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Pour George, ce voyage en Afrique du Sud était la promesse d'un retour sur les terres de ses ancêtres afrikaners. Mais dans l'immensité du veld, ce ne sont pas seulement des souvenirs qui resurgissent. Entre la peur, le silence et la ruine du monde " d'avant ", le retour du fils prodigue tourne très vite à l'étouffement. Pour ces familles de paysans délaissées par l'histoire, George représente tout à la fois. L'étranger et l'enfant du pays. Le passé et l'avenir. Un rôle qui va s'avérer bien vite trop lourd à porter.
George Neethling revient, après le décès de sa mère, sur les terres qu’il a quitté à l’âge de 5 ans avec ses parents pour la Suisse où le père est diplomate.
Pendant une semaine, il désire se replonger dans son enfance, retrouver la ferme dans laquelle il a vécu ses cinq premières années.
En Afrique, pour moi, tout est différent mais justement, je veux voir les choses telles qu’elles sont en réalité.
Les Hattingh, de vagues cousins, lui offrent l’hospitalité mais refusent de l’emmener à Rietvlei, la ferme où il a vécu. C’était avant le départ, avant les troubles, avant le déclassement de ces familles de la petite bourgeoisie afrikanders.
« Nous vivons modestement, comme je te l’ai dit tout à l’heure, dit Hattingh, mais c’est à cause des circonstances. Nous n’avons pas perdu le sens de l’hospitalité. »
Les évènements sont tout le temps évoqués. Madame Hattingh ressasse le temps des jours heureux où elle habitait la ville, avait une vie bourgeoise avec serviteurs noirs. Avec la catastrophe, elle a dû s’exiler dans leur ferme à la campagne, bosser dur avec son mari et ses trois enfants.
«On l’a bien néglige ces dernières années, ce n’est plus la ferme que j’ai connue quand je me suis installé, mais, négligée ou pas, nous pouvons nous estimer heureux d’ l’avoir conservée. C’est une ferme de famille, un héritage de mon arrière grand-père ; à l’époque ils avaient encore l’argent et la main-d’œuvre pour l’entretenir… Mon défunt père lui-même ne serait pas très fier de nous. Quand il est mort, tout allait encore bien. »
Les Hattingh et les autres restés au Veld, vivent aussi une sorte d’exil. Passer d’une vie de petite bourgeoisie avec serviteurs noirs à la vie austère, frugale, dure, presque sans espoir, exilés de leur ancienne vie confortable.
« Toi, ce qui t’intéresse, c’est la maison où ont vécu tes grands-parents, ta mère, ta famille, à l’époque où le monde entier leur appartenait, la terre et les étoiles. Mais ce monde-là a volé en éclats, il n’en reste pas pierre sur pierre. Les militaires sont arrivés, ils ont dynamité la maison, fait sauter l’étang, retourné la terre du jardin. Tout cela c’est du passé, tu comprends ? »
Les évènements pèsent sur tout le livre, sur le séjour de George. Les Hattingh lui feront rencontrer ceux qui n’ont pu ou pas voulu partir. Un sentiment entre jalousie et ressentiment contre les exilés perdure qui fausse les relations ; même si on le fête, il se sent l’étranger.
George se sent toujours en dehors, ne peut reconnecter avec ses souvenirs, ne comprend plus ce pays. La réalité ne correspond plus à ce que lui racontait sa mère. C’est bien cela l’exil, fantasmer le pays natal où sont les souvenirs reconstruit par l’absence de réalité. Le pays natal devient un Eldorado, un pays de cocagne. Les éditions Elyzad ont publié un ouvrage collectif sur le pays natal. L’apaisement n’est jamais au rendez-vous.
L’écriture dense, intense m’a captivée. Le malaise, la peur, la violence sont tangibles, la chaleur étouffante baigne les pages de ce très bon livre sur l’exil sorti en Afrique du Sud en 1972.
J’ai lu ce livre suite à la chronique de Mimi.
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