"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Appelle-moi Ange ou Angelotti, comme tu préfères ».
L'autre essaie de sourire.
« Moi, c'est P'tit Louis. Tout le monde m'appelle comme ça. Même mes bourreaux... ».
Ange et P'tit Louis sentent qu'ils se ressemblent. Un même désir de vivre. Une même volonté´ de ne pas abdiquer devant les pourris, les corrompus, les lâches. Cette secrète harmonie les réunit, sans un mot, et la nuit s'écoule. Sept Juifs et deux résistants raflés par la milice de Paul Touvier attendent la mort dans un placard au siège de la milice à Lyon. Parmi eux, un homme chante Tosca, l'opéra de Puccini, l'air de celui qui va mourir à l'aube.
Avec ce court roman, implacable et troublant, Murielle Szac nous livre un huis clos sur le fil du rasoir entre résistance et liberté. Un texte édifiant sur l'antisémitisme de la milice française en 1944 qui résonne fortement aujourd'hui.
Tosca est une histoire de résistance, de liberté et de courage, une fiction bâtie sur des témoignages qui fait résonner dans nos mémoires la nuit tragique du 28 juin 1944. En représailles de la mort de Philippe Henriot, ministre de Pétain abattu par la Résistance, la milice de Paul Touvier rafle au hasard 7 hommes juifs et 2 résistants.
Les arrestations brutales de ces hommes dénoncés à la milice se succèdent et ce sont les dernières heures qu'ils partagent que l’on découvre. Des heures faites de terreurs, d'incompréhension, de souvenirs, de rêves, de silences. Des hommes qui ne se connaissent pas, enfermés dans un placard à balais servant de cachot, au siège de la milice à Lyon. Des hommes humiliés, torturés, qui se retrouvent le temps d’«une nuit d’encre et de sang» dans l’antichambre de la mort.
Alors que la nuit s’enfuit à peine, sept seront exécutés sans autre forme de procès devant le mur du cimetière de Rillieux, par vengeance, parce qu'ils étaient Juifs. Sur les corps abandonnés, un carton avec un nom sauf pour l’un d’entre eux. Pour celui qui, du fond de ce cachot exiguë, au cœur des ténèbres, chantait Tosca, l’air d’opéra de celui qui doit mourir à l’aube, comme pour tenter de conjurer le destin.
Au fil des années, Murielle Szac n’a eu de cesse de redonner à cet «inconnu de Rillieux» au destin brisé, une identité, à partir d'indices trouvés au cours de ses recherches. Un nom lié aux souvenirs d’un rescapé émerge. Un nom à inscrire dans l'éternité aux côtés de ses compagnons d'infortune grâce à l’opéra de Puccini et aux pouvoirs de la littérature. Ange. Angelotti.
Dans ce huis-clos oppressant et douloureux, en trois actes, arrestations, tortures, exécutions, comme dans l'opéra Tosca, Murielle Szac réveille de manière implacable les heures sombres de l’Histoire. Elle interroge les choix que certains ont fait, entrer en Résistance ou tomber dans la collaboration. Et nous donne à lire un texte essentiel pour ne pas oublier ces hommes et ces femmes victimes de la milice française à Lyon, pourtant capitale de la Résistance mais asphyxiée par la pression nazie. Tous ces hommes et ces femmes animés du désir de vivre, épris de liberté mais victimes de manière injuste et cruelle de la haine, de l'antisémitisme.
Un texte superbe et fort qui se dresse contre la barbarie et dit combien Résistance et Liberté sont des valeurs qui résonnent plus que jamais dans l'actualité.
Tosca a eu la Mention spéciale du Prix Montluc Résistance et Liberté 2024.
Parce que j’aime beaucoup les éditions Emmanuelle Colas, parce que Murielle Szac est invitée à la Comédie du Livre de Montpellier et que je souhaite la rencontrer, je n’ai pas résisté au plaisir de me procurer son dernier roman "Tosca" et ce plaisir s’est renforcé à sa lecture. J’ai beaucoup aimé, même si…
Même si, pour une fois, j’aurais souhaité qu’il soit un peu plus long, qu’il nous en dise encore plus sur les personnages de ce terrible huis clos, ce roman historique est magnifique. Nous sommes en 1944, à Lyon, et la milice de Paul Touvier vient de rafler neuf hommes : deux sont résistants, les sept autres ont été arrêtés parce qu’ils sont juifs. Ils sont, tour à tour, jetés dans une sorte de tout petit placard à balais. Au petit matin, sept d’entre eux seront fusillés contre le mur du cimetière de Rillieux-la-Pape. L’auteure s’est inspirée d’un abominable fait réel pour redonner parole à ces martyrs, victimes de la folie humaine. Elle nous permet aussi de nous poser des questions essentielles encore valables aujourd’hui, et de plus en plus ces derniers temps : pourquoi certains choisissent la clandestinité et la Résistance et d’autres la collaboration.
