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32 000 ans av.
J.-C., au paléolithique supérieur, au bord de la mer, qui sera un jour la Méditerranée. Là vivent les Doah, homo sapiens sapiens, plus connus sous le nom d'hommes de Cro-Magnon. Isolés sur le bord de la grande eau, les Doah n'ont pas croisé d'autres hommes depuis longtemps. Il pleut, il pleut sans cesse. La mer continue de monter, comme si elle devait un jour tout submerger. Dohuka, le chamane de la tribu, a des doutes.
Il se demande s'il a bien su comprendre sa dernière vision où " ceux du dessous " disaient aux Doha de rester sur le rivage. Et voici plusieurs années que son frère Naobah est parti de l'autre côté de la montagne, à la recherche d'une terre nouvelle pour la tribu... Naobah et Aruaeh, sa compagne, ont traversé les hautes montagnes enneigées. Ils y ont rencontré les Wéréhé, des hommes étranges qui ne sont pas des Doah.
Et c'est dans les huttes des Wéréhé - les derniers Néandertaliens - que Tuhi-Horea, l'enfant né du ventre de Aruaeh, a fait ses premiers pas avant de disparaître. Sur les bords de la grande eau, Dohuka le chamane a peut-être compris, enfin, le message des " forces du dessous ". Et dans les profondeurs de là grotte aux peintures, voilà qu'apparaissent à ses yeux deux créatures - mi-Doah, mi-Wéréhé - témoins du destin incroyable et tragique de Naobah et d'Aruaeh.
" Pierre Pelot est l'ethnologue des préhistoriens, celui qui sur place rencontre les hommes, qui apprend leur langue et s'immerge dans leur civilisation. " (Professeur Yves Coppens.)
Après le piège des glaciations, voici venu le temps des Cro-Magnon, ceux à qui nous ressemblons.
Les Doah sont des Cro-Magnon : Homo sapiens sapiens.
Dohuka est celui qui parlent au bord des pierre, chamane il ritualise la préparation des morts et la cérémonie funéraire.
La pluie diluvienne qui tombe depuis trop longtemps l’irrite et l’incite à penser qu’il est temps pour les Doah de se déplacer de l’autre côté de la montagne.
« Et la grande eau n’avait cessé de grandir, son écume roulante recouvrait maintenant les rochers et les étendues saleuses où Dohuka et Naobah couraient quand ils étaient des enfants rieurs et agiles. Et les Doah restaient seuls sur le bord de aruduiroah. Les autres chasseurs, comme il en venait parfois des montanes — une fois même de l’autre côté à peine visible de l’eau qui coule fort et qui n’est pas aruduiroah, ces gens qui s’appelaient non pas Doah mais Ouhira — ne venaient plus. »
La complicité des frères s’est transformée en rivalité dont Aruaeh est l’enjeu.
C’est ainsi que Naobah et Aruaeh vont quitter le clan pour partir de l’autre côté de la montagne.
« C’était pour Dohka que Naobah cherchait l’endroit où pourraient s’installer les Doah, pour que Dohuka puisse entendre — et leur parler — à travers la pierre ceux qui sont les forces du monde de dessus et de dessous. »
Mais le danger est omniprésent et lorsqu’ils se trouvent en difficulté ce sont des Wêrehé qui viennent à leur secours et leur évitent une mort certaine.
Ce sont des Néandertaliens qui sont là depuis bien avant les Doah sur ce territoire, mais ils sont peu nombreux.
« Ni Arueh ni Naobah ne virent rien du trajet entre l’endroit où leurs sauveurs les trouvèrent et celui où ils furent emmenés — dans l’abri de ces gens de la montagne qui n’étaient pas des Doah — et où, après quelques jours, ils revinrent définitivement dans leur corps. »
C’est le moment où chacun va à la rencontre de l’autre et vont essayer de communiquer avec le langage de chacun, ils vont découvrir les différences de coutumes, des abris, des outils.
La chasse est toujours affaire de pistage mais les armes sont elles plus techniques et affûtées.
Croyez-moi, en ce temps-là, la vie de couple n’était pas un long fleuve tranquille. Mais la femme a des ressources.
Cette cinquième fresque marque la fin de cette épopée dans laquelle l’auteur a su nous rendre proche nos lointains ancêtres.
C’est passionnant et troublant. Il a cet art de vous faire vivre un quotidien dans l’immensité de la Terre, d’une façon picturale où chaque couleur, tache, trait, dessin vous entraîne loin.
Ce qui reste extraordinaire, c’est de traverser ces millions d’années avec cette véracité d’une évidence qui nous fait croire que cela s’est passé ainsi et que tous ces hommes et femmes rencontrés au fil des pages, sont nos vrais ancêtres, qu’ils portaient ces noms et parlaient ce langage.
C’est fou, inouï, magistral et le style a un souffle qui ne se dément jamais sur la longueur, la nature nous est peinte de mille façons. Jamais l’auteur n’emploie les mêmes mots ou métaphores pour décrire un phénomène naturel qui se reproduit au cours des millénaires.
Cette fresque est exceptionnelle et hors-normes.
©Chantal Lafon
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