"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Michael (« Superman ») Saint-Pierre (douze ans) a disparu le 7 août 1979, dans les bois de Rivière-aux-Trembles (Québec) alors qu’il était parti se promener à bicyclette, en compagnie de sa meilleure amie : Marnie Duchamp (onze ans) narratrice de ce roman choral …
Presque trente ans plus tard (le 20 janvier 2006 exactement) la petite Billie Richard, une fillette (un peu rondelette) qui est sur le point de fêter ses neuf ans, va également disparaître dans une ville voisine, à la sortie de l’école … Cette fois, c’est son père, William (Bill) un prof-écrivain qui va raconter la tragédie …
Pour Marnie – qui va d’abord devoir supporter le poids de la culpabilité et la honte du « survivant » – le pire reste à venir … La suspicion de certains habitants malveillants de Rivière-aux-trembles, ainsi que la rancoeur des parents de son ami Michael (qui dans l’aveuglement de leur chagrin iront jusqu’à la soupçonner d’être responsable, puisqu’elle est revenue saine et sauve …) sont bien trop lourdes à porter pour une gamine de son âge ! Son veuf de père n’aura alors d’autre choix que de déménager le plus loin possible pour la protéger …
Quant au couple formé par les parents de Billie, la petite disparue, il ne survivra pas à la douleur de Lucy-Ann (la mère) qui finira par imaginer que Bill aurait pu commettre un geste irréparable, à la suite d’un inceste – et qui de toute façon ne lui pardonne pas de n’avoir pas su protéger leur bébé … À son tour, Bill s’éloignera du lieu du drame …
Et surtout, cette impossibilité pour les quatre principaux protagonistes totalement brisés, que sont Marnie et son père, Bill et son ex-femme, de retrouver le chemin du bonheur … Un droit, dont la légitimité semble s’être stoppée net, en 1979 et en 2006 …
Andrée A. Michaud est une écrivaine géniale ! Très brillante analyse psychologique sur la difficulté à faire son deuil, lors d’une absence inexpliquée. Écriture particulièrement émouvante – pourtant non dépourvue d’un humour certain et d’une dérision inattendue … Étude pertinente sur la fort probable impossibilité d’un hypothétique avenir – après un passé serein qui a brutalement volé en éclats … C’est beau, c’est prenant, ça vous touche au fond de l’âme : un immense coup de coeur que ce magnifique roman !
Amateurs de polars, passez votre chemin.
Certes, il y a en toile de fond la recherche d'un enfant qui vient de disparaitre mais il n'y a pas vraiment d'enquête.
Nous suivons Marnie qui trente ans en arrière a vu son meilleur copain disparaitre devant ses yeux et Bill qui 6 ans plus tôt n'a jamais vu sa petite fille rentrer de l'école.
Ce livre est formidablement bien écrit mais il est essentiellement question de la possibilité ou non de vivre après la disparition d'un être cher sans savoir ce qu'il est devenu, sans pouvoir faire son deuil.
Marnie et Bill peuvent-il s'en sortir, peuvent-il à nouveau retrouver un peu de joie ?
De victimes, ils deviennent paria. Les pensées, réflexions, l'impression de devenir fous des personnages sont la trame de ce roman.
C'est d'une tristesse palpable à chaque page mais le style nous envoute jusqu'à l'épilogue final.
Il y a deux ans, j'avais eu un énorme coup de cœur pour « Bondrée » et ce livre ne vient que confirmer l’immense talent d'Andrée A. Michaud.
J'apprécie l'univers singulier de l'auteure qui joue avec la langue et ses richesses, les expressions québécoises, l'anglais et le français. Dans chacun de ses romans noirs, elle instille une ambiance inquiétante et glaciale en utilisant le paysage et la nature. Elle est très douée pour décrire les lieux, l'humidité, la rivière, la forêt, le vent et les orages qui contribuent à poser ce décor alarmant et menaçant.
L'auteure alterne son récit en nous racontant l'histoire de deux personnages. Bill, père de famille et auteur d'albums pour enfants dont la fille va disparaître alors qu'elle devait se rendre à son cours de danse après l'école, et Marnie, qui, lorsqu'elle avait une douzaine d'années était partie jouer un jour d'orage près de la rivière avec Mick son copain qui n'est jamais revenu. Marnie n'a jamais pu oublier car elle n'a pas su raconter ce qui s'était passé ce jour-là et beaucoup le lui ont reproché. Elle a fui toute sa vie en allant s'exiler aux Etats-Unis mais, à la mort de son père, décide de revenir.
