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Au début des années 1980, deux groupes New-Yorkais vont permettre au courant no wave de prendre un nouveau tournant : Sonic Youth et Swans. Si les premiers auront su s'imposer avec le temps comme des piliers du rock indépendant américain, les seconds, réunis autour de l'imposant Michael Gira, auront mené une carrière parsemée d'albums d'exceptions et d'échecs commerciaux retentissants.
Swans et le dépassement de soi retrace le parcours hors-normes de Michael Gira et de ses collaborateurs, de leurs débuts bruitistes d'une radicalité outrancière à leur reformation en 2010. Aujourd'hui, avec une musique à la portée chamanique, faite de boucles sonores obsédantes, ils sont plus que jamais portés aux nues par la critique musicale pour l'exigence de leur recherche esthétique.
Entre analyse musicale et récit historique, ce livre nous plonge dans la scène musicale du New York d'après la déferlante punk afin de comprendre la quête sonore de ces musiciens pour qui la beauté ne se résume pas à une jolie mélodie.
Le sujet abordé par ce livre, je crois pouvoir dire que je ne le connais pas trop mal, puisque Swans sont mes compagnons depuis 1985, que je les ai vus en concert en 1989 à Reading, en 1997 à Villeurbanne, en 2010 à Valence, en 2012 à Paris (sans boules Quiès mais j'aurais dû...) et finalement en 2015 à Nîmes. Cette remarque liminaire faite, à l'annonce de ce livre de M. Fogel, je me réjouis véritablement, tout en ne comprenant pas parallèlement que Télérama n'ait cru bon d'émettre aucune critique sur les albums successivement sortis depuis la reformation de Swans en 2010 (il faut dire que globalement, le versant musical de la partie Critique de mon journal culturel préféré souffre depuis bien des années déjà d'une grave maladie nommée "worldisation" venant surenchérir sur les symptômes de la jazzite aiguë...).
Bref, j'étais ravi.
Après la lecture, un peu moins.
Le style n'évite pas les afféteries, les lourdeurs de vocabulaire (abus de qualificatifs tels que "malsain" ou de métaphores censées suggérer l’écœurement...).
L'auteur se livre à l'exercice un peu puéril de la discographie choisie, laquelle de surcroît phagocyte littéralement la substantifique moelle des Swans, à savoir le live (Public castration is a good idea ou Swans are dead, par exemple), ainsi que le meilleur (et probablement le seul bon) album d'Angels of Light, à savoir We are him et son ultime Star Chaser. Probablement cette faiblesse est-elle due au fait que, l'auteur le reconnaissant lui-même d'ailleurs, il n'a jamais vu un concert des Swans.
Sur les influences musicales de M. Gira, j'ai été interloqué en constatant que l'auteur ne retenait pas deux points majeurs, selon Michael lui-même avec qui j'en discutais personnellement à Paris en 2012 : Joy Division (Michael parle d'Atrocity Exhibition en live comme d'une référence essentielle en matière d'investissement sonore et de don de soi) et, toujours sur le fil d'une musique répétitive sans mélodie, le compositeur polonais Henryk Górecki, plus encore qu'Arvo Pärt.
J'en ai terminé avec les reproches de mon approche critique, mais il convient bien ici de souligner tout le travail d'archiviste de M. Fogel (j'ai appris dans ce livre une foule d'anecdotes inconnues jusqu'alors, de renseignements sur la jeunesse de M. Gira) ainsi que son manifeste amour des Swans, ce qui est en soi une qualité première ! Merci à lui donc, et qu'il me pardonne de la sévérité de mon avis.
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