"Rome est notre mythe. Nous rêvons d'une Italie romaine, c'est-à-dire sage et forte, disciplinée et impériale". Mussolini, dès 1922, va se servir du mythe de la Rome antique pour légitimer et enraciner ses ambitions au départ révolutionnaires et modernistes, puis totalitaires et impérialistes. Cette "romanité", il va l'utiliser comme principal levier de sa propagande, calquant symboliquement les valeurs et les institutions du régime fascite sur celles d'une idéale Rome impériale, procédant à un remaniement radical du paysage urbain de la capitale à coup de démolitions, déplacements de populations, constructions massives dans un style monumental et glacé. Pendant vingt-deux ans le coeur de la ville bat au rythme des défilés militaires, des discours du Duce du haut du balcon de la piazza Venezia, des rassemblements des organisations de jeunes fascistes. Le peuple, désorienté, oscille entre une vision idyllique et conquérante de l'avenir, imposée sans cesse par la propagande et la radio, et les difficultés croissantes d'approvisionnement, l'isolement et l'humiliation d'un contrôle permanent de la vie publique et privée. Nous n'avons pas fini de nous interroger sur cette volonté, ce délire totalitaire qui embrasa l'Europe dans les années 1920-1945, et sur cette période mal connue que fut le fascisme italien. Pourquoi ? Comment ? Ces questions sont aujourd'hui plus que jamais au centre des préoccupations de tous ceux qui observent les profondes transformations que connaît actuellement l'Europe.
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