Des romans, livres de recettes et BD pour se régaler en famille !
Dans une bourgade du comté de Meath, Maurice Hannigan, un vieux fermier, s'installe au bar du Rainsford House Hotel. Il est seul, comme toujours - sauf que, ce soir, rien n'est pareil : Maurice, à sa manière, est enfin prêt à raconter son histoire. Il est là pour se souvenir - de tout ce qu'il a été et de tout ce qu'il ne sera plus. Au fil de la soirée, il veut porter cinq toasts aux cinq personnes qui ont le plus compté pour lui. Il lève son verre à son grand frère Tony, à l'innocente Noreen, sa belle-soeur un peu timbrée, à la petite Molly, son premier enfant trop tôt disparu, au talent de son fils journaliste qui mène sa vie aux États-Unis, et enfin à la modestie de Sadie, sa femme tant aimée, partie deux ans plus tôt. Au fil de ces hommages, c'est toute une vie qui se révèle dans sa vérité franche et poignante...
Un roman plein de pudeur et de grâce qui contient toute l'âme de l'Irlande.
Maurice Hannigan, quatre-vingt-quatre ans, est accoudé au bar du Rainsford Hotel « Je suis assis ici et j’ai mes raison, fiston, j’ai mes raisons ». « J’ai une tâche à accomplir tout à l’heure et une longue soirée qui m’attend »
Toute la soirée il parle à son fils et je me suis trouvée dans le rôle du fiston à écouter ce que Hannigan raconte, sa vie dans toute sa splendeur et sa misère.
Pour raconter, il faut une aide et là, puisque nous sommes assis au bar d’un pub irlandais, il porte des toasts à tous les membres importants de sa famille.
Pour commencer doucement, une stout pour parler de Tony, le frère aîné, celui qu’il admire tant qui l’a protégé des autres lui et sa dyslexie (à l’époque on ne connaissait pas), son inaptitude à lire et écrire correctement. Tony n’a pas survécu à une phtisie.
Là, cela devient plus sérieux, plus dur, alors, allons-y pour un verre de Bushmills (single malt 21 ans). « Celui-ci, fiston, est pour Molly, la sœur que tu n’as pas connue. ». Le plus grand remord de sa vie. Ne pas avoir été présent aux côté de son épouse. Oui, il n’a pas voulu penser qu’elle Molly était déjà morte dans le ventre de sa mère, alors, il a été faire ses affaires, acheter je ne sais quels arpents de terre. « Côté boulot, ma situation n’aurait pu être meilleure. Je prospérais. » Cette blessure de n’avoir pas été à la hauteur le poursuit tout au long de sa vie « Il y a quarante-neuf ans, j’ai rencontré Molly, une seule fois et seulement un quart d’heure. Depuis, elle a continué à vivre dans mon vieux cœur fatigué ».
Une nouvelle stout pour évoquer Noreen, sa belle-sœur, handicapée mentale qui a une passion pour tout ce qui brille. Lorsqu’elle est venue habiter chez eux, elle a été le centre de la famille, bien que difficile quelques fois.
Le quatrième toast avec un Jefferson’s Presidential Select en l’honneur de son fils Kevin son fils unique. Kevin a très bien réussi, parti aux USA, il est devenu un journaliste de renom, ce qui fait la fierté de son père bien qu’il ne le lui dise jamais, on a ses pudeurs. Ah ! La journée où il lui a annoncé son désir, m’a offert de très belles pages. Chaque année Kevin lui envoie une bouteille de whisky pour son anniversaire « Cette bouteille de Jefferson wheated de 18 ans d’âge, tu me l’as offerte l’an dernier pour Noël. Elle a passé la soirée à mes pieds dans un sac. » C’est celui qu’il déguste
Le dernier toast est pour Sadie, SA femme, celle qu’il a toujours aimée et qui lui manque tant depuis sa mort, deux ans déjà . « J’ai gardé le meilleur pour la fin, à tous points de vue. »
« Alors, tu veux la vérité pure et simple fiston ? La raison pour laquelle je suis assis là à marmonner dans mon coin, c’est elle, ça ne t’étonnera pas. Je veux que ta mère revienne, voilà tout. Seul, je n’y arrive plus. Quand je l’ai rencontrée, jamais j’aurais pu imaginé qu’un jour j’aurais du mal à respirer parce que sa brosse à dents n’est plus à côté de la mienne ». C’est simplement beau. Le chapitre sur Sadie est une si belle déclaration d’amour. Toute leur vie côte à côte, accepter la vieillesse de l’autre, s’aimer encore et encore. La mort de Sadie, Maurice ne l’accepte pas. Il a réglé ses affaires et... « J’ai compris que je n’avais pas d’autres choix que de rejoindre ta mère ».
