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Inspecteur du NYPD, Nick Meehan est transféré à Manhattan où il fait équipe avec Esposito, un flic-né qui a du mal à suivre toutes les règles. Entre l'inspecteur taiseux et le flic flamboyant se noue une féroce amitié sur fond de suicides sordides, de viols en série et de gangs, bref de tout ce qui fait le quotidien du NYPD. Dans un roman aux accents métaphysiques qui n'est pas sans rappeler Joseph Wambaugh, Edward Conlon, lui-même ancien flic new-yorkais, retranscrit à merveille l'équilibre fragile et hautement instable du binôme.
Tout d’abord, il y a New York. Cette ville mythique avec Lady Liberty à ses portes. Mais nous sommes loin de la chanson de Liza Minnelli. « If I can make it there, I'd make it anywhere.
Come on, come through New York, New York. » Non, New York est ici un immense melting-pot, non seulement de populations immigrées de diverses origines (Italiens, Irlandais, Chinois…) mais également de diverses communautés militantes. Le New York des gratte-ciel, nouvelles stèles pour un culte païen sur Manhattan, rythmée de rues et d’avenues perpétuellement bouchonnées. Le New York des laissés-pour-compte, des petits délinquants, des dealers à la petite semaine, des Latinos sans papiers, mais également des bobos qui fréquentent les restaurants bio, des touristes descendus au Hilton, des vieilles familles capitalistes d’une autre ère. Mais ce New York-là n’explose pas grâce à des services d’ordre composés d’hommes ordinaires, de policiers de quartiers, d’ inspecteurs.
Parmi eux, dans un commissariat de quartier, se trouvent Esposito et Nick. Le premier, d’origine italienne, toujours sapé comme un mafioso, bon père de famille, mari volage, flirte bien souvent avec l’illégalité. Ce qui lui vaut d’être l’objet de la suspicion des Affaires internes. Puis le second, d’origine irlandaise, homme aux goûts simples, séparé de son épouse, sans enfant, nouveau partenaire d’Esposito, est chargé de la surveillance de celui-ci. Ici, dans ce roman policier, pas de sociopathe narcissique, ni de sadique à l’imagination tordue, encore moins de monstre tueur à répétitions. Non, seulement les faits divers d’une grande ville où la violence est le pain quotidien de toute une frange de la population. Du suicide au braquage raté, de la guerre de gangs aux querelles de voisinage, mais le tout poussé à l’extrême, exposant 10 par rapport à une autre ville. La bavure n’est jamais loin. Le dérapage non plus. Ces deux policiers sont en équilibre sur un pied au bord d’un précipice profond ; sans oublier que s’ils survivent, leur santé mentale est malgré tout profondément ébranlée.
« Rouge sur rouge » dont le titre est une allusion au « tir aux dépens de son propre camp », est donc très proche d’un épisode d’une des séries de Dick Wolf, mais son réel intérêt réside dans une pléthore d’anecdotes, toutes véridiques, selon les propos mêmes de l’auteur. Et là également, nous sommes tiraillés entre l’hilarité, les larmes et le dégoût. Bref, cet épais roman est une véritable tranche de vie, celle de Nick, pendant laquelle nous rencontrons un suicide, un règlement de compte, une fusillade contre des jets de pots de fleurs, un enterrement, un divorce, une nouvelle rencontre amoureuse… Oui, un policier a également une vie privée, privée de beaucoup de choses, je vous le concède, mais ce dont il jouit, il fait tout pour le protéger.
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