Des conseils de lecture qui sentent la fin de l'été... et la rentrée littéraire !
Les années 1990, quelque part en Russie. L'URSS a cessé de vivre. Son utopie appartient au passé, tout juste bonne à figurer dans les livres d'histoire. Dans un décor qui fait la part belle à l'immensité des espaces russes autant qu'aux vestiges de l'architecture soviétique, deux maraudeurs se livrent à une activité pour le moins douteuse : mettre la main sur toutes sortes de babioles susceptibles d'intéresser de riches investisseurs. L'un, Dimitri Lavrine, est un trafiquant sans scrupules. Selon lui, tout s'achète et tout se vend. L'autre, Slava Segalov, est un artiste qui a renoncé à ses rêves de gloire et tente de se faire une place dans ce monde nouveau qui s'ouvre à eux. Il suit Dimitri à contrecoeur, déchiré entre son éthique et la dette qu'il a contractée envers ce dernier. Au moment où commence cette histoire, ils sont occupés à récupérer, dans un bâtiment à l'abandon, tout ce qui peut se monnayer. Mais rien ne va se passer comme prévu... À travers la destinée tragi-comique de deux pieds nickelés emportés dans la tourmente de l'Histoire, Slava est une saga en trois tomes qui brosse le portrait d'un pays déboussolé, qui amorce une transition incertaine, et annonciateur de la Russie d'aujourd'hui.
Des conseils de lecture qui sentent la fin de l'été... et la rentrée littéraire !
Slava, du nom du personnage fictif qui peignait la révolution se voit aujourd'hui relégué au rang de peintre du dimanche. En 1990 après la chute du communisme, les Russes se divisent : d'un côté les patriotes nostalgiques de la période et de l'autre les libéraux qui comptent bien profiter des changements pour s'engraisser financièrement.
J'aime beaucoup les personnages représentatifs des différentes strates de la population post-soviétique. Slava suit le mouvement, il aimait sa Russie d'antan mais se laisse désormais vivre au rythme de la nouvelle ère auprès de son ami Lavrine un négociant/trafiquant hors-pair qui a la vente dans les tripes. Au cours de leur périple au fin fond du Causase, ils recontrent différents personnages comme Nina et son père, archétype type du Russe, certains près à tout pour sauver l'âme slave, d'autre préférant la spéculation pour s'enrichir sur le dos du peuple.
J'ai adoré les notes d'humour qui accompagnent le récit et qui mettent une pointe de légèreté à l'histoire.
Au départ réticente face aux illustrations, je me suis finalement accommodée de ces visages simples mais efficaces aux couleurs froides bien représentatives de l'environnement des pays de l'est. J'ai plus qu'adoré les visages quelque peu caricaturaux des oligarques, avec leurs traits voraces, qu'on sent prêt à tout pour voler leur propre pays et vendre leur âmes aux capitalistes.
J'ai adoré le prologue de l'auteur qui nous exprime les «pourquoi» de cette BD, qui nous livre ses sentiments envers l'histoire d'hier et d’aujourd’hui. Un auteur qui parle du peuple et des dommages causés par les dirigeants censés protéger et rendre un pays perenne.
Cette BD nous plonge avec brio dans l'ère post-soviétique. Adorant la culture russe, j'ai vraiment apprécié cette histoire, les illustrations de ces grandioses paysages, l'évocation de sa richesse, de son architecture et de son art même si je me suis parfois perdu dans la mise en forme (les descriptifs narratifs entre deux planches m'ont parfois perturbé dans ma lecture d'un point de vue visuel). On y découvre également ce que les communistes ont construit, le contraste entre l'avant, le pendant et l'après. Un premier tome réussit qui nous plonge facilement dans un pan de l'histoire pourtant complexe.