J'ai beaucoup aimé suivre les personnages très humains de Bill et Marnie, qui a trente ans d'intervalle, ont subi la disparition d'un être cher, sans jamais avoir su ce qui s'était passé, ni ce qu'il était advenu de ce proche. Entre culpabilité, incompréhension, colère et interrogation, les personnages doivent continuer à vivre comme ils le peuvent, malgré cette terrible épreuve.
Le rythme de ce livre est plutôt lent et repose davantage sur les différentes étapes du deuil et la reconstruction émotionnelle des familles, parfois impossible, et non sur la résolution des enquêtes des disparitions du petit Mick Super Saint-Pierre ou de Billie.
« Rivière tremblante » est un roman qui m'a touché. Le lecteur perçoit la douleur des personnages. Andrée A.Michaud réussi à nous faire ressentir une multitude d’émotions à travers son livre. La plume de l'auteure est fluide et agréable.
Gros coup de cœur pour ce magnifique roman noir que j'ai lu d'un trait et qui ne s'oublie pas une fois refermé.
A 30 ans d'intervalle, deux enfants disparaissent sans laisser de trace et un troisième est retrouvé noyé. Rien ne relie entre eux Marnie, qui a perdu son ami d'enfance et Bill, le père de la petite Billie si ce n'est la douleur des survivants qui se retrouvent dans la même ville, Rivière-aux-Trembles, et seront accusés à tort de la mort du troisième enfant.
Ce roman est plutôt un drame psychologique qu'un policier/thriller même si des enquêtes sont menées qui ne résoudront que la troisième affaire.
Le récit est très beau, la peine de Marnie qui a vu son ami d'enfance disparaître dans la forêt pour ne plus en ressortir et celle de Bill dont la petite fille a disparu à la sortie de l'école entrent en résonnance, ce qui est accentué par l'alternance des narrateurs Marnie/Bill.
Le style très littéraire d'Andrée Michaud rend pourtant intense le partage des émotions que ce soit la douleur, le désespoir, l'incompréhension, la culpabilité d'être toujours vivant et de n'avoir rien pu ou su faire.
En revanche, la composante policière est très secondaire ; on ne sait rien des enquêtes sur la disparition des 2 enfants, les policiers hommes sont assez caricaturalement dépeints et on n'aura pas la clé du mystère à la fin du roman, chacun devant vivre avec les disparitions inexpliquées. On peut être frustré si on a fait le choix de ce livre en se fiant à la quatrième de couverture.
Il n'en reste pas moins que l'atmosphère de ce roman est oppressante, voire étouffante grâce aux très belles descriptions de la nature qui n'est pas un lieu reposant ou accueillant mais un lieu de mystère et de peur avec la brume omniprésente, la rivière et le lac menaçants, la forêt dont on risque de ne plus ressortir. Mais cette sensation d'angoisse est contrebalancée par des touches d'humour et par cette langue québécoise fleurie et imagée qui nous transporte loin immédiatement.
Deux enfants disparaissent, à 27 ans d'écart, laissant derrière eux les deux personnages de Rivière tremblante : Bill, le père d'une petite fille disparue récemment et Marnie, la soeur de coeur d'un jeune garçon disparu depuis 30 ans.
Et c'est la disparition d'un troisième enfant qui réunit ces deux êtres à la vie détruite par la peine et les regrets.
Ce roman est un cri d'amour, une ode à l'enfance et à ses rêves, dans laquelle des adultes continuent à peupler leur univers de héros invincibles et d'animaux parlants, pour ne pas s'éloigner des enfants perdus.
Des mots superbes sur l'amour et l'amitié, d'une poésie et d'une grandeur saisissantes, qui nous laissent sans voix.
Mais c'est aussi un cri de désespoir, face à l'inacceptable et à l'injustice du destin qui laisse persister un effroyable doute sur le sort de ces enfants.
