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Sept gingembres

Couverture du livre « Sept gingembres » de Christophe Perruchas aux éditions Rouergue
  • Date de parution :
  • Editeur : Rouergue
  • EAN : 9782812619878
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

C'est un père attentionné, un manager toxique, un mari aimant, mais aussi un prédateur sexuel, un publicitaire exsangue, une victime des temps qui vont, un coupable sans aucun doute.
Il vit, on le suit, caméra à l'épaule, instantanés de ses maintenant, haïkus éclatés, qui vont nous révéler... Voir plus

C'est un père attentionné, un manager toxique, un mari aimant, mais aussi un prédateur sexuel, un publicitaire exsangue, une victime des temps qui vont, un coupable sans aucun doute.
Il vit, on le suit, caméra à l'épaule, instantanés de ses maintenant, haïkus éclatés, qui vont nous révéler petit à petit l'ensemble de l'image, pixel après pixel.
Toutes ces zones grises sont autant de nuances qui finissent par constituer un visage familier : celui de l'époque.
Qui s'achève dans la chute d'un mâle blanc, quadragénaire, asphyxié par un système dont il est le combustible.
En véritable sismographe, Christophe Perruchas enregistre cet effondrement qui fait écho à celui d'un vieux monde à bout de souffle.

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Avis (15)

  • Sept gingembres
    Je l’avoue, j’ai commencé ce livre par un refus d’obstacle
    Sans un petit coup de pouce externe, j’aurais abandonné sur un premier chapitre un peu nébuleux
    C’est marrant d’ailleurs, en musique je serais plutôt Bolero, Ravel, entrée progressive de chaque instrument et climax...
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    Sept gingembres
    Je l’avoue, j’ai commencé ce livre par un refus d’obstacle
    Sans un petit coup de pouce externe, j’aurais abandonné sur un premier chapitre un peu nébuleux
    C’est marrant d’ailleurs, en musique je serais plutôt Bolero, Ravel, entrée progressive de chaque instrument et climax assuré en un point désiré du morceau plutôt que Wagner et la charge immédiate des Walkyries
    Mais en littérature j’aime avoir la sensation d’avoir couru pour ne pas rater un train qui m’emporterait fenêtres ouvertes, le vent violent me coupant le souffle
    Et pourtant
    Et pourtant, ce livre confirme une fois de plus mon adage
    « Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des lectures » (poke Julien Delorme)

    Bien sous tous rapports, Antoine a réussi sa vie
    Dans un sens très « fin de XXème siècle » qui se serait égaré au XXIème et viendrait se heurter violemment aux parois tel une guêpe prise au piège sous un verre un soir d’été
    Ce roman réunit tant de qualités qu’il m’est difficile de focaliser sur une en particulier
    Une écriture belle, fluide, exigeante, ensorcelante aussi tant l’auteur sait emporter exactement là où la plume l’a amené
    Rudement bien fichu aussi, efficace même, sans que le style soit sacrifié à l’autel de l’intrigue, d’une manière si remarquable que je n’ai pas vraiment réussi à le raccrocher à une famille ou un univers d’auteurs, à tel point qu’il se pourrait bien que, un jour, je parle du livre de quelqu’un d’autre dont l’écriture se rapprocherait de Perruchas

    Si ce roman était un humain, on pourrait donc dire qu’il est très beau et très intelligent, qu’il allierait la force tranquille d’une relation dont on sait qu’elle va durer à une passion dévorante, un truc qui ne peut vraiment exister qu’en littérature

    Un récit, enfin, que la facilité pourrait qualifier de contemporaine, tant elle entre en écho avec la réalisation qu’on connaît tous un Antoine
    Vous remarquerez que je ne parle quasiment pas de l’histoire, ce n’est pas de la paresse mais du respect, pour toi, lectrice, lecteur, car tu vas pouvoir découvrir presque vierge un premier roman et n’avoir qu’une envie, lire son deuxième qui vient de naître

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  • Antoine, sémillant quadragénaire, occupe un poste de directeur dans une agence de pub en vue. C’est un homme de son époque, emploi branché dans une boite de pub, fil d’actualité des réseaux sociaux qu’il sait utiliser à son avantage, Like et hashtags, il manie les technologies comme un pro et...
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    Antoine, sémillant quadragénaire, occupe un poste de directeur dans une agence de pub en vue. C’est un homme de son époque, emploi branché dans une boite de pub, fil d’actualité des réseaux sociaux qu’il sait utiliser à son avantage, Like et hashtags, il manie les technologies comme un pro et sait en tirer profit.

