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Anton Tchekhov ne nous a pas laissé ce qu'on appelle communément des écrits sur le théâtre. Certes, il existe des milliers d'études universitaires sur son oeuvre mais pour quelqu'un qui aime le théâtre et pour celui qui le pratique, une phrase d'un grand auteur peut révéler plus que cent pages d'élucubrations universitaires.
Comme le montrent les récits de ses jeunes années, Tchekhov fut très tôt un habitué du monde des coulisses. Le théâtre l'attire et, malgré ses déceptions, ne le lâche plus. Il ironise sur le vedettariat et maudit le bruit : les acteurs qui glapissent, les coups de canon, l'usage de la dynamite. Il réclame du silence, un peu de silence, s'il vous plaît, pour enfin faire entendre la musique des mots. Il est dans ses lettres et critiques celui que nous connaissons par ses pièces : un homme d'un humour très fin et caustique à la fois. Ses observations, allant souvent au-delà du théâtre concernent l'art et les artistes en général. Et qui dit art, dit inévitablement société.
Ses articles sur la vie théâtrale moscovite, paru entre 1883 et 1885 dans l'hebdomadaire « Oskolki » (Fragments) de Saint Petersburg montrent un observateur aigu, comme dans ce grand reportage sur une tournée de Sarah Bernard à Moscou. On voit pour qui et contre quoi Tchekhov prenait position. L'acuité de son jugement n'a pas changé quand, plus tard, il s'agissait de ses propres pièces et de leurs mises en scène. On peut y apprendre beaucoup et surtout que les acteurs revêtent pour lui une importance capitale.
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