Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
« Stardust est le premier roman que j'aie composé dans l'intention de le faire publier. Écrit il y a plus de vingt ans, il relate un moment marquant de ma vie, cette période au cours de laquelle je fus accueillie dans un centre de réinsertion et d'hébergement d'urgence du 19ème arrondissement de Paris. J'étais alors une jeune mère de 23 ans, sans domicile ni titre de séjour. Mon souhait était surtout de me pencher sur ma vie à l'intérieur de ce foyer, de me libérer des histoires, des visages qui, plusieurs années après, continuaient de me hanter.
De Stardust, il est impossible de parler comme de mes autres romans. Il s'en distingue par son caractère autobiographique mais aussi par son style.
Ce que l'on trouvera dans ce livre, au-delà des événements qu'il relate, ce sont les raisons pour lesquelles je vécus si longtemps en France où j'étais venue contre mon gré.
C'est en fréquentant la rudesse de ses marges que j'ai le plus intimement connu la France, sans qu'il lui soit possible d'en faire autant. À sa manière, Stardust évoque aussi l'impossible appartenance au groupe, le recours impératif à la création littéraire, artistique, pour tenter d'entrer en relation. ».
L.M.
Elle en a du courage, Louise, qui a quitté la chambre d’hôtel dans laquelle elle vivotait avec son amoureux, prenant sa fille sous le bras. Elle se retrouve elle-même dans une chambre d’un autre hôtel jusqu’à ce que le gérant lui fasse des avances. Après avoir supplié, la nouvelle assistante sociale lui trouve une place dans un centre d’hébergement. Mais Louise ne se satisfait pas de cette situation provisoire.
L’auteure nous raconte, par le prisme de son personnage Louise sa propre descente aux enfers dans ce centre d’hébergement rue de Crimée.
J’ai aimé ses adresses à Mbambe, sa grand-mère restée au pays.
J’ai aimé son regard sur les femmes de Crimée, comme elle les appelle, des passagères pour un temps en sécurité.
J’ai aimé sa détermination à s’en sortir, à poursuivre des études malgré son bébé Bliss qui n’a tout juste un an.
L’auteure m’a fait vivre quelques heures avec ces femmes que l »on ne voit pas, qui vivent au jour le jour de l’aide sociale, et dont très peu ont un avenir.
Quelques citations :
Up from the past rooted in pain I rise (…) / Leaving behind nights of terror and fear I rise. Maya ANGELOU
Et tu ne peux me dire pourquoi il arrive que les mères et les filles ne sachent pas communiquer. (p.111)
Parler le français, ce n’est pas parler français. L’assimilation n’a pas fonctionné. C’est la culture d’origine qui s’exprime en français,, s’impose en français. (p.128)
Pas de péridurale pour accoucher de soi. Les contractions dureront des années. Elle l’accepte. (p.181)
Prudence, astre mort de n’avoir jamais été contemplé. (p.191)
L’image que je retiendrai :
Celle du centre dans lequel ne pénètrent que les femmes logées et dont toutes les fenêtres sont munies de barreaux.
https://alexmotamots.fr/stardust-leonora-miano/
Stardust , de Léonora Miao, aux éditions Grasset, est un immense coup de coeur dans cette rentrée littéraire 2022.
Après avoir quitté son compagnon, de l'époque, Louise est accompagnée de son bébé Bliss. À 23 ans, elle se retrouve seule avec sa fille, dans une ville qu'elle ne connaît pas. Sans repères, sans titres de séjour, sans repères. Elles naviguent d'hôtels en hôtels. Louise se retrouve confrontée à l'administration et espère une existence légale. Toutes les deux atterrissent à Crimée. Ce centre d'hébergement et de réinsertion sociale. Elle regarde, observe, comprend les stratégies et les rouages de ce microcosme. Pour survivre, Louise est une guerrière. Elle reste digne face aux violences de la ville et du CHRU. Cette femme fait preuve de force et de déterminisme pour garder sa vie en main afin de ne pas se soumettre.
Le ton est d'une justesse prodigieuse. Au moment de la lecture, une force immensurable émane du texte. C'est ici un livre essentiel, profond, où l'écrivaine dresse un portrait social et sociétal dans la France des années 1990.
Merci à Léonora Miano de donner de la voix, de briser les silences sur celles et ceux qui sont oubliés, abandonnés, marginalisés.