    Dans sa relation avec les femmes il ose tout, harcèlement, drague, blagues vaseuses, réflexions désobligeantes, regards appuyés, rien ne lui fait peur puisqu’il s’arroge tous les droits. À l’heure de #metoo, ce genre ce comportement pourrait paraître obsolète, mais pour ce manager toxique, c’est normal. Les femmes sont des objets dont il apprécie les formes, la saveur, l’odeur. Il le leur dit, le leur écrit, et par ses regards concupiscents, leur montre clairement ses objectif sans aucune retenue. Jusqu’au jour où l’une d’entre elle se rebelle.

    À ce parcours toxique viennent s’intercaler sept épisodes plus personnels. Des moments de sa vie de couple partagés sur les réseaux à bon escient pour s’attirer les bonnes grâces du cercle des proches et de tous ces faux amis qui viennent le voir évoluer derrière l’écran. Parade amoureuse, fierté de mâle qui exhibe son bonheur pour asseoir sa réputation.

    Et pourtant, où se trouve la réalité de sa vie, puisque le roman débute avec un homme qui s’interroge sur sa vie d’avant, la normale, l’acceptée, sur sa futilité et son utilité, depuis sa chambre de l’hôpital psychiatrique sainte Anne, là où l’on tente de soigner les malades mentaux.

    Un roman déroutant et intéressant tant par son écriture soignée, son rythme ni linéaire ni classique, que par les nombreuses questions qu’il soulève. il nous fait entrer dans les pensées de celui par qui le scandale arrive. Ce personnage principal que l’on a envie de détester. Ce mâle imbu de sa personne, à la personnalité difficile à décrypter, harceleur mais également mari aimant et père attentif. Ce collègue qui a largement dépassé les limites de la correction, prédateur sexuel ou ce fou qui se demande comment il en est arrivé là.
    ma chronique complète est en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/08/05/sept-gingembres-christophe-perruchas/

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  • Dans ce premier roman Christophe Perruchas se place dans la tête d'Antoine, cadre supérieur dans une agence de publicité et prédateur sexuel. A 43 ans il se sent vieux, le pauvre chéri qui a tout réussi jusqu'à présent. C'est un de ces hommes à l'humour lourd qui harcèle sans états d'âme toutes...
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    Dans ce premier roman Christophe Perruchas se place dans la tête d'Antoine, cadre supérieur dans une agence de publicité et prédateur sexuel. A 43 ans il se sent vieux, le pauvre chéri qui a tout réussi jusqu'à présent. C'est un de ces hommes à l'humour lourd qui harcèle sans états d'âme toutes celles qu'il approche. Les difficultés économiques ne font qu'exacerber ses mauvais penchants. Les femmes sur sa route ne sont que des petits extras interchangeables et sans conséquences. Mais voilà, nous sommes à l'époque de MeToo et ce pervers narcissique n'a pas compris qu'il était temps de mettre un frein à ses habitudes de mâle dominant.
    Le récit fait alterner des moments de vie décrits froidement, avec des coq-à l'âne saugrenus, comme le passage sur le lapin. C'est un constat clinique et cependant un peu fouillis, haché, que nous livre l'auteur. Il ne donne aucune circonstance atténuante à l'homme, par ailleurs bon père et mari correct. L'auteur étant lui-même un publiciste, il décrit un milieu qu'il connaît bien. Son personnage est représentatif de ces requins aux dents longues qui sont prêts à tout pour assouvir leur soif de pouvoir.
    Ce roman est dérangeant. Je n’ai, bien évidemment, aucune mansuétude pour ce pervers à l’ego surdimensionné aussi aurais-je aimé que l'auteur soit plus incisif. Et puis j'ai trouvé la fin trop facile. Se réfugier en HP est une solution bien arrangeante, sans doute pense-t-il qu’à son réveil il pourra reprendre le courant de sa vie. La petite pilule rose qui va l’endormir ne réglera pas le problème de toutes les femmes qu’il a humiliées.
    https://ffloladilettante.wordpress.com/2021/06/28/sept-gingembres-de-christophe-perruchas/

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  • #MeToo #balancetonporc dans la com... #Livreànepasoffriràbellemamansansunelecturepréalable...