Session roman graphique. Pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit d'un titre qui a fait parler de lui, qui a même été conseillé par Le libraire se cache, célèbre sur Twitter, qu'il a été mis à l'honneur par Babelio le mois dernier, Slava - Après la chute. L'auteur, Pierre-Henry Gomont, scénariste, dessinateur et coloriste, a publié le premier tome d'une trilogie dont il me tarde de lire les deux prochains tomes. Auteur reconnu et primé, Pierre-Henry Gomont a fait plusieurs séjours en Russie, Dargaud, l'éditeur, explique que La fin de l'homme rouge de Svetlana Alexievitch a été l'une de ses inspirations. Mais également les mines de Chiatura qui se trouvent en Géorgie et qui fut l'une des plus grandes exploitations de manganèse au monde. Slava est l'oeuvre d'un idéaliste désenchanté, un utopiste revenu brusquement les pieds sur terre lorsque l'idéologie communiste soviétique s'est révélée être une dictature. Et qui a laissé place à une Russie, comme à d'autres anciennes RSS, l'Ukraine et la Géorgie pour ne citer qu'elles, sucée jusqu'au sang par les vautours qui se réclamaient de ce tout nouveau capitalisme.
En couverture : Slava Segalon, le protagoniste éponyme des trois tomes, accompagné de Lavrine, commercial, marchand, trafiquant, escroc, pilleur un peu tout à la fois. Slava est un artiste, un peintre talentueux, mais le vent a tourné, l'URSS n'existe plus et sa peinture, engagée contre le pouvoir en place d'alors, n'a plus aucun sens pour lui. Pour survivre, il espère prendre la relève de Lavrine, qui s'en sort en monnayant les ruines soviétiques laissées à l'abandon. Le roman s'ouvre sur les deux hommes en train de récupérer vitraux et lustre somptueux vendus à peine à la moitié de leur valeur à un gouverneur corrompu parmi d'autres. Prenant la route, chargés de leur marchandise, les choses ne se passent pas comme prévu, et en plein milieu des montagnes caucasiennes, leur convoi est attaqué par un équipage d'hommes armés, évidemment, nous sommes en Russie. Perdus dans le Caucase, alors que Slava est simplement vêtu d'un léger blouson de sky, qui en dit long sur sa capacité à devenir un autre Lavrine, ils sont sauvés par Nina, qui ramène ce drôle de duo de bras cassé chez elle dans un ancien complexe minier. Rebelote, Lavrine, toujours le dollar dans l'oeil, y voit une énième opportunité de se faire de l'argent.
Pierre-Henry Gomont en fait part dans son introduction, il a lui-même fait plusieurs séjours en Russie, de cette page de l'histoire, la transition de l'état soviétique à la fédération russe, ou la privatisation en masse a vu ses profiteurs, de ceux qui en sont devenus millionnaires à se gaver d'un patrimoine national, ou pour survivre les plus retors, les moins susceptibles au remord ont entrepris de piller méthodiquement les vestiges et le mobilier plein de valeurs d'un pays qui veut se détacher de son passé. Tout est bon à prendre, tout est bon à piller. C'est d'ailleurs en partie l'objet du roman de Renaud S. Lyautey La baignoire de Staline avec une situation identique en Géorgie, le pays voisin, aussi riche en ruines soviétiques, dont les thermes de la ville natale de Staline.
C'est un roman graphique très divertissant, ancré dans un contexte qui m'intéresse particulièrement, j'ai eu un coup de coeur pour les cases illustrant les paysages caucasiens et qui rendent hommage à la beauté des paysages concernés. La dynamique du duo de personnages Slava-Lavrine, le plus jeune grand et dégingandé, l'aîné, petit et bien en chair, le premier plutôt idéaliste, malgré l'afflux de désillusions, et totalement crédule, avec un bon fond, le second, fourbe, aigrefin et vénal. Les deux briscards se complètent bien et forment le genre de duo dont la dimension comique n'a d'égal qu'à la dimension dramatique, qui révèle une réalité bien moins reluisante que les hauts sommets du Caucase. Des travailleurs, des ouvriers, des mineurs qui ont voué leur vie à leur travail se retrouvent, à la chute de l'URSS, dépouillés de leurs outils de travail, ici la mine, ses machines hors de prix, et de la matière même qu'ils exploitent à coup de pioche et d'années d'espérance de vie en moins, pour manger à la fin du mois. Dépouillés par les mêmes rapaces, fruits pourris de ce nouveau capitalisme émergeant, qui pressent tout et tous jusqu'à la moelle. Derrière l'humour des scènes, des personnages un peu caricaturaux, des dialogues, se cachent une forme certaine de cynisme tout à fait russe. On y retrouve ces méchants toujours plus sardoniques les uns que les autres, Slave et Lavrine, issue de cette mine, détonnent dans ce monde totalement obscurci par l'appât du gain. Je le disais plus haut, au point de vue graphique, des cases entières s'étendent sur toute la largeur de la page, laissant davantage de marge pour proposer des scènes plus détaillées, plus explicitées, car le décor dans ce roman graphique est aussi important que l'action.
