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10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
J’ai lu ce roman qui fait partie de la sélection des @68premieresfois , mais ici, nous sommes sur le second roman de l’auteur.
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Un roman à deux voix, d’un côté le fils, de l’autre la mère.
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J’ai été touché par ce fils, que la vie n’a pas épargné. Il perd son père, puis quelques temps après sa mère l’efface de sa mémoire. Cet enfant qui se retrouve seul et contraint de vivre chez son oncle.
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J’ai été ému de le voir revenir dans la maison de son enfance, le voir redécouvrir sa mère, la folie de sa mère, l’état de la maison dans laquelle elle vit…
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Une lecture très touchante !
"Personne n'a pu éteindre cette colère, je la sens quelquefois encore, acide, tapie, tout juste endormie, prompte à escalader n'importe quel prétexte [...] pour sortir sa tête monstrueuse et mordre, déchirer, mâcher ceux qui passent à sa portée, les proches, ceux qui aiment et qu'elle lacère sans retenue. Personne n'a réussi..."
Dans la première partie, deux voix alternent. Celle de la mère qui ne parle jamais en utilisant le "je" mais uniquement "on". D'abord la perte d'un bébé, l'enfant Jean, puis la mort du père, vont la faire progressivement glisser dans la folie et un jour elle en oubliera qu'elle a un autre fils, de 15 ans, vivant lui, le second narrateur. Au point qu'il sera confié à son oncle et sa tante, devant tout quitter, lycée, petite amie, copains, cours de théâtre...
Sa mère l'a "orpheliné de son vivant".
Vingt après, marié et père de famille, il éprouve le besoin de re(de)venir (un) fils pour sa mère, de retrouver une place auprès d'elle, de faire le deuil impossible de cette enfance brisée pour pouvoir enfin avancer et cesser de jouer la comédie de celui sur qui tout glisse... Mais à quel prix ?
"L'espace où vit ma mère n'est constitué que de minutes arrêtées, d'époques qu'elle a traversées autant qu'elles l'ont traversée. Ma mère immobile au centre de son univers, dans son big-bang à l'envers, les murs toujours plus proches, toujours moins de place où circuler. Son univers est en contraction, il s'effondre sur lui-même. Il arrivera un moment où il l'engloutira. Fatalement. Quand elle ne pourra plus accumuler, et plus encore, quand elle ne pourra plus bouger, enkystée dans son sarcophage. "
Un roman déstabilisant, tour à tour bouleversant et trivial, porté par une plume très efficace pour immerger le lecteur dans une ambiance oppressante. Au point de me faire manquer d'air dans la seconde partie terrible. Déroutant, entre tendresse et hargne, un roman d'amour filial hors norme.
Revenir fils, quel drôle de titre ? Fils on l'est et on le reste tant que survivent les parents et on perd ce statut à leur départ, de façon irrémédiable. Sauf si, comme le narrateur, on est « orpheliné de son vivant » par sa mère, effacé du disque dur de sa mémoire de façon irréversible par un traumatisme de trop.
Lorsqu'il perd son père a l'âge de quatorze, il assiste impuissant, et un peu négligemment au lent glissement de sa mère dans une douce démence. Peu à peu elle se met à accumuler maintes choses inutiles, comme pour combler le vide béant laissé par les décès d'un premier fils et d'un époux.
Trop occupé à survivre lui aussi il laisse faire,jusqu'au jour où elle défaille.
C'est un roman bien inclassable que nous livre @christophe_perruchas. Roman à deux voix, il nous entraîne dans deux monologues, l'un venant de cet esprit qui déraille et l'autre de celui d'un adolescent bouillonnant, débordant de vie. Roman en deux temps aussi, quand, vingt ans plus tard, l'adolescent devenu père à son tour, essaie de renouer le fil brisé, tel un archéologue à la recherche de son passé dans la maison familiale qui a englouti toute trace de son existence.
C'est à la fois ironique et savoureux, avec des saillies mordantes, des passages absurdes et drôles, mais c'est aussi tendre et terriblement bouleversant. Triste et nostalgique, mais empreint de sensibilité et jamais plombant. Un voyage entre rire et larmes, puissant et vibrant.
Sélection 68premièresfois 2022.
Quand grâce aux fées des 68, nous suivons le travail d'écrivain. J'avais déjà lu le premier texte, "sept gingembres" et avait trouvé le roman percutant, troublant, révoltant mais une sacrée lecture.
Cette fois, l'auteur fait le portrait d'un homme et d'un fils. La première partie nous parle d'un jeune garçon, orphelin de père et qui va être pris en charge par son oncle, car sa mère va "pêter" un plomb. « La mère a touché les fils, elle a fondu les plombs », (p.94). Sa mère est atteinte du syndrome de Diogène (qui consiste à garder tout et à entasser les choses) mais elle ne se remet pas surtout de la mort subite du Petit Jean et de la perte de son mari. le narrateur va alors se retrouver orphelin de père et de mère. L'enfant lui va essayer de se construire, s'installer dans la caravane qui est au fonds du jardin, se faire des copains et des copines. Mais il sera obligé de quitter la région et de vivre ailleurs. Il va devenir orphelin, bien que sa mère soit vivante.
Nous le retrouvons ensuite alors qu'il est adulte, marié et père de deux enfants. Il va décider de retourner sur ses lieux d'enfance et essayer de reprendre contact avec sa mère, qui vit seule, encombrée dans sa maison (des scènes hallucinantes dans la maison qui est devenue une vraie jungle de cartons, de tas de journaux...).
Un texte à deux voix, celle de l'enfant-homme et de la mère.
Un texte percutant, sensible et un sacré portrait d'un homme, qui essaie de comprendre sa mère et de se comprendre. L'auteur aborde avec délicatesse, poésie et humour le thème de la folie. Une "folie douce" de la mère, qui s'est créée son monde d'encombrants (attention à ce syndrome de Diogène, moi ce sont les livres que j'entasse !!).
L'auteur parle très bien aussi de la vie de province, une banlieue proche de Nantes, de la vie au lycée, les soirées entre copains, les premières amours, flirts. Il nous parle des années 80, qui semblent si loin.
Un très beau portrait de fils-père et un bel hommage à une mère, même si elle a oublié son deuxième fils, mais la vie n'a pas été tendre avec elle. Des sujets difficiles dans ce texte (mort subite d'un nourrisson, folie de la mère..) mais l'auteur a réussi à me toucher.
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