"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comme souvent dans les récits de David Grann, un homme est dévoré par son idéal.
Ce personnage d'un autre temps se nomme Henry Worsley. The White Darkness raconte son extraordinaire histoire. Celle d'un militaire britannique fasciné par l'exemple d'Ernest Shackleton (1874-1922) et par ses expéditions polaires ; un homme excentrique, généreux, d'une volonté exceptionnelle, qui réussira ce que Shackleton avait raté un siècle plus tôt : relier à pied une extrémité du continent à l'autre. Une fois à la retraite, il tentera d'aller encore plus loin en traversant l'Antarctique seul, sans assistance, au péril de sa vie. Le récit magnifique d'un homme animé par une quête d'impossible.
Journaliste au New Yorker, David Grann est l'auteur de La Cité perdue de Z et Le Diable et Sherlock Holmes, disponibles chez Points.
J’ai adoré ! Nous suivons Henry WORSLEY qui s’est passionné pour les expéditions polaires de Ernest Shackleton. Il y pensera toute sa vie, en fera une philosophie de vie, en tirera des apprentissages. Puis il décidera de réitérer les expéditions de son héros à 2 reprises: l’une à 3 puis la seconde en solitaire. C’est ce que raconte ce livre.
Quel homme, quel courage , c’est un homme de passion avec beaucoup de cordes à son acte. Il donne des ailes !
En 2015, Henry Worsley, ancien officier de l’armée britannique, entreprend à cinquante-cinq ans la traversée pédestre de l’Antarctique, en solitaire et sans assistance. Ce n’est pas sa première expédition polaire, puisque, depuis toujours fasciné par Ernest Shackleton, il avait déjà relié à pied les deux extrémités du continent, en équipe, menant à bien ce que son prédécesseur n’avait pu terminer cent ans plus tôt. Réussira-t-il ce nouvel exploit que les plus grands spécialistes jugent inouï ?
A pied, sans ravitaillement en cours de route, sans chiens ni voile pour l’aider à tirer son traîneau sur les plus de mille six cents kilomètres de son périple, Henry Worsley part pour ce qu’il estime quatre-vingts jours d’épreuves, au travers d’un désert où les températures peuvent atteindre moins soixante degrés, les vents trois cent vingt kilomètres à l’heure, et où l’altitude moyenne de deux mille trois cents mètres s’accompagne de dénivelés abrupts parsemés de dangereuses et traîtresses crevasses. Y sévissent de terrifiants épisodes de whiteout, lorsque l’absence totale de visibilité dans un univers uniformément blanc fait perdre tout repère et jusqu’au sens-même de l‘équilibre. Survivre dans un tel environnement exige une condition physique, un mental et des capacités hors normes. Ce dont notre homme dispose comme personne…
Accompagné d'appréciables photographies, le récit embraye directement au plus profond de l’aventure, instituant dès le début une tension qui ne va pas lâcher le lecteur. Henry Worsley est parvenu aux trois quarts de son trajet et, épuisé, il doute. Doit-il s’entêter ou rester fidèle à cette phrase qui a sauvé son cher Shackleton plusieurs fois : “Mieux vaut un âne vivant qu’un lion mort” ? La réponse attendra la fin du livre, le temps d’un arrêt sur image et d’un long flash-back, qui vont nous permettre de comprendre l’obsession d’Henry pour son héros, l’influence de ce dernier sur toute sa vie et sa carrière, et son inextinguible besoin de dépassement de soi. Ce sont ainsi deux fascinants aventuriers, séparés d’un siècle, que le récit nous fait rencontrer, dans une narration fascinante qui fait la part belle à leurs extraordinaires personnalités, autant qu’aux incroyables rebonds de leurs destins. Plongé depuis son fauteuil dans l’aventure la plus extrême, la plus dépaysante et souvent la plus étonnante, le lecteur captivé en prend plein les yeux. Il ne peut que frémir face au niveau d’engagement de ces hommes, constamment à la limite du point de rupture, et que leurs incursions répétées dans la zone rouge du danger exposent à l’inéluctable.
Les ultimes rebondissements du périple d’Henry Worsley ne seront finalement pas ceux auxquels, ni lui-même, ni le lecteur, pouvaient s’attendre. Après la trépidation et les sensations de l’aventure par procuration, ce dernier n’échappera pas à l’émotion et restera songeur face à la puissance de certains destins. Coup de coeur.
“Tout le monde a son Antarctique” - Thomas Pynchon
J’ai l’âme aussi aventureuse que celle d’un Hobbit mais les exploits de Worsley racontés par l'excellent David Grann, maitre de la non fiction américaine, c’est quand même un sacré beau voyage.
« The White Darkness » c’est l'histoire vraie de Henry Worsley, officier britannique, obsédé par l'Antarctique et par le légendaire Ernest Shackleton, considéré comme l’un des premiers grands explorateurs du monde polaire au 19ème. Son héroïsme et son courage ont marqué des générations d’aventuriers. Pourtant ses expéditions ne furent pas couronnées de succès mais ce perdant magnifique, est reconnu pour être celui qui fit passer le salut de ses équipiers avant ses ambitions personnelles, au péril de sa vie. Worsley idolâtrait cet homme au point de modeler son commandement militaire sur les compétences légendaires de ce leader.
Déterminé à mesurer ses propres pouvoirs d'endurance, à se frotter au mythe, à réussir là où Shackleton avait échoué, Worsley part une première fois en Antarctique. En 2008, avec deux descendants de l'équipage de Shackleton, il traverse à pied l'Antarctique. Mais il n’en restera pas là. Novembre 2015, à 55 ans, il fait ses adieux à sa famille et se lance dans un projet totalement fou: traverser l'Antarctique seul. Personne à qui parler, personne sur qui compter en cas d’accident, aucun ravitaillement, pas de chien pour l’aider à tirer son traineau. Dans un paysage glacial et désolé, il ira jusqu’au bout de l'épuisement physique.
Je pense que le commun des mortels (dont je fais partie) ne peux absolument pas comprendre ce qui pousse quelqu’un à se lancer dans des défis de ce genre. Pour s'exposer ainsi aux risques, il faut obligatoirement être complétement fou. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’admirer ces obstinés, d’être ébloui pour ces intrépides. A travers eux, on expérimente des existences, on touche l’exploit, on dépasse un peu notre simple condition.
David Grann a bien compris la fascination que les grands explorateurs susciteront toujours. Comme en plus il sait particulièrement bien raconter les histoires, il est difficile de ne pas lire ce court récit en quelques heures. Sobre, efficace, sans jamais être sec, le journaliste embarque son lecteur en deux temps, trois mouvements. Quelques cartes, pour bien situer les expéditions, quelques photos pour bien graver sur sa rétine la tête de ces hommes extraordinaires et l’aventure commence.
Traduit par Johan-Frédérik Hel Guedj
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