Connu pour ses adaptations de romans (« Les nuits de Saturne » et le multi primé « Pereira prétend »), son album partiellement autobiographique « Malaterre » et son récit déjanté inspiré d’une anecdote bien réelle « La fuite du cerveau », Pierre-Henry Gomont revient aux éditions Dargaud et se lance pour la première fois dans une série !
Premier tome d’une trilogie, « Slava : après la chute »se déroule dans un contexte inattendu et met en scène une époque et un lieu que nous connaissons mal : la Russie - non pas celle de Poutine dont on entend bien trop parler, hélas, - mais celle des années Eltsine où les repères vacillèrent par suite d’une transition trop violente après la chute soudaine de l’URSS. « Libérée du joug communiste, la Russie est livrée en pâture au capitalisme sauvage » écrit-il dans sa préface. L’auteur nous surprend donc une fois de plus en se renouvelant. Il lance comme boutade qu’une « BD sur l’ex-URSS c’est un suicide commercial » et avant de le lire, on serait également tenté de le penser ! Comment donc parvient-il à nous faire changer d’avis ?
PETITE LEÇON D’ECONOMIE
Pierre Henry Gomont a fait des études d’économie et de sociologie et s’en sert dans cet album. En dix ans, les Russes et tous les membres de l’ex-URSS ont vécu une transition d’une violence inouïe qui s’est étalée sur plus d’un siècle chez nous, ce que le bédéaste appelle « un précipité du monde moderne ». « L’arrivée du capitalisme dans un pays pas préparé » lui a donc semblé être « un matériau romanesque passionnant ». C’est l’argument principal du roman : comment des conceptions antithétiques (celles communistes de Nadia, capitalistes de Lavrine et plus nuancées de Volodia et Slava) vont s’affronter pour le devenir de la mine.
Mais la leçon d’économie du professeur Gomont est dispensée de façon extrêmement légère et graphique. Ainsi quand dans le premières pages Lavrine explique à son jeune apprenti Slava les tenants et aboutissants du nouveau monde capitaliste qui s’ouvre à eux, tout passe dans la fluidité du dialogue. De même, pour faire comprendre aux mineurs et au lecteur, le tour de passe-passe auquel se livrent les oligarques lors du rachat d’entreprises en faillite avec la vente des actifs, le dessinateur crée une pleine page explicative et graphique dans laquelle Dimitri expose les manigances de façon pédagogique. Des concepts compliqués sont ainsi transmis au lecteur dans une double énonciation de manière ludique et claire, sans parasiter pour autant la narration, comme dans le film « The Big shot » que l’auteur cite comme modèle.
L’ŒIL DU SOCIOLOGUE
Mais plus encore que l’économie, c’est la sociologie qu’il convoque. En effet, lors de ses études d’économie on lui avait présenté les choses de façon extrêmement monolithique : la chute de l’URSS était une bénédiction car elle permettait la libéralisation de l’économie et la libération des peuples. Or, quand il a beaucoup voyagé dans les pays d’Europe centrale durant sa jeunesse et même travaillé là-bas, il a ressenti une nostalgie pour la grandeur perdue et il a lu ensuite les ouvrages de la prix Nobel Svetlana Alexievitch dont le plus connu « La fin de l’homme rouge » retrace ce moment charnière de la fin de l’URSS. Donc, il a voulu témoigner de cela et éviter le manichéisme.
Ce refus va jusque dans sa présentation de l’architecture soviétique : il combat l’idée reçue qu’en URSS l’architecture était monolithique et montre la finesse de l’art dans les vitraux abstraits et colorés ou les lustres arachnéens. Il souligne la splendeur de la nouvelle liturgie du peuple qui a remplacé la liturgie religieuse dans les maisons du peuple telle celle que dépècent les héros à l’ouverture. Le livre est extrêmement documenté, HP Gomont a refait un voyage de repérage en Géorgie et confie volontiers qu’il aurait souhaité être architecte s’il n’avait été auteur.