L’écriture est délicate, élégante, touchante. Elle sert discrètement les propos des protagonistes qui, le temps d’une nuit, se racontent, se présentent, se taisent aussi. La musique, qui accompagne le récit apporte une note supplémentaire et cet "Ange" – en référence à Angelotti personnage de Tosca, le fameux opéra de Puccini – allège, un instant, la tension qui règne dans les lieux. J’ai particulièrement aimé le personnage de Léo Glaser, un sage, qui ne juge pas "Ne juge pas si vite… Pour sauver sa peau, on est parfois prêt à n’importe quoi." Mais chacun a le droit à la parole et ce roman permet de les faire revivre. Il m’a rappelé les propos de ma mère, témoin de la rafle du fils d’un couple d’amis juifs et chargée de les embrasser de sa part. Ce roman est aussi un hommage pour lui et tous les autres.
Choisir un inconnu – car on ne connaîtra pas le nom de cet "Ange" – en guise de fil rouge – est très fort car il peut représenter chacun de ceux qui ont payé de leur vie leur courage ou leur foi.
"Tosca" est un roman porteur d’émotion, de honte et hélas d’actualité. Un très beau roman.
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Après « Eleftheria », qui se déroulait en Crète, Murielle Szac continue son exploration des crimes antisémites commis lors de la Seconde Guerre Mondiale, en s’emparant d’un fait historique survenu à Lyon en Juin 1944.
Neuf hommes sont arrêtés en ville. Ils ne se connaissent pas, ils n’ont d’ailleurs pas été raflés pour les mêmes raisons. Deux, Maurice Abélard et Louis Goudard, sont résistants. Sept – Léo Glaeser, Émile Zeizig, Claude Ben Zimra, Maurice Schlisselman, Louis Krzyzkowski, Siegfried Prock et un jeune homme dont on ignore le nom – sont juifs, même si Léo Glaeser était en réalité également résistant, et à l’origine du Comité Amelot. Ces hommes aux origines, âges, milieux sociaux différents, arrêtés par la Milice dirigée par Paul Touvier, vont se retrouver dans la même cellule.
Murielle Szac leur redonne un corps, une voix, une âme, dans ce court roman polyphonique au sein du huis clos de la prison. Le « Tosca » du titre, c’est l’opéra que chante l’inconnu du groupe, celui qui refuse de partager son nom, et qui est le fil conducteur du roman. Tosca, une histoire de trahison, de condamnation à mort, de suicide aussi, qui fait écho aux événements racontés.
C’est un très beau livre, à l’écriture émouvante et élégante, qui réhumanise les victimes, et qui rappelle la responsabilité des Français dans cette affaire, que ce soit ceux qui ont dénoncé, ceux qui ont arrêté, ceux qui ont torturé, ceux qui ont mis à mort, par appât du gain, ou antisémitisme.
La postface de Murielle Szac est particulièrement intéressante. L’affaire des assassinats antisémites de Rillieux la hante depuis des décennies, et notamment l’identité de la victime anonyme, sur laquelle elle a longuement enquêté. Il est d’ailleurs terrible de penser que 80 ans plus tard, ce jeune homme n’a toujours pas été identifié…ce qui veut dire que personne ne semble l’avoir activement recherché, ce qui laisse à penser que tout son entourage, ceux qui le connaissaient et tenaient à lui, a été également décimé.
Un roman profond, poignant, lourd de sens. A lire !
Ils étaient neuf dans une pièce pas plus grande qu’un placard.
Ils étaient neuf hommes, conduits ici par la milice de Paul Touvier, à Lyon, en 1944.
Ils étaient sept juifs et deux résistants.
Ils étaient, battus, torturés, enfermés ensemble. Chaque corps n’était plus qu’une plaie, une douleur insoutenable.
Ils étaient neuf à attendre la mort, en parlant de leurs bourreaux, de leur vie.
Et un chantait, l’air de la Tosca, l’opéra en trois actes de Puccini, l’opéra d’un homme qui mourra à l’aube. Il ne donnera pas son nom.
Murielle Szac nous dévoile ici un court roman, fort, troublant et historique, sur l’antisémitisme de la milice française pendant l’occupation.
C’est un roman dont les thèmes résonnent fortement aujourd’hui, un huis clos qui ferait une excellente pièce de théâtre, un texte poignant qui nous rappelle notre devoir de vigilance.
