"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Venue au monde sous une bordée d'injures, Janie Ryan file une jeunesse âpre dans l'Écosse en crise des 80's. De refuges en HLM minables, entre une famille aussi fêlée qu'aimante, l'alcool, les fins de mois à sec et les beaux-pères éclairs, elle se raconte. Et se construit : armée d'un humour féroce et d'une rage d'en découdre, Janie rêve d'une vie à elle, et elle l'aura. Un fabuleux portrait de femme(s), et d'une époque à vif, rythmé par une langue insolente.
Dans ce texte semi-autobiographique maintes fois primé, Kerry Hudson réussit l'exploit de transformer une enfance chaotique en un premier roman nerveux, vif, aux dialogues crus, férocement drôles ou tendres. Fascinant.
Elle Traduit de l'anglais (Écosse) par Florence Lévy-Paolini
Tony Hogan..., c'est l'Ecosse des barres d'immeuble, celle qui a été laissée de côté à Glasgow par la désindustrialisation et l'avènement de l'ère intello-hipster de la ville, menée par les universités et le secteur du tourisme. Cette Ecosse là regarde le temps passer avec un mélange de lassitude face à son non avenir économique et de fureur de vivre d'une jeunesse biberonnée aux success stories de la téléréalité. Cette Ecosse là boit et se drogue en quête d'expériences et d'évasion.
Tony Hogan... raconte brillamment, avec finesse et humour, cette Ecosse. L'oeuvre la décrit comme un tableau vivant, la réalité qu'elle est, et non comme une cause devant susciter pitié et émotion (comme le font les quelques oeuvres que je connais traitant du sujet). Et par cela, Tony Hogan... montre la force touchante des jeunes de ce milieu, en quête d'une histoire ou d'une origine, et d'un avenir possible.
Enfance misérable mais illuminée par l'amour maternel
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Connaissez-vous la série TV anglaise Shameless ? Cette série qui raconte le quotidien d'une famille de loosers dans une banlieue anglaise. Ici, vous avez le pendant littéraire.
Une réalité sociale bien marquée vue à travers l'enfance et adolescence de Janie (personnage de fiction mais fortement inspirée par la vie de l'auteure). Et ce témoignage se ressent très bien dans ces détails. De plus, la période des années 80/90 est comme un souffle de nostalgie à travers la musique, la mode vestimentaire.
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La voix est celle de Janie à la naissance. Le fil se déroule de manière linéaire. Elle dépose là ses impressions, ses pensées brutes puis en grandissant, elle se rendra compte du dysfonctionnement de sa famille et combien la toxicité est immense. Un cercle vicieux qu'elle essayera de briser. Ne voulant surtout pas reproduire les travers de sa mère.
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Un ton à la fois violent et tendre se dégage de ce récit. Il prend à la gorge, il émeut. La précarité de cette famille nucléaire est immense, l'insécurité plane à chaque moment de la vie de Janie. Violence conjugale, malnutrition (plutot malbouffe), incurie, puis plus tard la délinquance juvénile. Tels sont les thèmes forts qui marquent.
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Mais il y a aussi tout cet amour vache entre une mère et sa fille. C'est vraiment poignant !
Un roman d'apprentissage au ton cynique que je vous recommande uniquement si vous avez le moral au beau fixe.
Si vous aimez les titres à rallonges et les films de Ken Loach, voilà un livre pour vous !
Janie Ryan vient au monde au milieu des cris, de la fumée des cigarettes et des vapeurs d'alcool.
La narratrice c'est ce bébé, cette enfant puis cette adolescente qui nous raconte sa jeunesse écossaise, de centres d'accueil en HLM minables et autres bed and break-fasts douteux... Janie grandie à côté d'une mère paumée, qui alterne les périodes de déprime, de colère, d'ivresse...Alcool, drogue, fins de mois difficiles et beaux-pères de passage : la loose totale et constante.
Un vrai roman social mais pas larmoyant car Kerry Hudson réussit le tour de force de nous raconter cette sale histoire du point de vue et avec les mots d'une enfant.
La dernière partie est néanmoins plus rude car la narratrice est alors adolescente et comprend toute la misère de cette vie.
Beaucoup de gros mots mais aussi beaucoup d'amour.
Le roman s’ouvre sur la naissance de Janie, fille d’Iris, en plein cœur des années 80. Nous suivons, page après page, le parcours de cette enfant, devenant adolescente puis petit bout de femme. Le récit a la particularité de donner voix au personnage principal dès la sortie du ventre maternel. « Sors de là, putain de foutue petite morveuse ! » furent les premiers mots que j’entendis de ma vie. »
Iris tombe enceinte et accouche de sa fille alors qu’elle n’a même pas vingt ans et peu de monde sur qui compter : une mère qui passe son temps à jouer au bingo et à boire, un frère qui devient vite accro à l’héro. Des petits copains violents.
Janie décrit le monde qui l’entoure avec ses propres mots, innocents. Cette voix d’enfant est tour à tour naïve, lucide, et aussi terriblement drôle. Elle décrit sa mère qui boit, et qui passe ses journées à dormir sous une montagne de draps. Elle décrit la mort aussi.
On se prend d’une réelle affinité pour Janie, petite fille potelée, qui dès qu’elle sait parler, n’a pas sa langue dans sa poche et a un caractère bien trempé. On assiste à des dialogues et des scènes vraiment cocasses alors que le contexte ne prête pas à rire : déménagements de HLM miteux en foyers, fins de mois difficiles, misère, drogue, alcool, violence, mère et fille vont tout côtoyer.
Ce livre est une belle claque. C’est simple, je suis passée par tous les états durant ma lecture : larmes, sourires, rires, effroi, colère. On sent la douleur sous couvert de ce regard d’enfant qui grandit avec cette détermination : ne pas ressembler à sa propre mère. La relation mère-fille est touchante, car malgré toutes les incertitudes, les impasses et les obstacles, l’amour maternel reste intact.
C’est pour moi un roman étonnamment puissant et une très belle lecture que je n’oublierai pas de sitôt.
Janie Ryan nous raconte sa vie en Ecosse de sa naissance à l’âge adulte. Propulsée dans un monde d’injures et d’alcool, elle vit avec sa mère qui cumule plusieurs aventures avec des hommes qui ont raté leurs vies : alcooliques, violents, chômeurs… Chaque lundi, elles vont récupérer l’argent de l’aide sociale à la Poste, jour de fête et de bonne nourriture. Les fins de semaine sont plus difficiles. Il faut rivaliser d’ingéniosité pour nourrir la petite famille. Centres d’accueil, HLM douteux, quartiers minables… Janie se bat pour réussir sa vie et la mener comme elle l’entend avec l’image de ce père absent, inconnu et idéalisé.
Une vie difficile, racontée avec humour. On découvre comment une enfant peut être très vite façonnée par son environnement sans même s’en rendre compte.
Premier roman.
livre décalé, original; j'ai bien aimé
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