Cette volonté de neutralité se retrouve aussi dans le portrait assez acide du héros éponyme : peintre qui, pour avoir fondé sa carrière sur l’opposition au régime soviétique, se retrouve décoté après la chute de ce dernier. Cette anecdote permet une légère satire des artistes engagés prosélytes tout en donnant un mode d’emploi de l’écriture « sociologique » de l’album. Gomont met en scène divers personnages qui incarnent différentes attitudes possibles et ne prend pas parti. Il utilise d’ailleurs la voix off, celle de Slava, pour rendre à travers le prisme de son regard, sympathique un Lavrine qu’on aurait pu présenter comme une ordure si l’on avait adopté un point de vue omniscient. L’auteur ne regarde jamais ses personnages de haut ni ne donne de leçons au lecteur.
WILD WILD EAST
En effet, loin d’être un pensum ou un traité « Après la chute » est tout d’abord un véritable récit d’aventures. Cette ruée vers l’or des années 1990 rappelle celle du XIXe siècle par son aspect sauvage : c’est le règne de la loi du plus fort. Les gens y sont sans foi ni loi. Dès les premières pages ça flingue à tout va ! On y trouve « Le bon » Slava, « la brute » Volodia, « le truand » Lavrine et on y ajoute même la belle Nina, Calamity Jane à la gâchette facile.
Le dessinateur plante la scène dans un décor grandiose en technicolor et en cinémascope. Il dépeint de grandes étendues de désert blanc neigeux ; il consacre de superbes grandes vignettes sur un voire deux strips à la mine de Tchiatoura creusée au milieu d’un canyon et alimentée par des téléphériques. Ce lieu authentique donne un aspect « Far-West à l’est » à l’album et constitue également un clin d’œil historique car ce fut le premier bastion du bolchevisme au temps où Staline détroussait les trains pour remplir les caisses du parti.
On a donc une sorte de western burlesque. Les personnages s’agitent dans tous les sens. Il y a beaucoup d’énergie dans le trait et plus encore que l’amour des lieux on ressent l‘amour des personnages.
UN HUMOUR DISTANCIE ET UN AMOUR DES PERSONNAGES
Les silhouettes sont élastiques, les visages exagérément expressifs voire cartoonesques. Ce style caricatural et jeté, insuffle immédiatement de l’humour et de la légèreté dans un sujet grave. Lavrine est petit et rond et Slava longiligne ce qui donne un côté comique à la Laurel et Hardy mâtinés de Christophe Blain. On serait tenté de parler de « Pieds Nickelés chez les Soviets » mais avec un duo au lieu du trio qui se transforme rapidement en un quatuor.
Au bagout et à la gouaille de Lavrine, succède le personnage « bigger than life » qu’est Volodia, un géant grand buveur de vodka qui se promène en slip tout au long de l’album. Tous deux sont inspirés de personnes ayant réellement existé que le jeune Pierre-Henry Gomont a rencontré durant ses séjours à l’Est. Volodia a le verbe imagé tandis que sa fille Nina a le sens de la répartie. L’auteur nous régale alors de dialogues à la Blier et d’aphorismes à la Audiard qui font souvent mouche.
Les onomatopées en cyrillique donnent l’impression d’être ailleurs et créent comme une bande son. Le dessinateur a imaginé une police de caractère qui rappelle le constructivisme communiste et qui retranscrit de façon phonétique des onomatopées françaises. Il joue beaucoup sur le côté graphique et utilise à plein le langage de la BD : comme dans l’ouvrage précédent, les bulles se déforment, serpentent, bondissent et parfois les mots sont remplacés par des images et cela crée des respirations drolatiques. Enfin, par la voix off de Slava : on obtient une distanciation et un humour un peu désespéré. Là encore Gomont surprend en refusant de traiter cette période sous l’angle du drame et en choisissant la comédie.
