"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le long parcours d'une mère attentive, imparfaite et désemparée, et de son fils en dérive. A partir d'une maladie inquiétante et délicate à gérer, il conte la descente vers le pire, les traitements inopérants, les risques d'exclusion, la violence qui pointe et s'installe, le malaise de la famille... C'est aussi l'histoire d'un amour improbable et bancal et l'espoir d'une récolte qui s'annonce généreuse.
"Une petite graine, puis une autre petite graine... si la terre est bonne et si on l'arrose ! On récolte toujours ce que l'on S'AIME."
Martine Magnin fait partie comme moi de l’aventure des #68premieresfois, mais je confesse que je n’avais jamais pris le temps de la lire jusqu’à ce que Marika Daures me contacte pour me demander si je pouvais écrire une chronique sur l’un des auteurs dont elle s’occupe. En voyant dans la liste le roman de Martine, mon choix s’est fait de lui-même.
Qu’importe le chemin, initialement publié aux éditions L'astre Bleu à l’automne 2016, vient de reparaître aux éditions Fauves. Ce livre de Martine Magnin n’est pas un roman, mais un récit de vie, sur plusieurs décennies, doublé du témoignage d'une mère qui doit faire face à la maladie de son fils, Alexandre, 8 ans, terrassé par une crise d’épilepsie au retour de vacances passées en Afrique avec son père, Paul, dont Martine est en train de divorcer.
"Ces deux noms accolés, cette coexistence inconfortable "Enfants" et "malades", est déjà un malaise en soi, une contradiction gênante, une regrettable antinomie. C’est un contresens, une incohérence, un oxymore, car les enfants ne devraient pas être malades, les autres oui, les adultes, les vieillards, éventuellement, peut-être, s’il le faut vraiment. Mais eux non, surtout pas. Ils doivent être toujours heureux, souriants, actifs, confiants, en progrès, en devenir, intacts et protégés dans leur statut d’enfant."
Alex est épileptique, va devoir suivre un traitement à vie, lourd, et tout à coup, c’est tout un univers familial, bien sûr, mais aussi professionnel et amical qui se trouve sens dessus dessous.
Familial comme une évidence, car les séjours d’Alex à l’hôpital mobilisent Martine qui reste soucieuse d’être une maman présente pour sa petite Lola, 2 ans et demi.
Professionnel, car l’Atelier Maison qui sent bon le tissu, le fil, les gâteaux et le thé, que Martine a fondé avec Ève et Coline en est à ses balbutiements et ses absences répétées risquent de le fragiliser.
Amical enfin, car les amies vont être une digue solide pour repousser les déferlantes, aider au quotidien, écouter, panser. Présences douces, tantôt là quand nécessaire, tantôt discrètes et sachant se faire oublier.
"Par un réflexe pragmatique immédiat, je déléguai provisoirement ma responsabilité de mère de Lola à mon amie Coline pour pouvoir me consacrer entièrement à celle de mère d'Alexandre."
Martine questionne avec humilité : que faire quand votre propre vie vous échappe ? Et y répond de même :
"On tâtonne, on s'égare, on ne reconnaît plus rien. On ne reconnaît plus sa propre vie."
Comme nous tous, elle est imparfaite, Martine, mais elle, elle ose le dire, sans grands effets, sobrement, même si la fureur, contenue, menace sous les mots les plus délicats. Et son récit n’en est que plus juste et poignant. Elle se demande comment faire face à l’agressivité d’Alexandre qui sourd, la violence qui enfle, les demandes d’argent qui pressent pour un embarquement immédiat pour les paradis artificiels.
"Sans bruit, sans qu’on s’en aperçoive, la bête tapie perfidement dans l’ombre était revenue une nouvelle fois, sournoisement et avidement, pour enjôler à nouveau Alexandre. Sans cœur et sans moralité, la machinerie honteuse des dealers avait repris son action de séduction et de corruption. L’argent se volatilisait, les appareils photos disparaissaient, les travaux photo prenaient du retard, le matériel d’agrandissement inutilisé fut remisé au fond d’un placard. Toujours naïfs et bêtement optimistes, on n’y vit que du feu, aucun signal d’alarme ne nous parvint, notre intuition de parents était débranchée."
