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Roman d'apprentissage virtuose, portrait survolté d'une société sur le point d'exploser sous la pression des inégalités et de la violence étatique, l'odyssée urbaine d'un jeune rebelle dans la Colombie du début des années 1970.
Révolté contre les riches membres de sa famille qui ont exclu sa mère et l'ont réduite au dénuement le plus total, un très jeune garçon décide de prendre sa revanche sur la vie.
Animé d'un insatiable appétit de rébellion, il s'instruit devant La Fureur de vivre et West Side Story, côtoie la Tropa Brava, un gang de voyous intrépides, se grise de liberté, caillasse les fenêtres des riches, et se forge une réputation de vrai dur dans toute la ville de Cali.
Tout à sa quête farouche d'indépendance et d'affirmation de soi, il se lance à corps perdu dans la révolte sociale qui secoue son pays, ignorant tout de la féroce répression qui, déjà, se prépare à mater dans le sang les espoirs de toute une génération.
À la suite de ce roman, six nouvelles inédites d'Andrés Caicedo qui poursuit son hommage à la bouillonnante jeunesse de Cali, entre soif d'absolu et perdition.
"Traversé par la rage", c'est l'histoire d'un adolescent/jeune adulte, qui semble n'avoir pour seul but dans la vie que de chercher la bagarre avec les autres gamins de son entourage, et n'être capable de s'exprimer qu'à coups de poing. le titre espagnol "El atravesado" désigne d'ailleurs quelqu'un qui se bat pour le plaisir, mais aussi celui qui se met "en travers" des conventions sociales et du droit chemin des braves gens. Là, il faut préciser que le gamin en question vit avec sa mère, pauvrement, à Cali, Colombie, dans les années 60-70, et en veut à sa riche famille qui les a exclus de son cercle privilégié. En réalité, il en veut à la Terre entière de tant d'inégalités, d'injustices et de violences policières qui répriment brutalement la moindre manifestation. Quand il ne se bagarre pas, il se gave de musique et de films dans les cinémas du quartier. Et il se dévoue à sa mère, qu'il vénère, et le reste du temps il cherche l'amour, et son chemin dans la vie.
Ce desperado semble être le double littéraire de l'auteur. Dans ce court roman écrit en 1971, on ressent toute la colère et le désespoir du narrateur, qui s'épanche en un long monologue "parlé", tour à tour agressif et poétique. Même si j'ai du mal à admettre cette débauche de castagne, je dois reconnaître que le texte est très puissant, et son auteur très talentueux en plus d'être précoce, puisqu'il l'a écrit à l'âge de 20 ans.
Les six nouvelles qui suivent sont du même tonneau (j'ai trouvé "Infection" encore plus survoltée et âpre), et sont, en plus, teintées de fantastique, il est d'ailleurs fait allusion à Edgar Allan Poe à plusieurs reprises.
Andrés Caicedo s'est suicidé en 1976, à l'âge de 25 ans. Sa jeunesse et son talent en ont fait une icône en Colombie, et son oeuvre, qui appelle à la révolte, a inspiré les générations suivantes. Malgré cette personnalité et ces textes qui ne laissent pas indifférent, je n'ai pas apprécié plus que ça ce style bouillonnant et chaotique, ce trop-plein de testostérone et d'exaltation, sans compter que je ne raffole pas du fantastique et de Poe en particulier.
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