« Slava » devait au départ s’appeler « Les Nouveaux russes » car cet album évoque l’émergence d’une caste d’oligarques suite au pillage et à la dilapidation de l’héritage soviétique mais ce titre apparaissait à la fois polémique et réducteur. Jean Giono déclarait à propos de « Deux cavaliers de l'orage » : « Si j'écris l'histoire avant d'avoir trouvé le titre, elle avorte généralement. Il faut un titre, parce que le titre est cette sorte de drapeau vers lequel on se dirige ; le but qu'il faut atteindre, c'est expliquer le titre. ». Dans ce premier tome, Gomont « explique le titre » : Slava c’est tout à la fois le personnage éponyme qui s’interroge sur le bien-fondé de son art et le rôle de l’artiste, c’est aussi la peinture d’une société en mutation et l’expression d’une âme slave comme le suggèrent les consonnances. Ce titre polysémique et intrigant rend bien compte de la richesse d’une œuvre combinant documentaire, polar économique, critique sociale, causticité, lucidité, humour et tendresse dont on attend avec impatience les deux prochains volets !
Retrouvez des extraits de l'itw que nous a accordé l'auteur sur notre blog bulles2dupondt.fr
Dans les années 1990, alors que l'U.R.S.S. à explosé, les russes survivent comme ils peuvent.
Dimitri estime que tout peut se vendre et n'hésite pas à vendre même ce qui ne lui appartient pas.
Slava, artiste raté, suit , sans conviction, Dimitri dans ses manigances
Dans ce premier volume, nous suivons donc ces deux protagonistes qui font du trafic pour rembourser leurs dettes.
Pierre-Henry Gomont nous fait voyager à travers les étendues de cet immense pays qu'est la Russie et nous met face au destin de ses habitants qui ont dû se reconstruire après l'explosion de l'U.R.S.S. L'auteur arrive à nous décrire un drame avec humour et c'est une réussite. En effet, il n'est pas facile de parler de la misère des gens tout en donnant le sourire. Pierre-Henry Gomont y est arrivé.
Le petit plus de cette bande dessinée: les bulles en alphabet cyrillique. J'ai tenté d'en traduire quelques unes et il me semble que cela correspond bien à des onomatopées.
Nous retrouvons également le trait bien typique et plaisant de l'auteur .
Je savais qu'en lisant ce roman graphique, je ne serai pas déçue : un auteur que j'admire beaucoup et un pays qui me passionne (malgré les tristes événements actuels) donnent un album à ne surtout pas rater.
Un immense merci à Babelio et aux éditions Dargaud pour ce cadeau.
1991, c'est la chute de l'URSS... Le rêve, enfin l'utopie d'un monde parfait à partage égal est tombé... Pour autant, cette chute n'est pas une perte pour tout le monde. Dimitri Lavrine lui en profite en pillant à tout-va, pour s'en mettre plein les poches. Dans sa quête d'enrichissement personnel, il est accompagné de Slava Segalov, ancien étudiant en Arts, victime lui-aussi de ce déclin brutal du système, alors qu'il était promis à un grand avenir. Très loin de ses convictions, il a dû se rendre à l'évidence.. c'est terminé.. Il a donc décidé d'apprendre le commerce... auprès d'un escroc. Alors qu'une fois de plus ils sont en train de piller un bâtiment laissé à l'abandon, rien ne se passe comme prévu. Et ils vont devoir composer avec le passé et le présent, accompagnés de Nina et de Volodia son père, qui eux veulent encore défendre leurs idéaux et l'avenir de milliers de personnes.
En 2020, j'avais adoré lire "La fuite du cerveau" et encore plus, en 2018, "Malaterre" avec son personnage détestable. Pierre-Henry Gomont est un conteur hors pair, avec un graphisme identifiable du premier coup d'œil. Une fois de plus, il nous régale avec un récit rythmé et beaucoup d'humour. On y retrouve des personnages que l'on aime détester et d'autres que la maladresse et la naïveté rendent attachants sans pour autant être niais.
Tout y est, le récit, le trait, l'humour, l'histoire. Alors quand tout s'aligne, cela ne peut être qu'un coup de cœur. J'ai hâte de lire la suite et de savoir comment nos quatre comparses vont s'en sortir.
Une BD passionnante sur une période trouble de la Russie et finalement assez méconnue quant au quotidien de la population lambda. Tout ce qu'on a pu fantasmer sur l'ère post-URSS prend vie avec la plume de l'auteur, avec beaucoup d'humour et de vivacité.
