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Les définitions que les premiers dictionnaires donnent du portrait sont simples : une image de l'homme «au naturel». Cette simplicité n'est pourtant qu'apparente. Dès le début du XV? siècle, le portrait devient l'objet d'une littérature abondante et contradictoire. En Italie, puis ailleurs, ces controverses vont durer jusqu'à la fin du XVIII? siècle. D'un côté, on exalte sa valeur mémoriale ou mimétique. De l'autre, on en critique les finalités, qu'elles soient d'ordre social, philosophique, moral ou religieux. Édouard Pommier exhume ici des textes souvent méconnus et dispersés dans des traités techniques ou historiques, des correspondances, des poèmes. Il replace les débats théoriques, parfois virulents, dans leur environnement artistique, intellectuel et institutionnel, mettant ainsi en relief le fait que le portrait n'a jamais été un genre de peinture parmi d'autres, mais qu'il engage toute une philosophie de l'individu. En France, au XVII? siècle, l'Académie adopte une hiérarchie des genres qui relègue officiellement le portraitiste à une place inférieure à celle du peintre d'histoire. Mais cette interprétation rigide des réflexions italiennes sera modérée, en fait, par une attention plus grande au métier et une sensibilité plus vive aux qualités proprement picturales. Avec l'érosion du système académique des genres au siècle des Lumières, le portrait gagne une nouvelle dignité et même une vertu magique.
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