Quand on vient de doubler son employeur et que celui-ci est le trafiquant de drogue le plus puissant de la ville, on part rapidement se terrer quelque part et on tente de se faire oublier. Mais Jon Hansen n'est pas vraiment doué pour ça, ni pour grand-chose d'ailleurs, mise à part cette fameuse stratégie du perdant, celle qui va peut-être sauver sa peau...
Soleil de nuit est la suite des aventures de Jon Hansen (Du sang sur la glace), gangster à l'ironie mordante et au grand coeur.
Ne me demandez pas de ne pas aimer un roman de Jo Nesbo, son univers si justement désenchanté, sa froide lucidité et sa chaleureuse humanité, sous une plume toujours inspirée et nerveuse, ne peuvent que me plaire. Et ce roman-là n'échappe pas à cet enthousiasme.
Il est court, hors de la série des Harry Hole, et se suffit à lui-même par sa géographie, un village de l'extrême nord de la Norvège dont l'ambiance est magnifiquement rendue, ses habitants singuliers aux rapports particulièrement humains, son héros traqué dont le destin va basculer dans ce lieu improbable…
Un roman que j'ai trouvé beaucoup plus optimiste que d'habitude, même si l'auteur ne nous épargne guère sur la noirceur du monde comme dans tous ses récits, car pour une fois un avenir meilleur se profile à l'horizon…
Un roman noir lumineux.
Certes, l'histoire, truffée de bons sentiments, est très manichéenne en ce qui concerne la délimitation des bons et des méchants, et le récit se développe sans réelles surprises ni grands rebondissements. Mais il reste au final un bien agréable moment de lecture.
Le personnage le plus ambigu est Jon, qui se réfugie au fin fond de la Norvège pour échapper à des poursuivants à qui il a volé une grosse somme d'argent, et qui ne sont pas des plaisantins. Mais lui-même se révèle vite attachant.
Dans une petite ville de la région du Finmark où il a échoué par hasard sous le nom de Ulf, il rencontre une population Same pratiquant le Laestdianisme, courant religieux protestant très conservateur. Et surtout il croise Lea et son fils Knut, à qui il va facilement se confier.
L'auteur nous propose un joli dépaysement, sans pour autant en rajouter au niveau ethnologique, et nous fait découvrir de belles personnes, dans une jolie histoire qui prend comme une allure de conte nordique, tant la violence s'efface derrière l'émotion et la poésie, dans une nature grandiose.
Quand Ulf a débarqué tout au nord du Finnmark, au nord du nord de la Norvège, il pensait pouvoir se planquer un moment ; reprendre des forces et échapper au Pêcheur, ce dealer d'Oslo à qui il devait soit de l'argent soit une vie, celle qu'il n'avait pas prise à un mauvais payeur.
A la sortie du bus, il a rencontré une jeune femme, dont le mari était en mer, elle l'a hébergée, ils ont sympathisé et son fils de 10 ans l'a accompagné jusqu'à la cabane des bois, où il n'aurait pour compagnie que la faune locale, dont un superbe renne qui venait y nettoyer ses bois ...
Mais comme dans tous les romans de Jo Nesbo, le conte de fées, s'il y en a un, ne trouve son happy end qu'après moultes circonvolutions sordides.
Un roman court, où l'auteur nous montre tout son talent, où il dévoile la complexité des personnages, la beauté des paysages, l'amitié née par hasard entre un homme cassé et un jeune enfant :)
Un roman que j'ai pris grand plaisir à lire.
Un auteur dont il me reste juste le dernier opus traduit à lire ...
A bientôt, donc !
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