Ce texte se termine par des notes de l’auteure qui accentuent sa valeur et sa profondeur, qui nous expliquent son lien avec ces hommes, ces fusillés de Rillieux.
Un gros coup de cœur pour ce roman nécessaire pour ne pas oublier Tosca, cet anonyme, et leur courage à tous. Je me suis donc rendue sur place, là où ils ont respiré pour la dernière fois, de l’autre côté du mur du cimetière de Rillieux.
Juin 1944... Ange et P'tit Louis sont les premiers à être jetés dans un réduit de cinq mètres de long sur moins d’un mètre de large, au siège de la milice de Lyon. Au début ils se méfient l’un de l’autre, ne se parlant pas. Au fil des heures, ils sont sept juifs et deux résistants, tous raflés par les hommes de Paul Touvier et Klaus Barbie. Un milicien vient en chercher un pour un interrogatoire dont il revient bien amoché... Peu à peu, dans leur prison, les langues se délient, mettant à jour leurs histoires, leurs caractères. Certains sont dans la lutte contre l’occupant, d’autres ne comprennent pas pourquoi ils ont été arrêtés. Tous ont terriblement peur. Parmi eux, Ange chante Tosca, l'opéra de Puccini, l'air de celui qui va mourir à l'aube.
« Appelle-moi Ange ou Angelotti, comme tu préfères ».
L'autre essaie de sourire.
« Moi, c'est P'tit Louis. Tout le monde m'appelle comme ça. Même mes bourreaux... ».
On assiste à un huis clos étouffant d’hommes réunis par un même destin, soumis aux forces criminelles et génocidaires de l’occupant nazi, assisté par la police française. J’ai pensé à une pièce de théâtre avec présentation habile des protagonistes jetés successivement dans ce réduit. Il y a Léo Glaeser, homme d’âge mûr, secrétaire général du comité de défense juive ; Louis Krzyzkowski et Claude Ben Zimra, trahis, raflés dans un bouchon lyonnais ; Maurice Schlusselman, maroquinier de son métier ; Émile Zeizig, bonnetier qui fait encore confiance au vieux maréchal ; Siegried Prock, réfugié autrichien caché depuis 10 ans ; P’tit Louis et Maurice Abélard, deux jeunes résistants et Ange, le tout jeune homme qui chante des airs de Tosca. Ce sont des hommes très dissemblables : courageux ou pas, engagés dans la résistance ou pas, très jeunes pour la plupart, comme leurs bourreaux.
« Le regard de Zeizig fait alors le tour de la pièce, dévisageant d’un air soupçonneux ses compagnons :
- Moi je ne me mêle pas ni de marché noir, ni d’aucun autre trafic. Je ne fricote pas avec les gaullistes non plus, ni les communistes. »
Cette histoire a réellement eu lieu à Lyon en juin 1944. Sept juifs et deux résistants ont été raflés par la milice. Les sept juifs ne savent pas qu’ils vont être fusillés au matin suivant en représailles à l’assassinat de Philippe Henriot par la Résistance. A côté de chaque cadavre a été posé un carton avec le nom, sauf pour un dont on ne connaît toujours pas l’identité. Murielle Szac dit en postface que cela fait trente ans qu’elle y pense, alors qu’elle assistait, en tant que journaliste, au procès de Paul Touvier. En 2019, elle prend la décision d’arrêter ses recherches et de passer par la fiction pour redonner un nom à ce fusillé anonyme. Elle va l’appeler Ange et ainsi, avec les huit autres, enfermés dans ce placard à balai pendant cette nuit d’horreur, les sortir de l’oubli ! « Nuit d’encre et de sang », répété, chanté par Ange.
« Ange et Léo discutent à mi-voix.
- Mon préféré, c’est Puccini et son Tosca bien sûr… Quel panache ce chevalier Cavaradossi lorsqu’il refuse de trahir Angelotti. Il ne parle pas, même sous la torture ! Chuchote l’un. »
Le Tosca de Murielle Szac est une œuvre forte, sorte de tragédie moderne portée par le parallèle avec l’opéra de Puccini, un projet qu’elle a longuement mûri afin de transmettre la mémoire, qu’on ne puisse pas dire « je ne savais pas ». Ange par son chant, sort ces hommes de leur misérable condition de victimes des nazis et de la collaboration française.
