"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Wyatt était le plus prometteur de la fratrie Calloway. Il avait une femme, un gamin, un diplôme. Pas comme ses frères, Travis et Badger, qui se tuent à la tâche dans l'usine de tri des algues invasives de Shebkirk, un coin perdu de l'Écosse menacé par des mégamarées cataclysmiques. Wyatt n'aurait pas dû mourir. C'est injuste, inacceptable. Incompréhensible, surtout. La route était toute droite, il n'y avait personne. Mais il pleuvait et Wyatt avait bu une bière. Ç'avait suffit à la police pour conclure à une perte de contrôle. Mais pas à Travis. Quelque chose cloche, il en a le pressentiment, mais rien pour le prouver. Jusqu'au soir où il surprend une conversation entre des gars du coin. Il est question d'un concours de billard remporté de justesse grâce à Joseph, le mécano, qui aurait débarqué en retard et sauvé la mise à ses coéquipiers. Pas grand-chose a priori, mais Travis avait perçu ces derniers mois des tensions entre Joseph et son petit frère, et ce dernier avait perdu la vie précisément le soir de ce concours de billard. Pas grand-chose, mais la petite étincelle que Travis attendait pour démarrer la machine à embrouilles. Qu'est-ce qui avait mis en retard Joseph ?
Direction l'année 2045 au fin fond de l'Écosse pour découvrir le nouvel album d'Iwan Lepingle.
Ce récit d'anticipation nous plonge au sein d'un petit village de campagne subissant de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique.
Si chacun y mène sa barque comme il l'entend, ce qui débute presque comme un récit de vie classique va basculer dans le polar social quand Travis se décide à remuer le passé pour trouver des réponses.
J'ai pleinement apprécié la lecture de ce thriller. Grâce à une lente narration, l'auteur nous permet de nous familiariser à Shebkirk et ses habitants. Ainsi, découvrir certains protagonistes de manière plus intime rajoutera un intérêt certain à nos investigations.
Graphiquement, dans un style ligne claire, Iwan nous propose de belles planches où les teintes oranges et bleues se mélangent bien. Petit coup de cœur surtout pour les muettes et froides pourtant évocatrices.
En bref un polar social bien ficelé et visuellement très séduisant !
Wyatt est mort, et pour ses frères, c’est difficile de s’en remettre. Comment peut-on partir comme ça, sur la route, dans une ligne droite alors qu’il n’y avait personne ? Est-ce que le mauvais temps, et le verre de bière qu’il avait pris suffisent à expliquer ce drame ? Un jour, lors d’une conversation anodine, Travis entend un petit truc qui va venir gratter la plaie toute fraîche. Dès lors, plus moyen de le stopper, il est décidé à trouver le véritable responsable de la mort de son frangin quitte à se mettre tout le monde à dos.
Plantons le décor, nous sommes en 2045 dans un coin perdu de l’Écosse, les habitants ont été obligés de fuir le littoral à cause des mégamarées qui ont fini par engloutir le village. Le thème écologique est à la fois omniprésent, et en même temps très secondaire. Malgré le potentiel de cet environnement, le sujet est laissé de côté au profit d’une enquête plus classique.
Nous sommes dans un véritable polar avec à la tête de l’investigation, un homme en colère dont l’objectivité pourrait être remise en question. Chercher la vérité sur le décès de son jeune frère pourrait être vu comme une manière de faire son deuil, mais il y a aussi de vieilles rancœurs qui s’en mêlent, et cela donne un mélange assez détonnant. Nous sommes embarqués dans cette enquête, et même si certaines choses sont plutôt prévisibles, il y a quelques bonnes surprises.
Graphiquement j’ai apprécié les décors, les landes, les entrepôts désaffectés, les anciennes constructions abandonnées à la mer … tout ceci crée une ambiance particulièrement agréable à contempler.
Un drame social comme je les aime. Une situation qui semble simple à la base, et qui se révèle être plus emmêlé qu'une pelote de laine, à chaque fois qu'une révélation voit le jour.
Et même si le récit n'invente rien, il est très efficace, et nous invite à enchaîner les pages pour comprendre le fin mot de l'histoire.
