"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Londres 1903. Sherlock Holmes est au plus mal. Watson est appelé au célèbre appartement de Baker Street, dans lequel le détective a provoqué un incendie. Un accident selon Holmes, qui ne semble plus maîtriser son addiction aux psychotropes, surtout depuis une malheureuse affaire de prise d'otage dans laquelle il a échoué et qui a contribué à brouiller les deux amis. La réputation de Holmes est sévèrement entachée.
Mycroft, son frère, et Watson vont essayer de réveiller l'enque^teur en lui. Une affaire de mystérieuses noyades tombe à point nommé. Et si Sherlock et Watson entreprenaient le voyage sur le continent pour démontrer au monde que Sherlock Holmes est toujours le plus brillant des détectives ?
Construit d’une main de maître, captivant, « Sherlock Holmes et l’affaire des noyades bleues » est une réussite hors pair. Ce genre de roman tiré au cordeau, habile et dont le ton révèle une écriture digne d’une enquête en 1903. Peu de couleurs, si ce n’est ce bleu pleine-page qui est un protagoniste à part entière. On pourrait penser à un pastiche, un clin d’œil, un livre gémellaire des célèbres enquêtes de Sherlock Holmes. Ici, nous sommes dans l’exactitude d’une même ambiance, des personnages connus qui resurgissent. Dans une cour des grands où il fait bon déambuler.
Sherlock Holmes est en perte d’estime de lui-même. Suite à une enquête au dénouement malheureux, il est en proie au vacillement, à l’addiction de stupéfiants, à l’insomnie. Il sombre dans une dépression. Banni côté ville, son aura s’effrite. Mycroft son frère, et Watson vont le bousculer. L’inciter à mener une nouvelle enquête qui serait en quelque sorte sa réhabilitation côté ville, et thérapeutique pour lui-même. Tout cela, il ne le sait pas et tout doit être proposé discrètement, avec pour seul mobile sa capacité d’être le meilleur détective possible.
L’écriture s’efface. Si aérienne, parfaite que l’évènementiel est transmutation. Nous sommes en plongée au cœur même d’une histoire de grande capacité cinématographique, de Londres à Colmar avec Watson et Sherlock Holmes.
Le périple est apprenant. La cartographie de Colmart par Jérôme Hohl urbaniste ne laisse rien au hasard. Tout est fidèle à l’époque et cette mise en abîme est une boussole.
« La ville de Colmar s’affiche à la une de tous les journaux outre-Manche. La capitale des vins d’Alsace fait face à une série de crimes inédits qui mettent en échec les autorités locales depuis plus de trois mois. »
Les meurtres ont tous la même particularité. Ils sont noyés avec de l’encre bleue. Quel est ce message ? Sherlock Holmes prend vigueur, retrouve ses capacités, ce flegme pragmatique et précieux. L’ambiance est le papier calque d’une époque avec son idiosyncrasie, ses habitus. Jérôme Hohl tire les ficelles. Il est l’ombre de Sherlock Holmes. Nous sommes dans le grand art et c’est là, le point d’appui de ce livre qui est fidèle et aux personnages et à l’intrigue et ses palpitations. La trame rend hommage au culte de Sherlock Holmes.
Que va-t-il se passer ? Le bleu étire son arborescence. Les gestuelles et réflexions somment la beauté de ce livre majeur et appliqué. Colmar est à grande-échelle. On pressent Jérôme Hohl fin connaisseur des diktats de Colmar. Des ruelles, aux pierres, et des noms des rues. Rien n’est figé, tout est vivifiant, en action et bleu-encre .
« Sherlock Holmes et l’affaire des noyades bleues » est dans cet havre d’humanité. Quant au relationnel entre les protagonistes. Mycroft est une pièce maîtresse de ce grand livre, le veilleur.
Ce roman policier est siamois des ancestraux classiques qui ornent nos bibliothèques et nos mémoires. Quelle gageure ! Son charme est délicat, son olympien, sa force vive.
Un tour de force !
Vous ne verrez plus jamais l’encre bleue de la même façon.
« Apprendre à toujours se méfier » à l’instar de Prosper Mérimée. Tel est l’adage de ce livre qui est un véritable compagnon pour vos soirées d’hiver frileuses et sombres.
Un encrier bleu majeur et dont la plume qui s’invite est d’une écriture époustouflante.
En lice pour le prix Hors Concours 2022/2023 des Éditions Indépendantes. Publié par les majeures Éditions Astrid Franchet.
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