Sous son autre prénom (Louise), Léonora Miano nous livre le récit d’une période particulièrement difficile de sa vie, à savoir les quelques mois qu’elle a passés, alors qu’elle avait 23 ans et un enfant en bas-âge, dans un centre de réinsertion et d’hébergement d’urgence (CHRS) à Paris.
Arrivée légalement quelques années plus tôt en France pour y faire des études, la jeune Camerounaise tombe amoureuse, s’installe avec son compagnon, mais leur situation financière est précaire, ils ne peuvent plus payer leur loyer, et enchaînent les séjours dans les hôtels et pensions minables. Louise n’ayant plus de résidence officielle, elle ne peut renouveler son titre de séjour, et se retrouve sans papiers, avec un bébé sur les bras et un compagnon qui s’avère être un lâche boulet, et qu’elle finit d’ailleurs par quitter.
Louise n’est pas expulsable, sa fille ayant la nationalité française, mais sa situation n’est pas brillante : seule, sans ressources, sans domicile, sans papiers, elle parvient à obtenir de l’aide sociale au lance-pierres, mais cela suffit à peine à payer une chambre chez un marchand de sommeil. Enfin, après un parcours du combattant dans les méandres administratifs, elle obtient une place dans un foyer pour femmes, un peu de répit pour Louise et sa fille, qui ne doivent plus se soucier (temporairement) de se loger et de se nourrir. Mais le centre n’est pas un palace, le personnel d’accueil fait ce qu’il peut avec les moyens du bord, c’est-à-dire pas grand-chose. Et surtout, personne n’a les moyens d’empêcher le désespoir d’y entrer en même temps que toutes ces femmes. La plupart sont coincées dans une situation administrative inextricable, sans possibilité (ou sans volonté) de présenter un projet de réinsertion qui les inclurait à nouveau dans la vie « visible ». Car toutes ces femmes, d’origine étrangère, sont des exclues de la société, tombées un jour, pour une raison ou une autre, dans une extrême précarité, enterrées vivantes dans un no woman’s land administratif, désespérées par le non accueil de ce pays qui ne tient pas les promesses qu’on leur a fait miroiter : « Toute nation se crée des mythes. Toute nation repose sur des fictions. Dans celles qu’on nous conte de la France, il n’y a pas d’exclusion sociale. Pas d’endroits où les marginaux sont entassés, refoulés. Dans la fable qui se transmet chez nous de génération en génération, l’hiver est froid, mais il ne l’est que pour permettre le port de vêtements élégants. Manteaux. Écharpes. Bottes. On ne dit pas que ce froid est mortel pour ceux qui n’ont nulle part où aller. On ne sait rien d’eux. On ne dit rien des femmes qui échouent dans les CHRS ».
Dans ce purgatoire où il n’est pas question de sororité bienveillante, Louise reste à l’écart, sur ses gardes, ne se lie avec personne, se méfie de tout le monde. « Il n’y a pas de sororité chez les écartées. Les brebis égarées. Ces filles sont des lames aiguisées qui cherchent quelque chose à tailler en pièces. Elles sont lucides sur leur état. Savent être des mises en lambeaux, des désagrégées, des émiettées du dedans. Elles ont envie de casser tout ce qui leur semble entier. Envie de massacrer tout ce qui leur ressemble. Ce désir-là est le plus courant et le plus puissant. C’est comme briser le miroir qui vous renvoie une image dégradée ». Sa fille est son seul moteur, Louise veut reprendre des études, travailler pour les faire vivre toutes les deux.
Il aura fallu plus de 20 ans à Eleonora Miano pour publier ce texte, elle s’en explique dans une préface touchante de lucidité et de sincérité. Elle laisse aussi entendre que tout ne s’est pas arrangé à sa sortie du centre d’un coup de baguette magique, et que les galères ont encore été nombreuses par la suite.
Au travers de son histoire personnelle, elle braque la lumière sur les promesses déçues de la migration et sur un aspect peu reluisant de nos sociétés, coupables d’abandonner à leur sort des êtres humains précarisés, et qui s’en dédouanent avec quelques ridicules sparadraps socio-administratifs sur des bataillons de jambes de bois. Un livre nécessaire.
A la suite d’une rupture sentimentale, Louise, une jeune étudiante camerounaise, est accueillie dans un centre de réinsertion et d’hébergement d’urgence du 19éme arrondissement parisien. Elle a 23 ans, n’a ni titre de séjour, ni domicile, elle ne retournera pas dans son pays car les membres de sa famille rejeterait cette mère célibataire qui les déshonore. Elle ne sera pas expulsée car sa fille Bliss, née de père français possède la nationalité française.