L'auteure, Andrée Michaud, mêle avec beaucoup de subtilité, ces histoires de disparitions, en se jouant de la chronologie et en offrant au hasard une place reine, pour qu'un jour, peut-être, le présent paraisse à nouveau envisageable.
Ce roman puissant et émouvant, est un coup de poignard qui imprime sa marque dans notre coeur et fait émerger nos émotions les plus vives. Magnifique !
Paru aux Éditions Québec Amérique en 2011, antérieur donc à Bondrée, le roman Rivière tremblante d’Andrée A. Michaud atteste de la grande maîtrise de cette auteure québécoise qui a déjà onze romans à son actif, dont au moins deux ont reçu plusieurs prix.
Le récit est divisé en trois parties, elles-mêmes subdivisées en parties titrées ou en chapitres non titrées, et cette construction sert à la fois l’intrigue et l’évolution psychologique des personnages.
La première partie commence par une sorte de prologue : deux pages qui nous situent au cœur de l’action, en janvier 2009, à Rivière-aux-Trembles ; une narratrice à la première personne vient d’assister à l’enterrement de son père. On comprend qu’elle a quitté le village après un drame, il y a très longtemps. Harassée, triste et troublée, elle tente de se recueillir près de la chapelle où le corps de son père restera jusqu’au printemps quand elle entend un cri de terreur : C’est toi, Michael ?, demande-t-elle avant de s’effondrer en larmes…
Deux narrateurs à la première personne vont ensuite se succéder dans cette première partie ; ils ne se connaissent pas, mais ils ont tous les deux vécu un drame sinon semblable, du moins comparable : la disparition d’un très proche. Dans « Les histoires », Marnie, que nous venons de rencontrer adulte, raconte comment, lorsqu’elle avait onze ans, en 1979, son meilleurs ami de 12 ans, Michael, a disparu. Les enfants ont entendu un cri terrible, Mike qui était près de la rivière s’est d’abord figé avant de partir en direction de la forêt après s’être retourné pour crier à la petite fille ces mots bizarres : « Mauvais temps, madame, mauvais temps… Ne plie pas le jour… ». Bill à son tour raconte comment et pourquoi il a échoué dans ce village. Il veut fuir les accusations de sa femme Lucy-Ann qui, folle de douleur, lui reproche de ne pas être allé chercher Billie à l’école pour l’emmener à son cours de danse : la petite fille, huit ans et neuf mois, a disparu pendant ce très court trajet trois ans auparavant.
Le lecteur apprendra à mieux connaître ces deux narrateurs dans « Les Noms ». En fait, les noms de chacun des protagonistes, et même ceux des lieux, ont une histoire et des couleurs particulières dans ce roman. William se transforme en Bill pour une bonne raison : « Mes livres, je les signe également du prénom de Bill, parce que je ne vois pas comment il est possible de signer William après Shakespeare, Faulkner et Blake. » On saura pourquoi la fille de Bill se prénomme Billie et pourquoi sa femme, Québécoise francophone, s’appelle Lucy-Ann. Mais il faudra attendre pour savoir pourquoi le nom de la rivière évolue (de Nana-shipu à Nanamiu-shipu puis Nanamassiu-shipu) en inu, et en français (de rivière Tremblante à Rivière-aux-Trembles). Il faudra encore patienter jusqu’à ce que le chat Pixie soit momentanément remplacé par un Dixie. Pour sa part, Marnie doit son prénom (lourd à porter) à Hitchcock, et ses surnoms à deux animaux de la forêt dont l’un jouera un rôle crucial dans cette histoire.
La deuxième partie du roman présente successivement « Bill » puis « Marnie » de février à avril 2009 à Rivière-aux-Trembles. Enfin la troisième partie permet au lecteur de suivre « L’Enquête », puis comme il se doit «La Fin», mais il n’est pas question d’en révéler plus que je n’en ai déjà dit.
J’ai trouvé ce roman magnifique et bouleversant. Les aventures de Marnie et de Michael, presque du même âge, encore dans l’enfance mais désireux de se confronter au monde des adultes tout en percevant difficilement la réalité et en ayant recours à la pensée magique, m’ont émue et m’ont fait sourire de nostalgie… L’amour que Bill, auteur et illustrateur de livres pour enfants, porte à sa petite fille, source de son inspiration, l’incapacité des parents à faire leur deuil, la douleur qui les éloigne, la descente aux Enfers de Lucy-Ann, la culpabilité des survivants renforcée par les soupçons des policiers et la malveillance des villageois, le refus d’accepter l’irréparable, l’espoir de remonter le temps, de revenir en arrière, de refaire l’histoire, la tentation du suicide, tous ces thèmes traversent cette douloureuse histoire et enrichissent les personnages et… le lecteur.