    Pour ce premier roman, Christophe Perruchas nous dépeint un univers où il a longtemps travaillé, celui de la communication et de la publicité.

    Il met en scène un personnage, Antoine, un type âgé...
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    #MeToo #balancetonporc dans la com... #Livreànepasoffriràbellemamansansunelecturepréalable...

    Pour ce premier roman, Christophe Perruchas nous dépeint un univers où il a longtemps travaillé, celui de la communication et de la publicité.

    Il met en scène un personnage, Antoine, un type âgé de 43 ans qui est un maître dans le milieu, mais pas seulement pour sa réussite professionnelle... Outre une façade d'un homme sympathique mais à l'humour un peu lourd, un père aimant et un mari attentionné, Antoine est une sorte de pervers sexuel qui ne voit le sexe féminin que comme une chair fraiche à consommer et à jeter après utilisation.

    L'histoire se passe justement en 2017, je vous laisse imaginer la suite...et la chute...

    Cet ouvrage m'a rendue assez perplexe et j'ai eu beaucoup de mal à accrocher. Pourtant Christophe Perruchas a réalisé un travail assez poussé pour nous faire entrer dans la tête de son personnage qui a une imagination plus que débridée. Je félicite le choix de la couverture que je trouve magnifique et qui parle d'elle-même. Celle-ci illustre parfaitement la relation de domination et de manipulation de notre personnage sur la gente féminine...

    Ps: J'ai apprécié la petite note au début de l'ouvrage expliquant l'utilisation du gingembre dans la cuisine japonaise traditionnelle.

    #68premièresfois

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  • Lu dans le cadre de la sélection 2021 des 68premièresfois
    Donné la parole au méchant et non au victime. Antoine est un mâle blanc qui travaille dans la publicité et que rien ne semble vouloir arrêter. Il est pourtant au début du livre à Saint Anne : «Je m'appelle Antoine, je vis depuis quelques...
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    Lu dans le cadre de la sélection 2021 des 68premièresfois
    Donné la parole au méchant et non au victime. Antoine est un mâle blanc qui travaille dans la publicité et que rien ne semble vouloir arrêter. Il est pourtant au début du livre à Saint Anne : «Je m'appelle Antoine, je vis depuis quelques semaines au milieu du 14e arrondissement de Paris, dans cet endroit que j'ai toujours regardé avec fascination avant d'avoir à y dormir. L'hôpital Sainte-Anne ne comporte plus aujourd'hui que deux pavillons dédiés à l'accueil permanent.» Puis nous allons mieux le connaître cet Antoine : mari attentionné depuis 20 ans et père de deux enfants, directeur de création dans une agence de pub et surtout prédateur sexuel. Mais la chute va arriver : une visite d'un inspecteur du travail, quelques collègues femmes qui parlent, une enquête dans un journal sérieux .. L'auteur donne la parole à cet homme, qui ne comprend pas trop ce que l'on pourrait lui reprocher, un comportement machiste, un peu lourd avec les demoiselles : eh alors !!!
    Un texte dans notre époque, des photos likées sur les réseaux sociaux, mais bizarre les likes diminuent au fils des pages.
    Un premier roman percutant, troublant, révoltant mais une sacrée lecture.

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  • Antoine, la quarantaine, une famille unie et heureuse si l’on en croit les instantanés idylliques qui ponctuent les événements de leur vie quotidienne sur les réseaux sociaux, approuvés par autant de likes dont la signification pourrait être l’objet d’un débat.

    Pourtant quand on fait sa...
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    Antoine, la quarantaine, une famille unie et heureuse si l’on en croit les instantanés idylliques qui ponctuent les événements de leur vie quotidienne sur les réseaux sociaux, approuvés par autant de likes dont la signification pourrait être l’objet d’un débat.

    Pourtant quand on fait sa connaissance, il est pensionnaire à l’hôpital psychiatrique ! Comment en est-il arrivé là ? C’est toute la question.

