Elle triait minutieusement les cartes, les arrangeant les unes après les autres, leur donnant un sens, une histoire, le message qu'elle savait devoir leur donner. Elle sourit à son reflet dans la boule de cristal. Non, elle n'altérait pas la vérité, murmura-t-elle à la douce protestation de son visage déformé par le verre, elle se contentait de l'aider. Elle ne trompait pas ses clients mais les aidait. Elle savait qu'elle n'avait pas le Don. Elle ne l'avait jamais eu et n'avait jamais essayé de se leurrer ou de tromper qui que ce soit en prétendant l'avoir. Même son annonce dans la presse n'était pas un mensonge : « Vous avez besoin d'aide, de conseils sur votre avenir ? Consultez Esméralda et ses merveilleuses cartes. » Le merveilleux était peut-être de trop mais il attirait les clients. Elle ne mentait même pas sur son nom. Il faut dire qu'en la baptisant ainsi ses parents l'avaient prédestinée à faire ce métier, plaisanta-t-elle en silence.
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