Le découragement pointe souvent face aux combats à mener, toujours à recommencer pour ne pas sombrer, mais jamais la renonciation ne fait son lit dans cette terre qui "s’effondre et devient folle", pour reprendre les titres des deux premiers chapitres de ce livre bouleversant. Comment ne pas perdre pied quand le sol se dérobe ?
Reste les amies sincères vers qui se tourner quand l’envie d’envoyer tout balader devient trop impérieuse.
"Je venais auprès de Coline, la combattante, pour recharger mes capacités de résistance."
Reste aussi, comme autant d’éclats de lumière, l’humour, cette politesse du désespoir, à moins qu’il n’en soit la bouée. J’ai souri à l’inventivité de Martine pour continuer à tisser le fil avec ce fils (ah ! le brunch punk ! "[ce] rituel répété, un espace-temps d'acceptation partagé et protégé en dehors de tout, la force d'une paix rare et précieuse pour contrer toutes les mauvaises ondes et adoucir les galères qu'ils rencontraient dans leur vie de tous les jours"), je me suis amusée des inventaires à la Prévert qu’elle dresse pour rendre compte, avec économie et sourire, du temps qui poursuit sa course, oublieux des aléas de nos vies.
Si ce récit est celui d’un combat, il est aussi l’histoire d’un deuil, celui de l’enfant "fabriqué un jour de joie parfaite […] tout doux et tout joli dans ses brassières en liberty" qui devient un étranger tout en restant une part d’elle-même, qu’elle craint de ne plus pouvoir aimer parce qu’il ne serait plus aimable.
"[…] en vérité, je ne savais même plus ce que je ressentais et si je n’avais pas déjà basculé vers le versant négatif de l’affection."
C’est aussi un au revoir - un adieu serait trop définitif - à l’insouciance, à ces jours d’avant où elle pensait respirer mieux :
"Il s'agissait brutalement de faire le deuil de l'insouciance, de basculer de la légèreté vers la gravité, de l'optimisme vers l'angoisse. Aucun autre choix ne s'offrait à nous. Un étau serrait ma poitrine, l'air venait à manquer."
Ce récit dur, sans concession ni pathos, je ne peux cependant pas me résoudre à le trouver tragique, tant il est lumineux et porteur d’espoir : l’amitié indéfectible des trois amies, leur soutien sans faille, la petite Lola "un amour de petite fille, jolie à croquer et à câliner" devenue mère à son tour et le monde médical humain à défaut d’être capable de donner la clef pour faire sauter les cadenas.
Le dernier chapitre porte le beau titre des "fruits de la terre", c’est dire ! Le ciel dessine toujours un coin de ciel bleu quand les pires moments sont passés et les amarres qui ont résisté (famille, ex-mari, amis, amant) n’en ressortent que plus fortes. Un moment pour la tempête, un autre pour l’accalmie. Puisse-t-elle durer.
Le récit de Martine m’a remis en tête une phrase lue il y a quelque temps chez Véronique Olmi :
"C'est étrange comme il suffit d'un rien pour qu'une vie se désaccorde, elle aussi, que notre existence, tellement unique, si précieuse, perde son harmonie et sa valeur. Comme si elle était faite d'air, et rien que de cela."
Long est le chemin vers le renouveau et, aux côtés de Martine, il se fait avec courage, dans la dignité.
https://www.calliope-petrichor.fr/2020/11/05/qu-importe-le-chemin-martine-magnin-fauves-éditions/
Il est des lectures qui se suivent et qui se ressemblent, enfin, qui ne tiennent qu'à un fil serait plus juste. Après avoir quitté l'univers de Claire GONDOR et "Le cœur à l'aiguille", je me suis plongée dans l'univers de Martine MAGNIN et son roman "Qu'importe le chemin".
En ouvrant ce livre, oh surprise, tout commence avec une citation d'Antigone "Moi, j'ai toujours l'amour cousu dans mes entrailles". Avouez que le hasard fait bien les choses, non ?