    En fait, derrière la vitrine au décor soigné se cache une tout autre réalité. Antoine aime les femmes, sa femme, sans doute, mais aussi beaucoup d’autres. Y compris sur son lieu de travail, dans une boîte de pub. Les regards qui jaugent, les sous-entendus, les blagues sexistes, mais aussi les messages coquins, Antoine fait feu de tout bois pour bien asseoir son statut de mâle dominant. Jusqu’à ce que le vent tourne et qu’une de ses cibles porte plainte, encourageant ainsi d’autres collègues à révéler les sévices subis, qu’ils soient moraux ou physiques. Un comble pour ce cadre responsable d’une boîte qui a signé une charte anti-harcèlement. Comme si cet engagement était un argument en faveur de son innocence ! Et c’est la descente aux enfers.

    Le gingembre est là entre chaque chapitre, jouant le même rôle de repos des papilles traditionnel dans la gastronomie japonaise. Le mari, le prédateur, le fou, autant de facettes d’un même personnage.

    Le portrait à charge du personnage est sans appel, son arrogance, son assurance quant une impunité, renforcent encore l’image négative. Et sous ses traits à peine caricaturaux, il n’est pas difficile d’en superposer d’autres, qu’on a pu croiser dans la vraie vie, tant l’histoire est, hélas, banale.

    Ce premier roman bouscule, dénonce, avec beaucoup d’assurance, les abus d’un pouvoir injuste, dans une langue musclée et directe. Impressionnant.

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  • Voilà un livre dont j'ai eu un mal infini à lire jusqu'à son terme.

    Un récit à la première personne très haché, cru à l'extrême (et je ne suis pas du genre à s'effaroucher facilement), vulgaire et  très négatif à l'égard de ce personnage dont s'enchaînent les facettes, si celle de pére est la...
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    Voilà un livre dont j'ai eu un mal infini à lire jusqu'à son terme.

    Un récit à la première personne très haché, cru à l'extrême (et je ne suis pas du genre à s'effaroucher facilement), vulgaire et  très négatif à l'égard de ce personnage dont s'enchaînent les facettes, si celle de pére est la plus respectable, celle de mari pourrait passer si celle de furieux pervers narcissiques ne l'entravait gravement. Les chapitres courts s'enchaînent sans fil réel, les personnages se bousculent (on passe du coq à l'âne), c'est lourd et quand il s'agit du côté pervers du personnage (un publicitaire côté), c'est carrément immonde tant la caricature est excessive et extrême. Si ce dernier point pourrait servir au récit et à l'intrigue, pourquoi pas mais pour moi ce n'est surement pas le cas..... Un mix entre Brett Easton Ellis et Frédéric Beigbeder en pire.

    De multiples raisons ont donc  joué contre ce récit  de Christophe Perruchas pour moi; la forme, que j'ai trouvé trop indigeste, le fond qui n'apporte rien de plus au débat et la violence visuelle qu'il instille. Une chose est sûre, pour relier ce livre à un autre ouvrage sélectionné ; "Les Orageuses" auraient matière à intervenir sur ce personnage abject à tout niveau

    Je ne sais pas si l'hyper activité de dénonciation de ces deux dernières années dont les médias en manque de sensationnel mais aussi les féministes les plus extrêmes nous rabattent les oreilles comme la multiplication de livres dans cette veine commencent à me lasser, me hérisser mais pour moi c'est le livre de trop.

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  • « Songe aux prédateurs. Les plus efficaces ne sont pas nécessairement ceux qui se jettent sur leur proie pour la capturer de force. Ils la traquent, l’appâtent et parfois la séduisent. » - Un stagiaire presque parfait, Shane Kuhn

    « Je m'appelle Antoine, je vis depuis quelques semaines au...
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    « Songe aux prédateurs. Les plus efficaces ne sont pas nécessairement ceux qui se jettent sur leur proie pour la capturer de force. Ils la traquent, l’appâtent et parfois la séduisent. » - Un stagiaire presque parfait, Shane Kuhn

    « Je m'appelle Antoine, je vis depuis quelques semaines au milieu du 14e arrondissement de Paris, dans cet endroit que j'ai toujours regardé avec fascination avant d'avoir à y dormir. L'hôpital Sainte-Anne ne comporte plus aujourd'hui que deux pavillons dédiés à l'accueil permanent. »

    Ce « je » qui nous parle avait tout : il portait beau la quarantaine, avait un job à responsabilité dans une agence de pub, une épouse aimante, deux enfants adorables. De l’argent et le pouvoir qui va avec.
    Ce « je » a tout perdu. Dure a été la chute. Pourquoi ? Comment ?