Dans son monologue, il raconte sa vie, sa rencontre avec la famille Dollard, riches fermiers où sa mère était servante et lui, à dix ans, ouvrier agricole, enfin, apprenti. Le père Dollard bat son fils comme plâtre !et, pour se venger, celui-ci s’en prend à Maurice qui n’ose répliquer. La revanche arrive avec une pièce en or qu va tout changer
Les Dollard était une famille de possédant, riches fermiers. Le père de Maurice a pu acheter quelques arpents de terre grâce à La Land Commission qui « permit, dès les années 1920… la redistribution partielle des terres agricoles » au grand dam des Dollar qui ont perdu là des sources de revenus et ouvriers agricoles sous-payés. De plus, le père Dollard, joueur, perdait beaucoup, ce qui a précipité sa chute. La déchéance permit à Maurice d’acheter, entres autres acquisitions, petit à petit leurs terres. Même peu instruit, il a le génie des affaires. La revanche que prend Maurice est inscrite dans son passé douloureux avec la famille Dollard, les humiliations, les torgnoles ont façonné l’homme qu’il est devenu, taiseux, opportuniste, mais grand cœur (l’hôtel en est le témoin).
J’ai souri, pleuré, avec ce fabuleux conteur qu’est Maurice. J’ai aimé sa façon de narrer son histoire, sans s’apitoyer sur son sort, avec tant d’amour pour les siens et à travers, la vie rurale irlandaise du vingtième siècle
Ce n’est pas de la guimauve mais une vie emplie de tristesses, de joies, de coups du sort d’une très belle écriture. Un coup de coeur.
« Alors, tu veux la vérité pure et simple, fiston ? La raison pour laquelle je suis là à marmonner dans mon coin, c’est elle, ça t’étonnera pas. Je veux que ta mère revienne, voilà tout. »
https://zazymut.over-blog.com/2022/05/anne-griffin-toute-une-vie-et-un-soir.html
Maurice Hannigan est arrivé au bout d'un long chemin....
A 84 ans, il sirote quelques verres de Wisky irlandais au bar de l'hôtel ou se prépare une soirée de gala.
Face à lui même et son verre, il raconte sa vie en s'adressant à son fils Kevin.
Pendant cette longue soirée, il va porter un toast aux 5 Amours de sa vie :
-> Tony, le frère ainé idolâtré, parti trop tôt.
-> Molly, "la soeur que tu n'as pas connue"....
-> Noreen, "tata non-non".
-> Kevin, mon fils adoré, parti vivre et travailler aux états-unis, célèbre journaliste dont il sera tellement fier.
-> et enfin, Sadie, la femme de sa vie, aimé jusqu'à la dernière seconde et que la disparition rebat les cartes.
Toute une vie déroulée en un soir en buvant quelques verres au bar de l'hôtel.
L'Histoire de l'Irlande et ses blessures (vagues migratoires vers les états-unis et l'Australie)
Une roman tendre ou l'émotion est omniprésente.
L'humeur bonhomme de Maurice cache une terrible solitude et une farouche détermination .
Un superbe moment de lecture !
A quatre-vingt-quatre ans, l’Irlandais Maurice Hannigan ne parvient pas à faire le deuil de son épouse, décédée deux ans auparavant. Ce soir-là, au bar où il noie son désespoir dans la stout et le whisky, il soliloque sur sa vie passée, ses joies et ses regrets, en évoquant les cinq personnes qu’il a le plus aimées : son grand frère Tony emporté par la tuberculose, sa belle-sœur Noreen enfermée en asile psychiatrique, sa fille Molly morte-née, son fils journaliste en Amérique, et surtout, sa si regrettée épouse Sadie.
Au fil du récit se dessine peu à peu le portrait formidablement vrai d’un homme qui, envahi au soir de sa vie par le désarroi du chagrin et de la solitude, contemple sans complaisance ce que fut son existence et décide courageusement de faire ce qu’il faut pour ne pas en perdre le contrôle. Des bonheurs et des épreuves traversés ressortent une profonde tristesse d’avoir désormais tout perdu, mais aussi une forme d’acceptation résignée née de la certitude d’avoir toujours affronté le destin d’un pied ferme et d’être resté quoi qu’il arrive fidèle à lui-même et aux siens.
