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Comment Aristophane tentait-il de faire rire de ce qui faisait peur dans la vie politique athénienne ?
À vingt-cinq siècles de distance, une étonnante affinité apparaît entre les peurs que suscitent actuellement les « jeunes » des banlieues françaises et les fantasmes liés à l'éphébie athénienne, troublante période d'initiation à l'âge adulte. Dans un double mouvement d'inclusion et d'exclusion, la comédie ancienne construit une cité imaginaire capable de « naturaliser » tous ceux que la cité réelle reléguait à la marge de la société. Mais cette « tolérance » n'est que temporaire, elle prend fin avant la fin du spectacle dont elle constitue le noyau dramatique. Les hilarants agissements de la « racaille » au centre de la société comique légitiment son exclusion de la société réelle. Or, quand le héros comique chasse de son univers, à coups de pied ou de métaphores, tout ce que méprise ou redoute le citoyen « moyen » assis sur les gradins du théâtre, il ne se contente pas de mettre en scène l'évidence. L'imagerie ainsi convoquée par la comédie devient pertinente pour des personnages qui, dans la vie réelle, n'avaient pas - ou n'avaient plus - à craindre qu'elle leur fût appliquée. C'est ainsi que Cléon, le démocrate « extrémiste » qui succéda à Périclès, est disqualifié et marginalisé dans l'univers d'Aristophane.
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