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Les cendres collaient aux visages comme de la terre. Les corps avançaient avec lourdeur sous cette pluie grise. Marika appelait Solal de toutes ses forces, les flocons noirs s'engouffraient dans sa gorge comme des grains dans un sablier.
Quand la poésie de Maylis de Kerangal rencontre l'amour filial et le monde apocalyptique de La route de Cormac McCarthy L'histoire se déroule à Berlin aujourd'hui et se passe en trois jours : Le jour du retour, le jour du tremblement et le jour sans nom . Trois jours durant lesquels va se jouer le destin de trois personnages.
Dans une Europe accablée par une chaleur étouffante, Marika, 38 ans, revient à Berlin avec son fils Solal. Ce voyage en Allemagne replonge la jeune française dans une langue étrangère et un passé douloureux : sept ans plus tôt, à la naissance de Solal, elle a quitté la ville brutalement. Aujourd'hui, elle emmène son enfant rencontrer pour la première fois son père, Thomas, un célèbre dramaturge et metteur en scène allemand. Elle accepte de les laisser seuls tous les deux pour une nuit.
Le lendemain, alors qu'elle doit les retrouver dans un café, une catastrophe naturelle sans précédent va bouleverser le pays et le destin de cette famille. Dans l'Ouest de l'Allemagne, un vieux volcan s'est réveillé : une éruption d'une intensité terrible laisse échapper une nuée ardente et en quelques heures un nuage de cendres recouvre Berlin de ses flocons noirs. Au même moment, la ville est secouée par un violent tremblement de terre qui coupe la ville en deux. Dans ce décor de fin du monde, Marika part à la recherche de son fils, pris au piège avec son père dans les décombres.
Quand la poésie de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal rencontre l'amour filial et le monde apocalyptique de La route de Cormac McCarthy
Un court roman très fort et dense sur la force de l'amour maternel et des émotions. Dans une atmosphère étouffante et apocalyptique lors d'un été caniculaire et meurtrier à Berlin, une histoire haletante sur 3 jours, portée par une belle écriture qui aborde les enjeux climatiques de notre société. Marika revient à Berlin après 6 ans d'absence afin que son fils puisse faire la connaissance de son père biologique Thomas. Le lendemain alors que l'enfant est resté chez ce dernier, une catastrophe s'abat sur la ville. Marika va tout faire pour retrouver son fils dans le chaos.
Astrid Monet connaît bien Berlin puisqu'elle y a vécu une douzaine d'années. Son roman s'y déroule entièrement, mais dans un Berlin défiguré par un séisme et un nuages de cendres qui se dépose dans le moindre recoin de la ville et sur ses habitants. Pas mal de thèmes sont abordés dans ce roman, deux sont prégnants : l'amour filial, l'attachement d'une mère pour son fils et vice-versa et le dérèglement climatique, ce dernier -avec ses conséquences- jouant le contexte pendant que le premier s'exprime à travers les personnages. Ceux-ci, qu'ils soient principaux comme Marika et Solal ou secondaires sont très réalistes et attachants. Ils ont leurs fêlures, leurs forces et leurs faiblesses, leurs doutes. Astrid Monet décrivant en avance ce qui nous attend sans doute : des températures caniculaires quasi insupportables, un manque d'eau, des conditions de vie difficiles et un avenir pas enthousiasmant, ses personnages ne sont pas très optimistes. Ils se questionnent beaucoup sur leurs actes, sur leurs relations, sur le mal qu'on se fait parfois sans intention. C'est l'apocalypse mais les humains veulent toujours y croire.
Le roman est oppressant tant par le monde qu'il décrit que par l'écriture d'Astrid Monet, intense : tout est dit en un minimum de mots et d'effets. C'est un concentré, pas besoin de lire un roman-catastrophe de cinq ou six cents pages lorsqu'une autrice -j'ai tendance à dire auteure, mais beaucoup d'éditrices et d'autrices disent autrice, comme Agullo, alors, je respecte- peut vous le faire en 200 pages sans superflu ni manque. Phrases plutôt courtes -mais pas toujours-, rythme enlevé, un peu de dialogue pour alléger, Astrid Monet a su construire et écrire un roman d'une densité et d'une force incroyables. Noir, évidemment, la cendre est omniprésente, mais des lueurs parviennent à la transpercer, on les sent, on les lit entre les lignes.
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