un nouveau livre qui en fait est un recueil de nouvelles dont une très courte et un mini roman. J’aime beaucoup cet auteur pour ses histoires, son style, sa poésie.
Il était en train d’écrire son mini roman quand il a été victime d’une agression à New York, un épisode qui a bien sûr influencé la suite son écriture puisque toutes les histoires traitent de la violence sous ses différents aspects. Elle peut être physique, morale, psychologique ou encore verbale.
Mais malheureusement, me concernant, et vraiment j’insiste sur ce point, je n’ai pas été touchée. Le petit roman aurait gagné à être plus court, plus concis, à aller davantage à l’essence de l’histoire et de son dénouement, au profit de la dernière nouvelle, vraiment trop courte et peu narrative à mon goût.
La nouvelle avec la religieuse est celle qui m’a le plus « accrochée » mais le sujet et le traitement laissent un sentiment de déjà vu ou lu.
Alors, à vous de découvrir ces Treize façons de voir et de donner votre sentiment !!
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