"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec ce troisième tome de la trilogie « Slava », Pierre Henry Gomont (PHG) dénoue la dramaturgie des amitiés et amours condamnées dans cet univers de la Russie post communiste où rien n’arrête les nouveaux riches ; où les solidarités sont brinquebalantes ; mais où certaines forces de caractères et grandeurs de « l’âme russe » parviennent à subsister, même et y compris jusqu’à la mort.
L’histoire peut apparaitre noire (même si Slava, l’artiste peintre un peu naïf, à la confiance en soi elle aussi brinquebalante, parvient à traverser ce thriller économico – politico – mafioso … and Co). Mais Le dessin et la narration de PHG (à la fois novateur et fluide) sont très efficaces pour notre plus grand plaisir de lecteur.
Il faut prendre le temps de lire les 3 volumes pour apprécier les boucles et linéarités de cette histoire d’un auteur qui s’affirme dans le monde de la BD.
Résumons.
Slava est un artiste peintre plutôt raté qui accompagne Dimitri Lavrine, un escroc professionnel qui fait des affaires sur le dos de la déliquescence de la Russie communiste. Slava tombe amoureux de Nina dont le père Volodia tient une mine prête à fermer. Lavrine tentait de vendre le matériel de la mine avant de disparaître.
Dans ce troisième et ultime tome de la trilogie de Pierre-Henry Gomont, Slava va redémarrer sa carrière de peintre, Nina croit avoir trouvé le client idéal pour écouler son minerai, Volodia a le cœur qui lâche et Lavrine revient...C'est toujours aussi rythmé avec une voix off qu'on laisse aisément nous guider dans les coulisses de cette Russie qui éclate. Cette fin de récit est très réussie, entre rires et larmes et j'ai quitté des personnages auxquels j'étais attaché....
Côté dessin, j'ai déjà dit tout le bien que je pensais du travail de Pierre-Henry Gomont. Et comme dans les deux tomes précédents, le trait est vif, "au plus près du rythme de lecture" pour reprendre son expression. Cela donne des pages pleines de vie, de mouvement avec des dialogues savoureux menés par des personnages épais et campés comme on aime !
"Nous sommes en Russie et chez nous, les histoires ne finissent pas bien."Voilà une trilogie formidable qui se termine, un véritable régal de lecture de bande dessinée !
" Mais on peut avoir des convictions et les défendre sans être pour autant un fanatique, non ?"
Pereira, est obsédé par la mort. S’il croit au salut de l’âme, il se demande s’il sera alors débarrassé de son corps, qui le gêne tant. Pereira, vit dans le passé, solitaire, il continue de discuter avec sa femme décédée, et semble coupé du monde réel. Pourtant, Pereira les voit ces hommes arrêtés violemment par la police, mais bien que journaliste, il se réfugie dans ses traductions, en se répétant que le journal pour lequel il travaille ne s’occupe pas de politique. Cependant, interpellé par un mémoire sur la mort, il va rencontrer son jeune auteur et le payer pour des nécrologies anticipées. Les articles du jeune homme sont subversifs et inutilisables, mais Pereira persiste à le contacter, une étincelle est-elle en train de s’allumer en lui ?
Adaptation du roman d’Antonio Tabucchi (que je n’ai pas lu, mais que j’ai désormais très envie de découvrir), cette BD nous plonge au Portugal sous la dictature de Salazar, juste avant la Seconde Guerre mondiale. Pereira est un personnage qui pourrait sembler insignifiant au départ, nostalgique, et autocentré, il paraît être le genre d’homme qui se contentera de baisser le regard face aux injustices. Mais quelques rencontres vont peu à peu le métamorphoser, Pereira quitte sa bulle et pose un nouveau regard sur ce qui l’entoure. Nous sommes embarqués avec ce « monsieur tout le monde », nous partageons ses désillusions, ses angoisses, et ses prises de risques, jusqu’au dénouement qui est magistral. La dernière page, avec sa mise en image sobre et l’intensité de son texte, m’a donné des frissons.
Une histoire plus que jamais nécessaire !
Alors lecteur, ne sois pas passif, ne laisse pas le fascisme gagner, lis Pereira Prétend et résiste !
Tandis que Nina et son père, aidés de Slava, tentent toujours de sauver leur mine, Lavrine, amputé de la main droite, erre en ville à la recherche d'une arnaque à monter. Il réussit à escroquer les détenteurs de bons de privatisation de l'industrie, avant d'être recruté par une étrange femme d'affaires qui fait de lui son bras droit.
Du côté de la mine, Slava et Nina filent le parfait amour, sous le regard bienveillant du père de cette dernière.
Le scénario de la bande dessinée continue à exploiter les errements de la fin de l'empire soviétique et du dépeçage de son économie par quelques oligarques bien introduits auprès du nouveau pouvoir.
Mais, pour forger les personnalités des principaux protagonistes, l'auteur s'égare parfois dans de multiples digressions, et l'on a alors un peu de mal à suivre tous les fils et à comprendre où il veut emmener ses lecteurs.
Après avoir lu le tome 1, il y a près d'un an et demi, j'avais très envie de découvrir le tome 2. C'est malheureusement une petite déception...
Je l'ai déjà dit, le scénario est quelque peu déroutant...
Il me semble ensuite que l'auteur hésite à choisir son héro. Le titre est bien "Slava", mais la place laissée à Lavrine entretient un doute. Et finalement, n'est-ce pas Nina et son combat qui prennent la première place ?
Le graphisme des images a peu évolué ; peut-être un peu plus coloré ? J'ai bien aimé l'utilisation de petits dessins plutôt que d'onomatopées dans les bulles de dialogue pour décrire les réactions des personnages.
Enfin, ce qui m'a le plus gêné, c'est le graphisme des textes. Je ne sais pas si c'est ma vue qui a baissé et mes lunettes qui ne sont plus adaptées, mais la lecture des textes a été pénible : utilisation exclusive de majuscules, lettres manquant de rondeurs et souvent trop petites, notamment les narrations entre images. J'attendais une amélioration par rapport au tome 1, et je constate plutôt une régression. Dommage !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2024/01/07/slava-2-les-nouveaux-russes-de-p-h-gomont-chez-dargaud-petite-deception/
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