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Que s’est-il passé dans la vie de William Shakespeare de 1585 à 1592, ces fameuses «années perdues » ?
J’ignorai cet épisode de la vie de Shakespeare, jeune homme de 21 ans, mariée très tôt, père de famille qui étouffe dans sa ville de Stratfortd-upon-Avon. Il a toujours été fasciné par le théâtre, il écrit des poèmes depuis son adolescence. Shakespeare vit dans l’angoisse de passer à côté de sa vie, pour cela il lui fallut quitter les siens.
Stéphanie HOCHET imagine avec brio ce qu’a pu être sa vie durant cette errance d’apprenti comédien puis comédien accompli qui rencontre les plus grands comme Richard Burbage qui lui inspirera Richard III.
J’ai beaucoup appris sur cette époque, sur Shakespeare dont je n’avais pas imaginé les tourments et les rêves, sur l’époque, l’Angleterre du XVIème siècle où la peste sévit
Stéphanie HOCHET entrecoupe le récit de passages forts de sa propre vie, elle livre un peu d’elle-même pour la première fois., son départ (sa fuite ?) en Ecosse et le suicide de son cousin.
Un beau récit d’apprentissage en double lecture qui donne envie de s’aventurer d’avantage dans l’œuvre de Shakespeare et de lire encore Stéphanie HOCHET dont j’avais déjà beaucoup aimé Pacifique.
Ce roman m'a surprise. Son titre et le résumé de la 4ème de couverture ont fait écho à un roman coup de cœur, un bijou partagé sur ce compte : Hamnet de Maggie O'Farrell. Je pensais donc me plonger dans l'Angleterre élisabethaine. Et en effet, l'intrigue est similaire : l'autrice propose de suivre la destinée de William Shakespeare quand il quitte son village natal de Stratford-upon-Avon pour suivre une troupe de comédiens. Quand il abandonne sa femme et ses 3 bébés dans la maison de ses parents pour vivre -ivre de liberté-sur les routes au sein d'une troupes de comédiens.
Mais surprise, Stéphanie Hochet prend le parti pris d'interrompre régulièrement son récit dans l'Angleterre du XVIème siècle pour nous confier des pans entiers de son enfance traumatisante. Il faut oser mettre "je" dans un roman inspiré par la vie du plus célèbre des dramaturges anglais ! Le parallèle est ainsi fait sur la noirceur de l'âme des hommes et le pouvoir salvateur de l'art, sur le carcan des destins tout tracés par des familles castratrices et la liberté des chemins bucoliques. Une construction en miroir sur des thématiques comme le suicide, les fugues, l'androgynie, l'éducation toxique d'une figure paternelle.
Ce récit romanesque offre des pages magnifiques sur le métier d'acteur et illustre les tourments de la création. William écrit ses premières pièces et Stéphanie Hochet imagine les rencontres, les discussions, les événements à l'origine des "vers blancs" lyriques de Shakespeare. A travers les lignes, je perçois toute l'admiration de la romancière pour Shakespeare avec qui, indocile, elle revendique la quête de la liberté.
Le point de départ de « William » est la période de sept années, entre 1585 et 1592, ces « années perdues » où Shakespeare disparaît des radars de ses biographes.
Stéphanie Hochet traite effectivement le sujet, d’une manière qui m’a beaucoup plu, en mettant l’accent sur ce qui sera le tournant de la vie de Shakespeare, cette phase d’initiation qui va faire bifurquer son destin, et qui fait écho à un livre que j’ai beaucoup aimé, « Hamnet » de Maggie o’Farrell, mais elle ne s’arrête pas là.
Même si l’on sent qu’elle nourrit un véritable intérêt pour le dramaturge, c’est la façon dont elle l’utilise pour parler d’elle en pointillés que j’ai préférée dans ce livre, en reliant la vie de Shakespeare et la sienne : via la thématique de la fuite, du transfuge de classe, de la transgression , de la gémellité de l’androgynie, de l’homosexualité, du suicide … mais aussi comme levier pour l’ouverture de la boîte de Pandore : celui qui, via la personne de Richard Burbage, permet de déterrer la face sombre d’un foyer en apparence banal, à travers la figure ogresque d’un oncle sombre et malfaisant qui tient la famille sous son emprise, jusqu’à avoir droit de vie et de mort sur ses membres. La fin est glaçante.
Une première lecture réussie d’un livre de Stéphanie Hochet.
Se mêlent au thème central de la fuite, l'ambiguïté de l'identité (androgynie), le rêve et le désarroi au milieu de l'incompréhension familiale violemment attaquée.
Stéphanie Hochet joue sur le parallèle des situations pour imaginer les ressentis de celui qui se voyait comédien, comme une sorte d'exutoire à ses propres désirs et frustrations.
Elle choisit la littérature, comme le comédien a choisi le théâtre, pour se glisser dans la peau de celle qu'elle veut être. L'écriture remplit les « blancs » quand l'imagination remplace « les années perdues ».
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