Comme vous le savez, je ne lis plus les 4èmes de couverture, je ne savais donc pas à quoi m'attendre et c'était beaucoup mieux ainsi, j'ai vécu un véritable ascenseur émotionnel. Je vous explique :
La narratrice était mariée depuis une douzaine d'années, elle est aujourd'hui séparée et vit au rythme des gardes alternées de ses deux enfants, Alex, 8 ans, et Lola, 2 ans 1/2. Elle travaille avec 2 amies, elles ont créé toutes les 3 l'Atelier Maison, un magasin de couture et de décoration d'intérieure. Elle se prépare à partir en vacances avec ses enfants. Elle doit rejoindre Lola, déjà partie chez sa grand-mère maternelle, avec Alex, lui rentre d'un voyage en Afrique avec son père, urbaniste, qui a des attaches professionnelles sur ce continent. Mais voilà, alors que tout allait bien le soir du retour, au réveil, le lendemain matin, elle le découvre pris de violentes secousses, les yeux révulsés. Elle téléphone au médecin qui se déplace et prend très au sérieux les premiers symptômes d'Alex. Il doit entrer de toute urgence à l'hôpital des enfants de Paris, c'est une toute nouvelle histoire qui commence.
Vous voilà harponné(e) par le destin de cet enfant et Martine MAGNIN ne vous lâchera plus jusqu'à la toute dernière page. Vous allez vivre en apnée totale les 188 pages, vous voilà prévenu(e).
Ce livre, qui n'est pas un roman, est un vibrant témoignage d'une mère face à la maladie de son fils. Propulsée malgré elle dans le monde de l'hôpital, elle va côtoyer des professionnels dont les doutes ne feront qu'accroître ses angoisses. Elle va vivre au rythme des examens, des résultats qui, déclarés insuffisants, en appelleront d'autres.
Elle va vivre l'arrivée de cette maladie comme une profonde injustice. Dès les premières lignes, elle nous explique à quel point il lui paraît antinomique de juxtaposer "enfants" et "malades", et pourtant.
Elle va plonger le.a lecteur.rice dans un univers singulier dont le patient comme l'entourage familial vont devoir s'approprier les codes. La vie prend soudainement une toute autre dimension.
Ce qui m'a passionnée dans ce livre, c'est de découvrir Alex grandir avec la maladie, voir comment un adolescent apprend à prendre son destin en main.
Mais pour la narratrice, sa mère, c'est là aussi un nouvel apprentissage qui commence, la nécessité pour elle de trouver sa place pour le bonheur de son enfant, enfin, pour accepter la voie dans laquelle il s'engouffre. Je ne vous en dirais pas plus bien sûr, au risque de vous dévoiler plus encore ce qui fait le charme de cette histoire.
Ce que je peux vous dire, par contre, c'est ô combien je suis en admiration devant l'abnégation de cette mère, son courage, sa force de vivre, et aussi son ingéniosité pour préserver le peu de complicité qu'il lui est encore possible de partager avec son fils. C'est aussi sa profonde humanité qui m'a émue aux larmes, cette mère qui se dit imparfaite, je crois que chacune d'entre nous voudrait être à sa hauteur, un portrait de femme absolument somptueux qui insuffle un profond optimisme dans une langue où la sincérité fait vibrer chaque ligne du récit.
Ce qui m'a profondément troublée aussi, c'est la capacité d'une mère à s'adapter, évoluer au rythme du fruit de sa chair, douter, se questionner, en un mot, avancer !
Quelle distance, quel recul il faut prendre pour accepter l'autre dans toutes ses dimensions.
Mais au bout du compte : "Qu'importe le chemin", le titre a lui seul traduit la démarche de cette mère, cette quête de tous les jours dans un environnement mutant, impacté par la maladie et ses conséquences sur la vie quotidienne.
Quant à la toute dernière ligne de ce récit de vie, je crois qu'elle résume tout en beauté sa sage philosophie :
On récolte toujours ce que l'on S'AIME. P. 188
Je ne peux décemment vous quitter sans parler un peu couture, ce dénominateur commun avec "Le coeur à l'aiguille". J'ai pris un immense plaisir à m'immerger dans l'univers de cette femme et ses deux amies, unies par une activité artistique, et bien plus encore...