Stardust est le premier roman de l’auteure, écrit il y a plus de vingt ans par nécessité de mettre des mots sur une période difficile de sa vie. Louise est Léonora Miano, il s’agit de son parcours, de son combat, son style surprenant peut-être à la fois poétique et cinglant, particulièrement efficace dans la mesure où ce roman m’a énormément touchée. Je ne suis pas sûre de pouvoir qualifier de chaotique le parcours de cette femme, aussi atypique soit-il, tant Louise/Léonora fait preuve de combativité et de force de caractère. Elle est intégre, complête, sûre d’elle. Son récit est ponctué de lettres qu’elle adresse à sa gran-mère, une femme qu’elle aime et respecte énormément et avec qui elle était très complice avant de venir en France. Sa grand-mère voyait en elle de la poussière d’étoile.
Elle relate les émotions ressentis durant son séjour dans ce refuge, baptisé Crimée, que l’on compare à une fosse commune. Sa chambre dans cet accueil de fortune ressemble à une cellule de prison, un purgatoire. Mais quel crime a t-elle commis pour échouer dans cet endroit ? Elle ne vit que pour sa fille, cherche à être digne alors qu’elle n’a rien à lui offrir hormis son amour. Sa fille la porte vers le futur, lui donne foi en l’avenir « Bliss enfante Louise, l’oblige à se tenir debout« , car une « maternité inattendue peut être une expérience fondatrice« . Comment se construire dans un monde qui ne lui ressemble pas, entre la grande précarité et la peur des services sociaux ? Elle a du interrompre ses études pour s’occuper de sa fille mais la littérature, la poésie et le jazz ne la quittent jamais. Elle raconte son combat pour se frayer un passage vers la vie, elle qui a tant de rêves et d’espoirs, tant de passions à vivre, elle rêve de chanter, de devenir reporter, c’est la raison pour laquelle elle a quitté le Cameroun.
Il y aussi dans ce roman un constat social sans langue de bois au sujet de l’immigration. Certaines choses devaient être dites et le sont de manière efficace, par un cri du coeur, un cri de colère envers un pays qui a menti.
Stardust est une ôde à la liberté et au courage, le récit d’une guerrière dont la grande profondeur d’âme permet de créer à partir de l’intime un récit à la portée universelle et de nous rappeler que ce que Louise / Léonora Miano a vécu, chacun de nous est susceptible de le vivre un jour ou l’autre car aucune situation sociale n’est insubmersible. Nul n’est à l’abri de faire de mauvais choix ou de subir les dérives d’une nation. Un grand coup de coeur pour ce roman.
Je remercie les Editions Grasset via NetGalley pour leur confiance.
Léonora Miano propose pour cette rentrée un roman très personnel, son journal écrit pour être publié de plus de vingt ans sur la précarité qu’elle a vécut à son arrivée à Paris avec son expérience d’un centre de réinsertion avec sa fille Bliss.
De ces mois d’errance dans l’attente d’une régularisation, Léonora Miano partage un texte fort, sensible entre colère et amour maternel, sans concession concernant la France, ce pays d’accueil, ex-pays colonial, où elle essaye de conquérir son indépendance.
Brins d’histoire
Louise semble très précoce. Elle souhaite obtenir sa carte de résident car sa fille est née française. Elle a vingt-trois ans, sa fille, onze mois.
Elle est venue pour ses études mais c’est son indépendance qui l’a faite plonger dans la précarité. Un amour. Puis, un bébé. Et se rendre compte après la naissance que le père ne pourra jamais assumer sa paternité !
Alors, elle part… Seulement, la situation politique et économique se dégrade. Sa bourse ne lui suffit plus à vivre correctement. Elle se précarise et après l’hôtel, c’est le foyer de Crimée, un endroit qui accueille les femmes sans abris.
Alors …
L’écriture est brute, abrupte même. Comme sa vie de l’époque, elle est sans concession, sans fioriture. Et, pourtant son amour maternel, non seulement la fait grandir, mais la protège, l’empêche de se perdre dans la honte et la désespérance.
Léonora Miano raconte son choix de solitude où il faut faire confiance à personne, pas même aux encadrants. Elle se décrit déjà si différente en son pays : la bibliothèque de ses parents regorgés de littérature française et anglaise. Elle n’est pas déjà ancré dans le pays de l’enfance. Alors ce n’est pas dans ce foyer qu’elle se liera avec ses congénères.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/09/14/leonora-miano/
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