Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Il a chez le sculpteur Robert Couturier une justesse du geste, un sens de l'équilibre, une retenue, que l'on retrouve dans toute son oeuvre et qui lui viennent peut-être de ses origines paysannes.
Sa jeunesse est marqué par la passion pour le dessin. Un dessin qui, comme sa sculpture, naît de la réalité, du souvenir d'un geste, d'un instant vécu. Arrivé à Paris à l'âge de six ans, il entre en 1920 à l'école Estienne dans un atelier de lithographie qu'il quitte deux ans plus tard pour commencer à travailler. Il exerce des petits métiers, tous en rapport avec l'art, qui l'amènent tout naturellement à la sculpture.
Sa rencontre avec Aristide Maillol en 1928 est décisive et Couturier, qui le considère comme un père spirituel, restera influencé par lui jusqu'en 1914. Robert Couturier participe à l'exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne de 1937 avec deux oeuvres marquantes. Le Jardinier, placé sur l'esplanade du Trocadéro, et les fantastiques mannequins du pavillon de l'Elégance construit par Emile Aillaud.
Ces femmes en plâtre aux corps étirés sont le premier signe de l'abandon d'une figuration harmonieuse et sereine pour un motif décharné et une matière exacerbée. Avec le Monument à Etienne Dolet de 1949, Couturier se libère définitivement d'une forme classique et s'impose, aux côtés d'Alberto Giacometti et Germaine Richier, comme l'un des représentants d'une nouvelle sculpture figurative. Son goût pour la concision, sa répulsion à trop dire, le font évoluer, dès le début des années cinquante, vers une sculpturetransparente, dans laquelle le vide est un matériau, la lumière une constituante de l'oeuvre, comme pour la Jeune Fille lamelliforme de 1950, la Femme dans un fauteuil ou encore les merveilleuses Nageuses suspendues dans l'espace.
Cette sculpture, qui presque toujours représente la femme, parfois le couple. Deviendra progressivement une écriture, un idéogramme, à la limite de l'abstrait sans jamais en franchir la frontière et gardant intact le pouvoir de suggestion, l'humanité tendre et souvent ironique, qui caractérisent Robert Couturier. Le sens du jeu , des choses légères et modestes lui a fait choisir le plâtre, matériau qui donne une grande liberté et permet d'incorporer les objets trouvés dont souvent naissent ses sculptures.
Un des fondateurs du Salon de mai, Robert Couturier a exposé aux biennales de Venise, Sao Paulo, Anvers, ainsi qu'aux nombreuses expositions collectives consacrées après guerre au renouveau de l'art français. Nommé en 1946 à l'Ecole nationale Supérieure des arts décoratifs de Paris, il y enseigne jusqu'en 1962, avant de rejoindre l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts.
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