Sous ses dehors de dur-à-cuire taiseux, pingre et impitoyable, se cache un être d’une profonde humanité, qui se sera attaché toute sa vie à rester droit dans ses bottes, digne et fier de réussir à prendre sa revanche sur une enfance pauvre et marquée par l’injustice. L’ombre de cette vie écoulée est évoquée avec une telle vérité, les répliques y sonnent avec une telle authenticité, que Maurice Hannigan s’incarne sous les yeux du lecteur d’une manière toute cinématographique. D’ailleurs, je n’ai cessé d’y voir la silhouette, et d’y entendre la voix, de Clint Eastwood.
Tout en pudeur et en émotion contenue, ce roman d’une parfaite justesse réussit à poser avec une étonnante légèreté la question de la douleur, de la solitude et de la dignité des personnes vieillies et désormais seules, parvenues au bout de leur envie de vivre.
Lorsque Babelio m'a proposé de lire le premier roman d'Anne Griffin dans le cadre d'un Masse Critique privilégié, je me suis immédiatement senti enthousiaste, et ce, pour plusieurs raisons. La première d'entre elles tient à la nationalité de l'autrice, irlandaise, que je voyais déjà comme la promesse de retrouver ce pays que j'aime tant. La deuxième repose sur la réputation de l'éditeur dont je connais et apprécie particulièrement le travail dans le secteur de la bande-dessinée. Enfin, la troisième et dernière, le simple fait que l'on me propose un roman suffit à aiguiser ma curiosité (je ne refuse jamais un Service Presse).
J'étais donc dans de bonnes dispositions pour me lancer dans cette lecture et pourtant, un peu moins de 300 pages plus tard, disons-le d'emblée, "Toute une vie et un soir" n'a pas tenu toutes ses promesses. La faute, à mes yeux, à Maurice. Cela vient peut-être de moi, mais il m'a fallu plusieurs dizaines de pages avant de commencer à apprécier le narrateur et porteur de toasts de ce roman. Pendant une bonne partie du roman, je dois avouer que je l'ai même trouvé plutôt antipathique, bourru. Anne Griffin dénoue pourtant avec habileté les noeuds embrouillés de sa psyché mais rien à faire, je n'ai su me départir complètement de cette réserve qui, heureusement, a plutôt eu tendance à s'atténuer. Parce que voilà, malgré Maurice, difficile de ne pas être touché par cette vie, par ces toasts. Difficile de ne pas sentir l'émotion monter lorsqu'il évoque les disparitions de son frère Tony et de sa fille. Difficile également de ne pas être intrigué par cette famille Dollard aux lourds secrets. Difficile enfin de ne pas être impressionné par la qualité de la construction que l'on redoute au début, mais dont on loue finalement la complémentarité qu'elle apporte à l'histoire.
Il y aurait sans doute aussi à redire sur le toast réservé à Sadie, trop court, trop avare en anecdotes même si au final le fait que l'on en redemande suppose que le charme opère. Au-delà des personnages, Anne Griffin dresse un portrait de l'Irlande, évoque l'évolution de son pays dont elle convoque l'âme pour mieux en souligner les turpitudes. A travers Maurice Hannigan, son parcours, son regard sur les avancées techniques, sur l'évolution des rapports humains, l'autrice s'interroge sur nos sociétés et donne, l'air de rien, un supplément d'âme à son oeuvre naissante.
Comme je le dis plus haut, "Toute une vie et un soir" ne m'a pas convaincu autant que je l'aurais souhaité, mais je ne peux nier l'intérêt que suscite déjà chez moi l'idée de lire ses prochains romans.
Un grand merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Delcourt pour ce Masse Critique privilégié.
La soirée commence à peine, il est 18h25. Maurice Hannigan est installé au bar du Rainsford House Hotel. Il y a réservé, incognito, la suite nuptiale pour y passer la nuit. A 84 ans, avouez, c’est peu banal !
Pour l’heure, il profite du bar et de la vue qu’il maîtrise encore sur tout ce petit monde qu’il observe dans le grand miroir qui tapisse le fond du bar et dont le coin inférieur droit est obstinément occupé par son visage qui, jusqu’à présent, refuse de sortir du cadre.