Les derniers témoins disparaissent, le récit des procès de Paul Touvier et de Klaus Barbie reste difficile d’accès, notamment pour les nouvelles générations. Murielle Szac tente le pari d’une passation de pouvoir à la littérature, à l’art pour défier l’oubli dû au temps et élever au mythe le martyre de ces hommes. On a vu ce que cela avait fonctionné pour le groupe Manouchian dont l’affiche rouge a été retournée contre les bourreaux grâce au poème de Louis Aragon et à la chanson de Léo Ferret. La proximité d’émotion que permet la fiction est bien utile, permettant à l’autrice de transformer le récit historique en une œuvre magistrale, relais important pour entretenir l’indispensable souvenir. J’ai lu récemment que les bourreaux se moquent bien de l’art mais c’est une arme parmi d’autres et chaque parcelle d’humanité défendue va dans la bonne direction. Le travail de mémoire est toujours œuvre utile. C’est un livre à lire absolument, notamment dans les écoles car par sa forme il peut toucher les jeunes.
« Ange chante et son chant coule, fleuve rebelle et sauvage »…« Sa voix s’élève chaude et limpide. Elle porte en elle la douceur de l’amour et la douleur de la séparation. Elle apaise les blessures et attise l’espoir. Mais quand sa voix enfle, elle serre les âmes et fait frisonner les cœurs. Elle raconte les brûlures de l’Histoire et la violence d’un pays en proie à la sauvagerie. Elle dit le combat jamais fini contre les ténèbres et la peur qui envahit chaque pore de la peau. »
Tosca est l’histoire vraie d’un juif inconnu fusillé en banlieue lyonnaise en juin 1944 avec six autres hommes en représailles à l’assassinat de Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à la propagande. Le seul indice pour l’identifier est qu’il chante la Tosca de Puccini.
Le livre s’ouvre sur les arrestations séparées de neufs hommes juif et/ou résistants. Tous vont se retrouver enfermés une nuit dans une minuscule cellule de 6 mètres carrés. Ils vont partager l’innommable, leurs interrogations, leurs peurs et leurs humiliations.
Murielle Szac nous plonge dans l’horreur de la barbarie des miliciens pour qui massacrer et déchiqueter un homme est jouissif. Trahisons, pillages s’ajoutent aux odeurs de sang et de mort. Comment ne pas trembler d’effroi lorsque l’on croise Paul Touvier mais la souffrance des prisonniers est au-delà de la peur.
Murielle Szac a voulu redonner vie à cet homme toujours inconnu. L’opéra de Puccini est un miroir cruel de cet épisode dont on connait la fin. Tosca est un magnifique hommage aux victimes de la barbarie nazie et du zèle de la milice.
Un livre bouleversant et vibrant qui explore un passé douloureux.
Il s’agit du deuxième roman de Murielle Szac publié aux éditions Emmanuelle Collas.
Le 28 juin 1944, sept hommes Juifs sont raflés et se retrouvent enfermés le temps d’une nuit dans un placard à balai qui sert de cellule à la milice de Paul Touvier à Lyon. Le destin les réunit pour venger la mort de Philippe Henriot.
Ce court et poignant roman est basé sur une histoire réelle qui obsède l’autrice depuis de nombreuses années. Elle a été journaliste et a couvert le procès de Paul Touvier en 1994. Elle a voulu par la fiction redonner vie à l’un de ces 7 prisonniers dont l’identité reste inconnue à e jour. Après de multiples fausses pistes et des évocations dans des poèmes, elle a suivi les conseils de Bruno Doucey et a choisi la fiction pour terminer cette histoire.
Dans un véritable huis clos, elle retranscrit les émotions de chacun, qu’il soit résistant ou simplement arrêté à cause de son identité. Leur relation évolue au fil de la nuit. D’abord méfiants, ils s’ouvrent peu à peu aux autres. P’tit Louis est mal en point après avoir subi des tortures en tant que résistant. Il tient bon, ne veut pas trahir ses camarades. D’autres ne comprennent pas leur arrestation, ils sont des citoyens respectables et qui respectent les lois. Ils sont tous Français, les prisonniers et les geôliers. Et puis une voix s’élève, celle d’Ange qui chante un air d’opéra Tosca, « le chant de celui qui va mourir à l’aube », moment suspendu dans cette cellule.
Un roman en 3 actes, comme l’opéra de Puccini. Qui montre comment en une nuit une vie peut basculer à cause de l’antisémitisme.
Un roman où le lecteur sent l’odeur de la peur et celle de la mort. Comment rester digne alors qu’on se sait condamné ? Comment aurais-je réagi à leur place ?
Un roman contre le racisme et la violence, qui résonne malheureusement fort dans notre monde actuel où « la littérature est un rempart contre la barbarie » (Emmanuelle Collas).
Un roman essentiel.
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