On suit donc l'histoire de Slava, Lavrine, Nina, mais aussi des mineurs à moitié oubliés qui tentent de s'en sortir par différents moyens dans un pays à la dérive.
Même après le rouleau compresseur soviétique, l'âme russe est toujours bien présente sans compromis, pas de demi-mesure. Nous avons les pilleurs consciencieux et méticuleux, l'artiste parjure, les oligarques qui font du travail soigné de salaud, les mineurs idéalistes qui ne veulent pas lâcher leur utopie, etc.
On se retrouve donc avec un groupe de personnages mal assortis mais l'on imagine à l'image d'une partie de la population.
Le dessin est très dynamique et nous plonge avec maestria dans cette ambiance très éloignée de ce que l'on peut connaitre. J'ai hâte de lire la suite !
Après « Malaterre » et la » fuite du cerveau », Pierre-Henri Gomont nous emmène pour une trilogie dans la Russie des années 90, celle de l’après communisme.
On y suit Slava Segalov, un ancien artiste peintre qui tente de se faire une place dans ce nouveau monde en accompagnant Dimitri Lavrine, trafiquant sans scrupules, dans ses opérations douteuses, pillages des anciens bâtiments communistes notamment…
Les 2 compères vont se retrouver embarqués dans une vente de matériel industriel au profit d’ ouvriers ayant repris en main leur mine… Dont la jolie Nina et son père l’imposant Volodia.
C’est trépidant, enjoué, le dessin vif et dynamique de PH Gomont nous tient et ne nous lâche plus, on ne peut que suivre ces 2 pieds nickelés dans le contexte fou de ce pays entre décomposition et reconstruction. J’ai adoré l’humour omniprésent avec une voix off très réussie, le découpage très varié qui impose un rythme dingue, et on sent bien la volonté de Pierre-Henri Gomont de situer son trait « au plus près du rythme de lecture ».
Ces aventures dignes d’un far-west de l’est m’ont comblé ! Je me suis attaché à ces personnages qui tentent de s’adapter à une Russie à la croisée des chemins et j’ai hâte de les retrouver dans leurs prochaines péripéties !
Artiste peintre sans succès, Slava s'est associé à Lavrine, un trafiquant qui profite de toutes les opportunités qu'offre la chute de l'URSS pour tenter de s'enrichir.
Un soir, dans la montagne, leur camionnette est attaquée par des brigands. Ils sont sauvés par l'intervention de Nina qui, avec son père, se bat pour sauvegarder la mine qui fait vivre la région. Lavrine va évidemment avoir une idée pour récolter l'argent nécessaire à ce sauvetage...
L'idée de base de cette BD, profiter de l'instabilité qu'a générée la chute de l'URSS pour développer les aventures de Slava, est intéressante. Cela m'a rappelé celles du lieutenant Blueberry (Charlier et Girault, éditions Dargaud), dans un autre contexte en recherche de stabilité, celui de la conquête de l'ouest américain ; aventures qui ont égayé ma jeunesse et que je relis toujours avec plaisir...
D'ailleurs, il y a un peu du personnage de Blueberry chez Slava : mauvais garçon au grand cœur ; à moins que ce ne soit l'inverse ?
J'ai donc apprécié cette découverte, avec quelques bémols.
D'abord, il me semble qu'il y a des longueurs dans le récit. Peut-être par soucis de bien positionner les personnages dans ce premier tome ? Mais j'ai parfois eu envie de vite tourner certaines pages...
Ensuite, j'ai trouvé les dessins un peu trop simples et hachés, manquant parfois de couleurs... Mais j'ai découvert la BD il y a sans doute trop longtemps et j'ai souvent du mal à m'adapter à la BD actuelle.
Enfin, le graphisme des textes ne facilite pas la lecture, et c'est dommage.
Mais laissons l'auteur évoluer et tenir compte des retours des premiers lecteurs. J'ai très hâte de lire la suite !
Je remercie Babelio et les éditions Dargaud de m'avoir fait découvrir cette BD et son auteur.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/08/14/slava-tome-1-apres-le-chute-p-h-gomont-dargaud-hate-de-lire-la-suite/
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