Je n'ai jamais vraiment été surpris, mais comme je le dis, c'est tellement bien écrit que ça se dévore sans pause. On s'attache aux personnages, on se fait vite une idée sur qui est qui, et on avance dans ce cluedo à ciel ouvert qui se déroule dans une petite ville où "tout le monde se connaît".
Ajoutez à cela un dessin agréable et bien détaillé, qui arrive à nous donner la sensation de vivre dans Shebkirk, son port et son pub, et vous tenez un très bon thriller d'automne.
Travis et Badger, les frères Calloway, cultivent les algues dans un bâtiment de Shebkirk, délabré par les mega-marées, sur la côte Écossaise.
La mort récente de leur plus jeune frère, Wyatt, la fierté de la famille, entérine encore les tensions après que la pêche ait été interdite et que la petite ville ait été déplacée derrière une digue artificielle.
Badger, doux et compatissant, à de plus en plus de mal à contenir son frère, de plus en plus taciturne, vindicatif... et alcoolisé.
Ce dernier s'enfonce dans la certitude que la mort de Wyatt n'est pas accidentelle et semble avoir dans le colimateur Joseph, le garagiste du coin, connu pour ses petites escroqueries en tous genres.
Travis est rancunier, revêche, et d'une ténacité à toute épreuve, il va trouver quelque chose, c'est certain...
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C'est un plaisir de retrouver un album d'Iwan Lépingle après Esma qui m'avait beaucoup plu.
Ici, un drame / thriller psychologique sur fond d'écologie à l'ambiance lourde.
Cette petite ville de pêcheurs repoussée à l'intérieur des terres par l'océan qui les a toujours fait vivre, les rancœurs, les frustrations et les douleurs de chacun et ce deuil, terriblement injuste, qui alourdit au delà de la raison un cœur déjà meurtri.
La mer submerge les côtes tandis que la colère submerge l'esprit de ce frère qui n'accepte pas de laisser couler dans les eaux noires de l'oubli ce frère disparu.
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Graphiquement, Iwan Lépingle est reconnaissable entre mille. Ces architectures au cordeau, ces grands aplats de couleurs, ces teintes franches, récurrentes et ces visages coupés au couteau sont sa marque et me plaisent décidément beaucoup,et je ne me lasse pas de ses atmosphères nocturnes !
L'ambiance qu'il crée, surtout sur les pages les plus silencieuses, sont délectables et forment un tout avec ce récit sur fond de revanche très appréciable.
On aime détester certains travers et s'enfoncer avec Travis dans cette quête de vérité salvatrice, quitte à, comme la mer sur son passage, tout dévaster sans concession.
C'était la nuit. La route était toute droite. Il n'y avait personne. Pourtant, le jeune Wyatt Calloway s'est tué en voiture. Difficile à accepter pour ses deux frères Travis et Badger. Travis, surtout, il ressasse, il boit... Un soir, il a enfin la petite info qu'il attendait, celle qu'il fallait pour "démarrer la machine à embrouilles". Il est bien décidé à faire la lumière sur la mort de son frère.
Après "Esma" (Sarbacane, 2021), Iwan Lepingle est de retour avec un nouveau polar, qui est pour lui le moyen de traiter de sujets de société. Il place ici l'intrigue en Ecosse dans un futur assez proche. Les habitants, repoussés par les méga marées, ont été forcés de s'installer dans les terres. La pêche, industrie capitale, n'est plus possible et il faut trouver d'autres moyens pour vivre. C'est dans ce contexte que va se développer l'enquête de Travis.
Je retrouve avec plaisir le travail graphique d'Iwan Lepingle, déjà beaucoup apprécié dans Esma. J'aime cette ligne claire précise, aérée, très lisible grâce à un soin apporté à la typo et aux bulles. Malgré le contexte gris, le village abandonné à la mer, les habitants repoussés dans des bungalows puis des maisons lointaines, les pages restent colorées et lumineuses.
Dans un beau grand format, c'est un nouveau bon polar graphique que nous propose Iwan Lepingle chez Sarbacane. Il en profite pour aborder le sujet écologique et surtout pour questionner l'adaptation des hommes aux défis qui nous attendent.
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