Coudre, conjuguer les textures, détourner les usages, confronter les couleurs, jouer avec les galons anciens, chercher une idée, la peaufiner,, tailler, épingler, piquer, repasser... P. 57
J'ai retrouvé la beauté du geste de Leïla, la passion pour une activité manuelle, artisanale, la satisfaction du travail bien fait.
Outre cette dimension, la couture permet aussi de panser ses plaies. Quand la couture devient une thérapie...
Comme Leïla, la narratrice trouve dans la couture une bien belle manière de s'évader, s'offrir de nouveaux horizons... le temps d'une création.
Ce livre, c'est un coup de coeur.
http://tlivrestarts.over-blog.com/2017/07/qu-importe-le-chemin-de-martine-magnin.html
Martine Magnin m’a fait le plaisir de m’adresser son ouvrage "Qu’importe le chemin". Martine écrit, mais Martine est aussi une lectrice et une amie membre de la même association de lecteurs que moi "Les 68 premières fois". Rédiger une chronique de ses lectures n’est déjà pas simple. Dire ses ressentis n’est pas aisé et lorsque l’ouvrage n’a pas été apprécié, il est encore plus difficile de trouver les mots justes et sincères pour surtout ne pas blesser celle ou celui qui les a écrits. Alors, à l’idée de devoir porter un jugement, un avis sur le récit d’une amie lectrice, mon "trac" était immense. Et si jamais je n’aimais pas ? Si cet écrit n’avait pas l’heur de m’émouvoir, de me toucher, de m’emporter ou tout simplement de me plaire ?
Mes craintes se sont envolées dès les premiers mots, les premières phrases, les premières pages. J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’une histoire vraie, d’un vécu, d’un témoignage de vie. J’ai ouvert ce livre et ne l’ai pas refermé avant le point final, le cœur en miettes, les larmes au bord des yeux, les mains crispées. Il retrace la vie de son fils atteint d’une maladie, grave, qui s’avèrera chronique, découverte alors qu’il avait huit ans. Mais du petit enfant "… fabriqué un jour de joie parfaite… tout doux et tout joli dans ses brassières en liberty." il ne restera bientôt plus grand chose. Nous allons suivre le lourd supplice de sa vie d’hôpital en cellules de dégrisement, de commissariat en compartiments d’isolement. Car, lassé par les médications sans fin, les séjours hospitaliers, un beau jour, n’en pouvant plus de cette vie entre parenthèses, il envoie tout valser par-dessus les moulins. "Alexandre ne se prêtait plus aux injonctions du nouveau médecin et refusait tout examen médical." Commence alors une dérive, entre drogues multiples et conduites à risques. Sans jamais baisser les bras, sa mère, mais aussi son père et sa sœur n’auront de cesse de se battre.
L’auteur décrit un véritable chemin de croix sans jamais basculer dans le pathos. Elle nous dit ses chagrins, sa peur, ses angoisses "Il s’agissait brutalement de faire le deuil de l’insouciance, de basculer de la légèreté vers la gravité, de l’optimisme vers l’angoisse. Aucun autre choix ne s’offrait à nous. Un étau serrait ma poitrine, l’air venait à manquer." Les larmes sont présentes mais le sourire aussi. Pleine d’énergie, cette maman va se poser des questions, se culpabiliser "Dans mon cerveau déstabilisé, la culpabilité se combinait au sentiment d’injustice…", va s’attacher aussi être présente pour Léa, petite sœur d’Alexandre.
J’ai aimé ce récit magnifique et magnifiquement écrit, d’une écriture fine et élégante. J’ai aimé la sincérité des propos, l’authenticité de l’analyse, la franchise des rapports. J’ai aimé l’enthousiasme de cette maman qui affleure toujours derrière l’angoisse et la tristesse, qui ne se pose jamais en mère parfaite mais réfléchit, s’interroge et avance. Chaque mère pourra se retrouver dans cette histoire et au plus profond du trou espérer parce que :
"Une petite graine, puis une autre petite graine… si la terre est bonne et si on l’arrose !