Sa première commande, une bouteille de stout. Il n’est pas irlandais pour rien ! Plus tard, dans pas longtemps, il prendra un whiskey, irlandais un jour, irlandais toujours puis reviendra à la bière, oscillera entre l’un et l’autre en trouvant dans la consistance crémeuse de la stout la nourriture dont le corps a besoin et le massage des cordes vocales appelées à raconter ses souvenirs et dans le Midleton wiskey, la chaleur qui touche les cœurs et ouvre la voie à la vérité, sa vie d’amour avec Sadie qu’il doit retrouver.
Avec les mots que lui prête Anne Griffin, l’autrice de ce superbe roman des âmes et du terroir, ce vieux bourru, tendre, lucide et espiègle à la fois va nous conter la trajectoire de la communauté de Rainsford, du Meath, de l’Irlande profonde et surtout de ceux qu’il a beaucoup aimé. A chacun il portera un toast. Tony, le grand frère, son modèle. Molly, son premier enfant bien trop tôt disparu. Noreen, la belle-sœur un peu naïve et peu prête à se confronter à la vie. Kevin, le fils brillant journaliste aux USA dont il est si fier. Et surtout Sadie, son épouse, le plus beau qu’il lui soit arrivé, le plus douloureux aussi puisqu’elle est partie pour toujours et qu’après deux ans et une cure stout/wiskey, il n’arrive toujours pas à s’en remettre.
Cette histoire est donc triste, mais si juste. L’autrice prête à son narrateur les mots qui illustrent, interrogent et subliment les vies contées. La narration se tient parfaitement droite, construite sur l’équilibre entre coups durs, coups de sang, coups de cœur qui « tetrissent » les 84 ans d’une vie remplie où chaque jour, chaque personne, chaque relation s’empile et trouve sa place pour un ensemble haut en couleur même si la fierté, toute légitime d’être arrivé jusque-là, n’empêchera jamais de buter sur le « Game over » qui, toujours, attend tout un chacun.
Avec pudeur, sous la plume souple, précise et joyeuse de Anne Griffin, en compagnie d’une belle traduction de Claire Desserrey, Maurice Hannigan orchestre lui-même sa soirée d’adieu. Il y convie l’Irlande profonde et nous donne de prendre avec lui un dernier verre. Stout ou wiskey ? Peu importe, c’est un régal !
Décidément, les Éditions Delcourt ont le chic pour dénicher les petites pépites ! Voici un premier roman qui m’a profondément bouleversée, tant l’émotion y est palpable à chaque ligne !
Maurice Hannigan, vieil irlandais de 84 ans, se rend au pub dans un but bien précis : porter cinq toast de stout (bière irlandaise) aux cinq personnes qui ont eu une importance primordiale dans son existence riche en souvenirs heureux ou douloureux.
Il les portera à Tony son frère adoré, à son bébé Molly, à Noreen la soeur de sa femme, à Kevin son fils installé aux US, et enfin à Sadie son épouse adorée qui lui manque tant …
Impossible d’en dévoiler plus sans en gâcher le plaisir de la lecture, chaque toast laissant place au récit d’une partie de sa vie écoulée.
Le texte d’Anne Griffin, écrit à la première personne (ce qui le rend plus réel, plus présent), est empreint d’une immense sensibilité. Le parcours du principal protagoniste ayant été jonché d’épreuves, notamment la misère et la perte …
Un très très GROS coup de coeur !
Le titre résume parfaitement le roman : Maurice Hannigan, quatre-vingt quatre ans, qui n’a jamais été un grand bavard dans sa vie, laisse un message pour son fils parti aux États-Unis. Accoudé au bar d’un hôtel, vêtu de son plus beau costume, il se livre sous la forme de cinq toasts adressés aux cinq personnes qui ont le plus compté dans sa vie : son frère aîné Tony, sa belle-soeur Noreen, son fils Kevin, son épouse Sadie et la petite Molly. C’est simple, tendre, émouvant sans être tire-larmes, c’est tout juste un roman formidable, et un premier roman, qui plus est.
Dès les deux premiers chapitres, cela sentait la lecture coup de cœur, et cela n’a fait que se confirmer par la suite. Anne Griffin a su trouver la voix de Maurice et ses mots résonnent longtemps, de ses souvenirs d’enfance sous la protection du grand frère admiré, aux deux dernières années solitaires sans son épouse, en passant par son métier de fermier. Une vie racontée simplement par un homme simple, et qui montre que cela ne l’a pas empêché d’éprouver de grands sentiments, même s’il a souvent eu du mal à les montrer et encore plus à les exprimer. L’aspect social n’est pas écarté, avec l’évolution parallèle de la famille qui les employait, lui et sa mère, lorsqu’il a quitté, très tôt, l’école. C’est l’art de décrire les moments simples et beaux d’une vie qui fait surtout le charme du roman.