    Pour son 1er roman, Christophe Perruchas a décidé d’aborder de manière inattendue un thème très en vogue dans la littérature contemporaine : le harcèlement sexuel dans le milieu de l’entreprise. L’originalité vient du point focal : l’auteur place le lecteur dans la tête du prédateur. Cette position aussi ingénieuse que désagréable laisse augurer une lecture éprouvante d’un inconfort total. C’est là le véritable intérêt de ce roman, par ailleurs sans suspens aucun, puisque les premières pages annoncent la fin.

    « Comment on franchit la limite ?
    Dans ma vie d’avant, il n’y a pas si longtemps encore, je me suis parfois demandé pourquoi je n’étais pas où je suis maintenant, dans la salle de ce restaurant gris d’hôpital, gris, lui aussi, plutôt qu’au bureau, discussions anodines de machine à café, entouré de D.G.A. à la petite trentaine, en costumes bien coupés, sourires blancs, dents effilées, chauves-souris décharnées, nuances d’Hugo Boss. »

    Sa vie d’avant, celle du dehors, celle d’avant la vie du dedans.
    « Dedans », « Dehors » sont les seuls titres des chapitres qui vont alterner tout au long de ce court roman mené tambour battant par un flux d’écriture et de pensées inendiguable.
    « Dedans », l’hôpital Sainte-Anne, un monde qu’il a découvert en rendant visite au frère de son meilleur ami. Un monde ouaté, où l’on peut (s’)oublier, se laisser glisser, n’être plus qu’un parmi d’autres, un anonyme qui n’a plus de compte à rendre à quiconque.
    « Dehors », le monde de l’agence de pub, celui de la compétitivité et de la compétition, un monde concurrentiel où tous s’observent, se j(a)ugent. Dans ce monde sans merci, Antoine évolue à son aise.

    « Je suis embarqué dans cette guerre, économique, de tous les instants, je me bats pour des intérêts qui me dépassent, je ne me bats même pas pour moi, mais pour des gros types, chemises à manches courtes, qui s’encrassent les artères avec des barbecues et de la bière lite. Des retraités, paraît-il. De Wenatchee ou d’ailleurs. »

    Fort de sa position, il lui est arrivé d’avoir des mots salaces et des gestes déplacés envers des femmes dont en fin observateur il a entr'aperçu les failles, et qu’il ne voit qu’en objet. En trophée ? Toujours aux aguets, les pensées scabreuses qui occupent constamment son esprit (au bar, au travail, dans le train…) ont souvent précédé l’acte.
    Consenti ?

    « Il est encore tôt, les bureaux sont presque déserts, je passe devant celui de Laura, je la salue d’une voix enjouée. Elle me rejoint quelques secondes plus tard. Contre la porte, mes paumes sur ses joues, furtivement, je lui prends la lèvre inférieure. Elle se laisse faire en fermant les yeux. »

    La zone grise est un sujet délicat que Sept gingembres effleure maladroitement, puisqu’à aucun moment l’auteur ne laisse supposer que ces femmes ne sont pas consentantes. C’est là, précisément là, que Christophe Perruchas m’a perdue. Je n’ai éprouvé aucune empathie pour cet homme - c’est évident -, mais guère plus pour les victimes - ce qui l’est moins. Mais comment le pourrais-je quand je lis un passage tel que celui qui suit ?

    « Je lui rembourse toujours la chambre, gentleman. La première fois où j’ai posé les 100 euros sur la table – on ne fait jamais de carte bleue, clandestins, c’est un peu ridicule, oui – elle m’a dit que ça lui faisait drôle de les voir là les billets, coincés sous le vilain sous-main en cuir grêlé ; qu’elle avait l’impression de se vendre. Je me souviens lui avoir demandé, en souriant, si c’était une sensation désagréable, pas vraiment, parce que ça n’est pas le cas, c’est même, je ne sais pas, un peu excitant de recevoir de l’argent pour ça. »

    Comment sincèrement s’étonner qu’Antoine lance

    « C'est devenu tacite, Laura est ma pute, on n'en parle plus jamais, je vois ça comme une façon de lui donner l'augmentation que le groupe lui refuse... Paradoxalement ça la libère, elle fait bien mieux la pute que les comptes-rendus de réunions. »

