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Trafic est l'histoire d'une apparition, puis d'une disparition. Entre les deux, un voyage improbable en Louisiane, où il sera entre autres question d'un film et d'un pactole.
Trafic est le deuxième roman de l'auteur de Echec, et Mat, où se déploie une incessante pulsion désirante analogue à celle qui signa le succès critique et public de son premier livre.
Son visage était blême, incliné, ses yeux clos et ses lèvres inertes, son front glacé. Face à l'évidence, les impressions de Vincent déferlèrent, dont celle de rejoindre Manon au terme d'un long voyage.
Court roman extrêmement bien écrit. De superbes phrases, élégamment tournées, qui, m'ont beaucoup plu. Parfois courtes, souvent longues comme celle-ci : "A la sortie du terminal, ils louèrent une voiture dans une agence concurrencée par d'autres à bout portant, une Chrysler, à bord de laquelle ils traversèrent une bonne partie de la nouvelle ville, toute en hauteur, mirage gris-vert, avant de déposer leurs bagages dans un hôtel bien placé mais mollement sordide, interlope -un jeune homme caressait de manière aguicheuse celle qui pouvait être sa copine dans une petite pièce donnant sur l'escalier qui conduisait aux chambres, l'ascenseur ne fonctionnait pas, resté bloqué dans les années 70, tout comme les meubles et la décoration (inox, formica et velours), la climatisation, très mal." (p.70/71) Cette phrase a en elle pas mal de choses que l'on retrouve tout au long du livre. Je l'ai écrit plus haut, une certaine élégance, une beauté évidente, un rythme chaloupé et quelques jeux avec les mots, que j'aime bien : l'ascenseur et les meubles bloqués dans les années 70, la concurrence "à bout portant" et l'hôtel "mollement sordide" et qui ont l'avantage d'être très visuels (pour ceux qui, comme moi visualisent leurs lectures).
J'ai aussi aimé l'intrigue, on sent qu'un drame se joue sans vraiment savoir lequel ni de quoi il retourne. Galien Sarde distille les indices à dose homéopathique, joue avec nos nerfs et notre patience. Il use de retours en arrière pour expliquer la situation des deux amants, de zones de flou pour maintenir la tension. Le tout est habilement et subtilement mené.
Dans ce roman très beau, l'histoire tient le lecteur de bout en bout, mais je dois dire que ce qui m'a totalement charmé et convaincu, notamment que Galien Sarde est un auteur très talentueux, c'est son écriture. Je vais peut-être faire vieux con -comme dirait l'autre, j'ai l'âge-, mais lire de si belles lignes, en un français irréprochable, bien que trituré, bouleversé, dansé, agrémenté de mots rares, de nos jours où le vocabulaire a tendance à se simplifier voire m'est parfois devenu totalement abscons -surtout s'il emprunte sans intérêt pour la qualité ou la finesse à d'autres langues-, fait un bien fou.
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