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Karel Schoeman

Karel Schoeman
Karel Schoeman est né en 1939 à Trompsburg (État libre d'Orange). Solidaire du combat des Noirs de son pays, il a reçu en 1999, des mains de Nelson Mandela, la plus haute distinction sud-africaine : The Order of Merit. Son oeuvre colossale compte une trentaine d'ouvrages d'histoire et dix-sept ro... Voir plus
Karel Schoeman est né en 1939 à Trompsburg (État libre d'Orange). Solidaire du combat des Noirs de son pays, il a reçu en 1999, des mains de Nelson Mandela, la plus haute distinction sud-africaine : The Order of Merit. Son oeuvre colossale compte une trentaine d'ouvrages d'histoire et dix-sept romans dont certains ' En étrange pays (Phébus, 2007), Retour au pays bien-aimé (Phébus, 2006) et La Saison des adieux (Phébus, 2004) ' font partie des chefs-d'oeuvre de la littérature sud-africaine.

Avis sur cet auteur (2)

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    Couverture du livre « Retour au pays bien-aimé » de Karel Schoeman aux éditions 10/18

    Colette LORBAT sur Retour au pays bien-aimé de Karel Schoeman

    George Neethling revient, après le décès de sa mère, sur les terres qu’il a quitté à l’âge de 5 ans avec ses parents pour la Suisse où le père est diplomate.
    Pendant une semaine, il désire se replonger dans son enfance, retrouver la ferme dans laquelle il a vécu ses cinq premières années.
    En...
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    George Neethling revient, après le décès de sa mère, sur les terres qu’il a quitté à l’âge de 5 ans avec ses parents pour la Suisse où le père est diplomate.
    Pendant une semaine, il désire se replonger dans son enfance, retrouver la ferme dans laquelle il a vécu ses cinq premières années.
    En Afrique, pour moi, tout est différent mais justement, je veux voir les choses telles qu’elles sont en réalité.
    Les Hattingh, de vagues cousins, lui offrent l’hospitalité mais refusent de l’emmener à Rietvlei, la ferme où il a vécu. C’était avant le départ, avant les troubles, avant le déclassement de ces familles de la petite bourgeoisie afrikanders.
    « Nous vivons modestement, comme je te l’ai dit tout à l’heure, dit Hattingh, mais c’est à cause des circonstances. Nous n’avons pas perdu le sens de l’hospitalité. »
    Les évènements sont tout le temps évoqués. Madame Hattingh ressasse le temps des jours heureux où elle habitait la ville, avait une vie bourgeoise avec serviteurs noirs. Avec la catastrophe, elle a dû s’exiler dans leur ferme à la campagne, bosser dur avec son mari et ses trois enfants.
    «On l’a bien néglige ces dernières années, ce n’est plus la ferme que j’ai connue quand je me suis installé, mais, négligée ou pas, nous pouvons nous estimer heureux d’ l’avoir conservée. C’est une ferme de famille, un héritage de mon arrière grand-père ; à l’époque ils avaient encore l’argent et la main-d’œuvre pour l’entretenir… Mon défunt père lui-même ne serait pas très fier de nous. Quand il est mort, tout allait encore bien. »
    Les Hattingh et les autres restés au Veld, vivent aussi une sorte d’exil. Passer d’une vie de petite bourgeoisie avec serviteurs noirs à la vie austère, frugale, dure, presque sans espoir, exilés de leur ancienne vie confortable.
    « Toi, ce qui t’intéresse, c’est la maison où ont vécu tes grands-parents, ta mère, ta famille, à l’époque où le monde entier leur appartenait, la terre et les étoiles. Mais ce monde-là a volé en éclats, il n’en reste pas pierre sur pierre. Les militaires sont arrivés, ils ont dynamité la maison, fait sauter l’étang, retourné la terre du jardin. Tout cela c’est du passé, tu comprends ? »
    Les évènements pèsent sur tout le livre, sur le séjour de George. Les Hattingh lui feront rencontrer ceux qui n’ont pu ou pas voulu partir. Un sentiment entre jalousie et ressentiment contre les exilés perdure qui fausse les relations ; même si on le fête, il se sent l’étranger.
    George se sent toujours en dehors, ne peut reconnecter avec ses souvenirs, ne comprend plus ce pays. La réalité ne correspond plus à ce que lui racontait sa mère. C’est bien cela l’exil, fantasmer le pays natal où sont les souvenirs reconstruit par l’absence de réalité. Le pays natal devient un Eldorado, un pays de cocagne. Les éditions Elyzad ont publié un ouvrage collectif sur le pays natal. L’apaisement n’est jamais au rendez-vous.