Que dire de plus… La langue colorée de nombreux québécismes qui n’entravent absolument pas la compréhension et qui se gardent de tout folklore, le quasi lyrisme des descriptions de la nature, particulièrement de l’hiver, une chouette bande-son (plutôt jazzy pour Bill, plutôt rock pour Marnie), et de l’humour, un humour omniprésent, même aux pires moments : alors que Marnie craint de devenir folle, elle se souvient des histoires que lui racontait Phil sur deux ratons laveurs qui s’appelaient Jésuite et Récollet, du nom des deux communautés religieuses rivales en Nouvelle France, tant pour l’évangélisation des « Sauvages » que pour l’éducation des colons…
Merci au Grand Prix des lectrice de Elle et aux éditions Rivages pour ce livre !
Un enfant qui disparaît... sans laisser de trace... sans le moindre début d'explication...
Existe-t-il un drame plus grand, une douleur plus terrible que celle provoquée par le doute, par l'incertitude quand l'absence est si criante … ??
A trente ans d'écart, deux enfants disparaissent.
Le premier, Michael, 12 ans s'évanouit dans la forêt qui est son terrain de jeux favori quand il est avec son inséparable amie, Marnie .
La seconde, c'est Billie, presque 9 ans, qui n'arrivera jamais à son cours de danse après l'école ; Son père Bill remue ciel et terre pendant des années, en vain.
Les premiers chapîtres font entendre en alternance la voix de Marnie, et celle de Bill. Les doutes qui pèsent sur eux, la culpabilité, le chagrin qui engloutit tout, les deuils impossibles, la nécessité de s'éloigner pour tenter de survivre...
La deuxième partie du livre donne une place importante à la nature, à la forêt, à la rivière, aux saisons contrastées. Le récit qui fait se croiser et s'approcher ces deux protagonistes prend une couleur plus étrange, presque mystique...
Dans la troisième partie, une nouvelle disparition fait resurgir les vieux démons, les accusations, les angoisses....
Plus axé sur la dimension psychologique des personnages que véritablement sur l'enquête, ce livre n'est pas un classique du genre mais offre un moment de lecture intense.
29 ans après la disparition de Michaël, son copain d’enfance, Marnie revient à Rivière-aux-Trembles pour les funérailles de son père. 29 ans se sont écoulés mais elle n’a rien oublié, se souvient de tout et surtout des horreurs dont l’ont accablée, à l’époque, les habitants alors qu’elle n’avait que 12 ans. Alors, quand le même cri se fait entendre, elle retourne dans l’horreur qu’elle a essayé d’oublier et tente de faire émerger ses souvenirs, la vérité, car « la vérité était là au seuil de sa conscience. »
Bill a, quant à lui, tout perdu et tente de survivre à la disparation de sa petite fille, 3 ans plus tôt.
Le roman traite, en parallèle, de la vie de ces 2 protagonistes, nouveaux habitants de Rivière-aux-Trembles.
Plus qu’un roman policier et une véritable enquête, ce roman évoque la disparition d’enfants, d’êtres chers, la survie de ceux qui restent, qui se culpabilisent et sont culpabilisés d’être encore vivants. Il aborde la honte des survivants, leur tentative de reconstruction alors qu’ils sont hantés par les souvenirs positifs et négatifs de cette époque qui n’est plus, où tout allait bien, mais également les dégâts de la rumeur.
L’écriture est riche, fournie, avec des expressions québécoises qui font voyager et permettent probablement également de prendre une certaine distance sur ces disparitions, qui se passent loin de chez nous, près d’une rivière, dans une forêt sombre aux chemins enneigés.
Si ce livre est un policier, alors il est dommage que l’enquête ne soit pas davantage approfondie mais s’il s’agit d’un roman alors l’histoire parallèle des 2 protagonistes survivants à ces disparitions, privilégiant les sentiments et ressentis, est vraiment agréable.
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