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C'était un homme ! Voilà ce que la postérité, qui aime les formules fortes, dira du général Salvan.
Telle est aussi la conclusion que chacun tirera à la lecture de ses Mémoires. Soldat de la guerre, soldat de la paix est en effet bien plus que le récit d'une vie entière consacrée au métier des armes. Car si le mot " carrière " a un sens pour Jean Salvan, c'est bien celui que lui confère le Chant du départ, plutôt que celui que lui donne la société égoïste et hédoniste d'aujourd'hui... Ce livre est en réalité l'expression d'une âme tendue par la mystique du service et la volonté de ne jamais désespérer des hommes : pour Jean Salvan, l'action n'est jamais une fin en soi, mais toujours le moyen d'atteindre un but supérieur, et l'idéal de la chevalerie retrouve chez lui sa profondeur et sa vitalité.
Cet idéal, jean Salvan aura trouvé largement matière à le réaliser: du Prytanée à la guerre d'Algérie, de Saint-Cyr au Tchad, de l'École de guerre au Liban, il a été au cceur des conflits et des changements qui ont fait basculer le monde dans un avenir surtout riche d'incertitudes, avec cette capacité extrêmement rare d'en être à la fois l'acteur et l'observateur. Militaire aux convictions éthiques bronzées par l'expérience et la souffrance, il n'a jamais laissé personne penser à sa place.
Il aurait pu faire sienne cette maxime du lieutenant Charles Péguy " Une mauvaise idée toute faite est infiniment plus pernicieuse comme toute faite que comme mauvaise. " Soldat de la guerre, soldat de la paix est à cet égard un livre souvent surprenant: sur les hommes, sur les peuples, sur les événements auxquels il a été mêlé, sur l'armée elle-même, le général Salvan porte un regard d'une lucidité roborative.
Mais jamais l'indépendance et la sévérité de son jugement n'altèrent, bien au contraire, un sens aigu et presque obsessionnel de la justice. Ni un humour dont il fait le plus salutaire usage! Les pages qu'il écrit notamment sur l'Afrique décolonisée, le conflit israélo-arabe ou la civilisation américaine, en fournissent des exemples remarquables. Soldat de la guerre, soldat de la paix est enfin l'illustration même de l'officier tel que le voulait Lyautey : non seulement un " meneur " d'hommes, mais encore, et peut-être surtout, un " constructeur " d'hommes.
C'est d'ailleurs avec une sorte de passion non dénuée parfois d'émotion que le général Salvan évoque son métier d'instructeur, ce métier qu'il ne borne jamais à l'instruction militaire stricto sensu, mais qu'il élargit au développement entier de la personne humaine. Et ce n'est pas là le moindre intérêt de ce livre qui témoigne du seul humanisme qui vaille : celui que fondent une fidélité intransigeante au réel, le souci constant de la vérité, et cette pudeur personnelle qui est la signature des grands esprits.
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