On récolte toujours ce que l’on s’aime."
Un récit biographique c'est toujours pour moi une source d'attachement, peu importe la vie qui y est racontée. L'auteur prend le temps de se poser pour écrire sur quelqu'un que ce soit lui ou un autre. J'accorde beaucoup de respect au moment de ma lecture et dans mon ressenti. C'est un travail qui demande un dépassement de soi d'être capable de poser le bon comme le mauvais.
Martine l'a fait !
J'ai commencé l'ouvrage en découvrant un peu plus Martine. Elle fait partie avec moi de l'aventure des 68 premières fois et nous échangeons sur les ouvrages lus mais finalement assez peu sur nos vies. La découvrir dans un autre contexte et de plus dans l'intimité de sa vie de maman c'est touchant !
Elle pose donc les joies de la maternité, une fois, deux fois et puis aussi elle nous raconte qu'elle a des amies formidables et fidèles !
Le récit va s'orienter ensuite vers son fils. Et là, c'est un moment d'émotion intense que de découvrir ce que Martine et sa famille vont traverser. A partir de ce moment, j'ai "dévoré" le livre car il me fallait savoir comment ils ont trouvé la force de traverser les épreuves, les unes après les autres, sans perdre l'espoir qu'un jour meilleur arrivera. Et sans oublier sa fille qui va construire une vie en apparence plus banale que celle de son fils mais qui sera présente malgré tout à chaque instant.
C'est une lecture que j'ai encore en tête car l'amour, l'amitié, la solidarité, le courage y sont remarquablement présents et porteurs d'un message positif pour beaucoup d'autres personnes à mon sens.
Martine dit "Qu'importe le chemin, on récolte toujours ce que l'on s'aime!". Je suis tout à fait d'accord avec elle et j'ai beaucoup apprécié qu'elle arrive à exprimer ses sentiments tout en conservant un ton plutôt léger, presque drôle. Je dis presque car le fond est délicat et poignant...
La remise en question est totale après un livre comme celui-ci. Non pas que les choses doivent être forcément changées dans notre manière d'être et d'agir, mais plutôt dans la réflexion que l'on doit mener en tant que parents.
C'est une lecture qui m'a touchée et laissée admirative !
Alex vient de rentrer d’un séjour en Afrique avec son père. Le lendemain, Martine Magnin trouve son fils en pleine convulsion dans son lit. Tout de suite elle appelle SOS Médecins. Un premier diagnostic est vite effectué. Le jeune garçon souffrirait d’épilepsie, « Le Grand Mal ». Aussitôt il est conduit à l’hôpital.
Les crises s’enchaînent sous la surveillance du personnel hospitalier. Le diagnostic, brutal, est confirmé. Alex devra suivre un traitement à vie. On suit tout son séjour à l’hôpital, le dosage empirique des traitements, et la transformation physique et morale d’un petit garçon plein de vie et d’entrain en un enfant rendu apathique par son traitement.
« On glane partout les informations, on scrute fébrilement autour de soi et on décortique en douce la feuille de surveillance, les graphiques totalement hermétiques, les prescriptions aussi savantes qu’abstraites. On sait qu’on ne devrait pas le faire, mais on potasse tout de même les dictionnaires médicaux alarmistes et on évoque avec d’autres des expériences qui ne se ressemblent pas toujours ou pire qui se contredisent. En vain. On n’a ni le savoir, ni le pouvoir. On est de fait, totalement dépassé, inefficace et enfermé à double tour dans ce nouveau statut de parent d’enfant malade, mis brutalement à l’écart de sa fonction naturelle. On est passé de l’autre côté du miroir, coincé, condamné côté ombre… Tous nos rituels habituels, nos repères les plus évidents et les plus naturels explosent, réduits à néant. On tâtonne, on s’égare, on ne reconnaît plus rien. On ne reconnaît plus sa propre vie. »
A l’adolescence, Alex se révolte. Il ne veut plus de ce traitement qui l'abrutit. Il veut vivre quitte à mettre sa vie en danger. Il se lie d’amitié avec une bande de punks, remplace son traitement par des drogues plus dures, plus récréatives, se clochardise. C'est la période des cellules de dégrisement, de la destruction de matériel public, des cures de désintoxication. L’image de la famille traditionnelle, il faut l’oublier. L’auteure doit faire face tout en ne négligeant pas sa fille, l’adorable Lola. Pour cela, elle peut compter sur le soutien sans faille des ses deux meilleures amies. Le travail au magasin qu’elles ont créé ensemble, leurs échanges, leur entraide sont une véritable bouffée d’oxygène.