    L’écriture dense, intense m’a captivée. Le malaise, la peur, la violence sont tangibles, la chaleur étouffante baigne les pages de ce très bon livre sur l’exil sorti en Afrique du Sud en 1972.
    J’ai lu ce livre suite à la chronique de Mimi.

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    Couverture du livre « Des voix parmi les ombres » de Karel Schoeman aux éditions Phebus

    STEPHANE BRET sur Des voix parmi les ombres de Karel Schoeman

    La guerre des Boers , comme événement historique, est peu connue .Elle est pourtant l’un des épisodes majeurs de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud, renforçant l’identité Afrikaner et le souvenir de la répression exercée par les Britanniques à l’encontre des insurgés Boers.

    Le roman...
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    La guerre des Boers , comme événement historique, est peu connue .Elle est pourtant l’un des épisodes majeurs de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud, renforçant l’identité Afrikaner et le souvenir de la répression exercée par les Britanniques à l’encontre des insurgés Boers.

    Le roman de Karel Schoeman, sans entrer dans le détail du déroulement du conflit, sans décrire explicitement ses causes, nous invite à plonger notre regard dans la société sud-africaine coloniale de cette fin du XIXe siècle :le lieu principal est Fouriesfontein , une petite ville de la colonie du Cap, composé de colons d’origine britannique, néerlandaise , et des noirs , indiens et métis .Trois personnages vont exprimer , à tour de rôle , leurs sensations, leurs souvenirs , leurs places dans cette ville de Fouriesfontein , ville représentant une Afrique du Sud en miniature .Le premier récit, celui de Kallie, jeune clerc boiteux , est explicite d’entrée .Ce jeune homme, nommé J.J.K . Kleynhans, se remémore le jour où la guerre a, pour lui, commencé : « Cela, je m’en souviens, de cette belle journée ensoleillée, et de la poussière, des drapeaux, de la musique et de l’excitation qui régnait dans notre petite ville où tous les habitants fêtaient ensemble la libération de Mafeking. Presque tous. »

    Kallie livre aussi son sentiment après le départ de l’un des magistrats de la commune , M. Macalister , et le retour des soldats anglais venus libérer ce territoire occupé par les insurgés Boers ; il témoigne du meurtre d’un jeune métis , Adam Balie , assassiné par un commando de jeunes Boers à l’occasion de représailles : « Je ne pouvais rien faire , de toute façon, il était mort, les Boers étaient partis(…) et M .Macalister était à Beaufort. »
    Un autre personnage participant à cette confession, mademoiselle Godby, fille d’un médecin de la ville, avoue, elle aussi, l’état des sentiments provoqués par la guerre, peu après sa fin : « Mais les divisions entre nous étaient déjà perceptibles (…) la haine, la rancœur et l’amertume affleuraient à la surface sous le cours apparemment paisible de nos vies. » Ce qui frappe dans le roman de Karel Schoeman, c’est cette capacité à éclairer les conflits entre communautés par les aspects les plus quotidiens de la vie de cette époque : les quartiers réservés aux métis, l’entre-soi social, familial , communautaire .Le rôle de l’église protestante , admirablement illustré par ce pasteur Boodryck , l’importance des notables , tels que cette famille Fourie , dont le dernier descendant mourra pendant cette guerre des Boers .Nous retiendrons également le portrait de ce jeune entrepreneur métis , Adam Balie, désireux de s’élever, d’apprendre, pour accéder à une égalité refusée par le système colonial .Un beau portrait panoramique de cette Afrique du Sud , à l’orée du XXe siècle , tout en nuances et qui échappe au piège de la caricature et du réquisitoire a posteriori .