    Oui, j’en conviens, c’est odieux, cru, dégoûtant, avilissant, et Antoine, prédateur incapable du moindre repentir, mérite d’être poursuivi quand l’une d’elles porte plainte. Tout comme il mérite d’être lâché dans la foulée par le président et pourtant ami, Frédéric Demazis soucieux de conserver un semblant d'intégrité à l'agence dont « le double motto Dare and Benevolence [...] est affiché en grandes lettres bleues, sur le blanc du mur ». Non, Antoine n’était pas seulement « lourd », il est bien pire que cela, et j'attendais d'autres barreaux que ceux de Sainte-Anne pour tout vous dire ! Pour autant, il m’est difficile de compatir au sort d’une Laura par exemple, autrefois si prompte à le relancer en lui envoyant des « miss you » par SMS et qui maintenant s’offusque :

    « Et puis ça a commencé à devenir dégueulasse, je veux dire vraiment dégueulasse, ta politique des petits pas, de moins en moins là, tu me parlais mal en réunion, tu m'humiliais devant les autres. Et puis un SMS, j'étais ton jokari, plus tu tapais fort, plus je revenais vite. »

    Pardon, mais suis-je la seule à trouver que c’était « dégueulasse » bien avant cela ? Suis-je trop bégueule ?

    Si réussite il y a, elle est à chercher dans le parti pris narratif, l’écriture tranchante et elliptique, et la construction astucieuse de ce roman. Le lecteur n’oublie jamais, pas une seule seconde, qu’il est dans la tête d’un homme abject qui, à aucun moment, ne se soucie de ce que les femmes peuvent ressentir. Il prend, il s’amuse, il jette en toute impunité. C’est dérangeant et glaçant, parce que sans filtre.
    Les sept gingembres du titre sont d’habiles interludes qui trouvent leur place naturelle dans le récit.

    « Dans la cuisine japonaise traditionnelle (Nihon ryōri) le gingembre est ce qui sépare les plats de poisson cru, ce qui permet au palais de retrouver une certaine virginité entre deux saveurs.
    De réinitialiser, reset, l’ensemble du circuit rétronasal. »

    De là à « retrouver une certaine virginité » entre deux chapitres nauséabonds, mieux vaut ne pas y compter ! On y découvre toutefois l’autre facette d’Antoine, père et mari attentionné. Sur les réseaux sociaux, il met en scène sa réussite professionnelle et son bonheur familial comme il le ferait pour le produit d’un de ses clients. Le lecteur attentif notera toutefois que la longueur de ses publications, qui montrent un idéal savamment retouché pour faire moisson de like, emoji, cœurs et autres #, diminue au fur et à mesure que l’on s’achemine vers la fin du roman et que se scelle le sort d’Antoine : 3 pages, 1 page et demie, 1 page, une demi-page, 2 paragraphes, 1 paragraphe, quelques lignes... comme pour prédire sa faillite personnelle alors qu’il ne peut plus donner le change, que ses amis prennent leurs distances et que s’amorce la dégringolade. Inéluctable.

    De cette lecture, je ressors perplexe, pour ne pas dire déçue. Quand j’en arrive à lever les yeux au ciel sur un sujet tel que celui-ci, c’est que quelque chose cloche, n’est-ce pas ?
    Certes, Christophe Perruchas connaît très bien le milieu dont il parle, puisqu’il en vient. Il en connaît la langue et les codes. Il a un style particulier : son écriture est affûtée et son texte offre quelques trouvailles d’expressions tout à fait savoureuses. Le lecteur est emporté dans le flux et respirer lui devient difficile. C’est oppressant et c'est très, très bien fait. En donnant la parole à cet homme haïssable qui prend de plein fouet la déflagration quand l’une de ses victimes appuie sur « #metoo le bouton nucléaire », l’auteur sort du point aveugle, lui préférant un angle nouveau qui manquait jusqu’à présent en littérature. Du moins à ma connaissance.
    Cependant, la frontière flottante que l’auteur dessine, comme à regret, presque avec réticence, entre victime et coupable m’a interdit de m’attacher à un quelconque personnage, et c’est peut-être ce qui m’a, somme toute, le plus contrariée avec Sept gingembres, dans l’air du temps certes, mais qui ne creuse pas assez son sujet.

    1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
    https://www.calliope-petrichor.fr/2021/03/09/sept-gingembres-christophe-perruchas-le-rouergue/

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