Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Depuis longtemps, le narrateur, est fasciné par les tatouages, ces oeuvres d'art modeste qui décorent ou habillent la peau des gens. C'est ainsi que lui est venu le goût du dessin. Il résiste cependant à offrir sa propre peau aux encres de Dimitri, l'ami tatoueur pour lequel il dessine. Mais, lors d'un voyage en Italie, il découvre sur un cadran solaire une phrase latine sur le temps et les heures: vulnerant omnes, ultima necat (toutes blessent, la dernière tue). Il demande à Dimitri de lui graver ces mots sur la poitrine. Dès lors sa vie sociale, amoureuse, spirituelle en est bouleversée. Surtout lorsqu'il découvre que l'encre pâlit sur sa peau et que les premiers mots s'effacent...
Depuis toujours, le narrateur est fasciné par les tatouages mais il n'a jamais réussi à enfreindre le tabou familial et à marquer sa peau irrémédiablement. Il a trouvé dans son amitié avec Dimitri, un talentueux tatoueur, une façon d'approcher ce monde qui l'attire tant. Il dessine pour lui et parfois s'entraîne à manier encres et poinçons. Au cours d'un voyage en Italie, le hasard le met en présence d'une phrase qui le décide à sauter le pas : Vulnerant omnes, ultima necat. Désormais c'est cette phrase qu'il affichera fièrement sur son plexus solaire. Heureux d'exhiber son corps enfin tatoué, il enchaîne les conquêtes dans le seul but de le dévoiler et de susciter l'étonnement, l'admiration et les questions des femmes qu'il séduit. Pourtant, très vite, il déchante. Cette marque censée être indélébile s'efface progressivement et il tombe malade. Tout se passe comme si l'encre du tatouage s'infiltrait et se diluait dans son sang.
Cela commence comme une banale histoire de tatouage pour se transformer au fil des pages en récit fantastique. Le tatouage du narrateur n'est pas une simple trace sur sa peau, il s'insinue sous son épiderme pour prendre possession de son sang. Le tatoueur passe du statut d'ami à celui de personnage inquiétant, de rôdeur au pouvoir peut-être maléfique. Le narrateur pensait que cette trace indélébile sur sa peau le rendrait invulnérable mais la phrase choisie avec tant de soin s'efface peu à peu pour ne laisser qu'un message prophétique : "ultima necat", la dernière tue. Obsédé par son tatouage, comme Dorian Gray par son portrait, comme Maupassant par son Horla, le narrateur glisse lentement vers la folie...
Une belle écriture au service d'un roman intrigant, troublant même, mais dont on ressort perplexe, sans en comprendre le message. La plume est belle, à découvrir peut-être avec un autre livre.
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