Dans ce roman, j’ai retrouvé tout ce que j’aime dans la littérature irlandaise, et ça m’a procuré un très grand plaisir de lecture !
avec les extraits : https://lettresexpres.wordpress.com/2019/09/19/anne-griffin-toute-une-vie-et-un-soir/
Un homme, le bar d’un hôtel dans un village d’Irlande, cinq toasts en l’honneur de ceux qui ont compté… le postulat de départ est simple.
Dés la toute première ligne Maurice Hannigan semble s’adresser à nous, lecteur, mais c’est en fait à son fils Kevin qu’il livre ses confidences sur un ton à la fois personnel et en apparence détaché. S’il est là ce soir, assis au comptoir du bar de l’unique hôtel de Rainsford, c’est pour rendre hommage à cinq personnes qui ont marqué son existence chacune à leur façon et pour différentes raisons. Il a apparemment pensé cet évènement depuis longtemps déjà et c’est de manière méthodique qu’il lève le coude en l’honneur de son frère Tony trop tôt disparu, de sa précieuse fille Molly, de sa si spéciale belle-sœur Noreen, de Kevin son fils aimé mais incompris, et de son irremplaçable femme Sadie, le grand amour de sa vie.
Maurice est un homme au caractère trempé qui ne mâche pas ses mots, dont l’enfance a été rude et mouvementée, et qui s’est donné les moyens de se construire une réussite professionnelle solide et enviée de beaucoup. Bourru et buté au premier abord, c’est sans fausse pudeur et sans fard qu’il s’épanche sur sa vie. Chacun des cinq toasts qu’il porte lui donne l’occasion de remercier ceux qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui, de dire ce qu’il n’a jusque là jamais su ou pu exprimer et, alors qu’il déroule son passé sous nos yeux, ce sont de véritables tranches de vie authentiques et émouvantes qu’il nous offre sans jamais chercher à se donner le beau rôle.
Il dit son enfance et le profond attachement qui le liait à son grand frère Tony qui l’a toujours entouré, protégé et encouragé, le vide immense qu’il a laissé en disparaissant, la rencontre éphémère mais au combien intense avec sa petite Molly et l’impact qu’elle a eu sur sa vie de mari et de père, la rencontre improbable mais décisive avec Noreen, la sœur handicapée de sa femme, leur lien particulier, la relation empreinte d’amour et d’incompréhension avec son fils Kevin, si différent de lui, et le coup de foudre inextinguible pour l’amour de sa vie, Sadie, dont l’absence lui tenaille les tripes sans répit depuis deux ans. Il dit tout comme ça vient, comme il l’a ressenti, ses réussites et ses échecs, ses bonheurs du plus petit au plus grand et ses tragédies intimes, et c’est une émotion sincère et poignante qui nous étreint au fil des mots.
Même si l’on sait dés le départ ce qu’il fait là, le suspens est présent tout au long du récit parce que certaines inconnues demeurent: pourquoi maintenant? pourquoi de cette façon? quelle sera l’issue de cette soirée?…, et parce qu’un des épisodes marquants du parcours de Maurice ne trouve son dénouement qu’à la toute fin, attisant notre curiosité jusqu’au bout.
Anne Griffin livre avec « Toute une vie et un soir » un roman très personnel ( bien que purement fictif ) empreint d’une immense tendresse pour son pays et les gens qui en sont la moelle épinière. A travers le destin de Maurice se dessine en filigrane celui de l’Irlande rurale de la seconde moitié du XXe siècle, la simplicité et la rudesse du quotidien, le caractère revêche de ses habitants, leur attachante pudeur et leur sincérité, et leur lien indéfectible à la terre.
Le roman est découpé en 7 chapitres: un d’introduction, cinq dédiés aux cinq toasts, et un de conclusion; il se lit très facilement. L’écriture est simple et chaleureuse, profondément touchante, tout à l’image du personnage principal dont elle retranscrit la voix, et le récit nous bombarde d’émotions authentiques qui ne peuvent laisser indifférent parce que la vie de Maurice contient un peu de nos vies à tous. Si l’on doit retenir quelque chose de son témoignage, c’est qu’il faut en savourer chaque instant, aussi futile puisse-t-il paraître.
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