Dans ce récit qui nous mène de la France au Québec, de la Chine au Népal, Martine Magnin nous raconte la vie chaotique de cette famille tourmentée. Ce témoignage se lit comme un roman. Les situations cocasses s’enchaînent aux épisodes dramatiques. Loin de tout pathos, le style vif, plein d’émotion, de poésie, de tendresse, d’amour et d’humour de l’auteure nous captive et nous émeut du début à la fin. Un livre à ne pas manquer. A découvrir chez votre libraire dès aujourd’hui.
« Une petite graine, puis une autre petite graine… si la terre est bonne et si on l’arrose !
On récolte toujours ce que l’on S’AIME »
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/11/quimporte-le-chemin-de-martine-magnin.html
Le parcours d'une mère et de son fils à la dérive
Alors que Martine est en période de séparation difficile avec son mari, Alexandre son fils de 8 ans, de retour de vacances avec son père, convulse. Alexandre est hospitalisé et le diagnostic d'épilepsie tombe. Un véritable séisme, la fin de l'insouciance... Crises et comas s'enchainent, Alexandre est rebelle aux traitements.
Martine va devoir intégrer la pathologie d'Alexandre dans leur vie tout en préservant Lola, sa petite sœur qui n'a que 2 ans. Heureusement le travail, le plaisir de coudre et de créer dans l'Atelier qu'elle dirige avec ses deux amies Coline et Eve offrent des soupapes à Martine.
Alexandre vit difficilement sa maladie et la marginalisation qu'elle entraine, son caractère devient plus difficile à l'adolescence, il refuse son traitement, devient incontrôlable. Il adopte des conduites à risque et quitte l'école habité de colère et rancœur envers ses parents. Il se marginalise peu à peu et vit dans la rue.
C'est la descente aux enfers, l'entrée dans un monde de violence et de drogues. "Drogues pour drogues, il en choisirait d'autres à sa convenance." Cette mère doit "faire le deuil de mon image idéalisée de mère aimante inconditionnelle et le deuil de l'image d'un fils parfait."
Pour cette mère courage, l'essentiel est alors de garder le contact à tout prix avec son fils. J'ai trouvé particulièrement émouvante son initiative d'organiser des "brunch punk" hebdomadaires avec Alexandre et quelques uns de ses congénères marginaux "un rituel répété, un espace-temps d'acceptation partagé et protégé en dehors de tout, la force d'une paix rare et précieuse pour contrer toutes les mauvaises ondes et adoucir les galères qu'ils rencontraient dans leur vie de tous les jours."
Les années vont défiler de centre de désintoxication en internement d'office en hôpital psychiatrique et hospitalisation après un tabassage par des dealers...
Martine a conscience de la souffrance de son fils mais va éprouver de la culpabilité, de la honte de son amour pour sa fille Lola qui est est contrairement à son frère complètement dans la norme, mais aussi de la culpabilité de ne pas lui consacrer assez de temps tellement elle est accaparé par Alex.
Ce témoignage est bien entendu émouvant mais je l'ai trouvé surtout sincère et honnête. Martine Magnin trouve les mots pour parler de son combat mais aussi de sa crainte de tomber dans le désamour maternel. Elle évoque son impuissance, sa lâcheté à certains moments, la colère et de la rage qui l'envahissent. Elle se montre lucide par rapport à ses erreurs et ne cache pas ses moments de découragement. Il émane de cette femme une énergie hors du commun.
Ce récit témoignage, écrit d'une fort jolie plume, est tonique et empreint d'une bonne dose d'humour avec ses têtes de chapitre en forme de bilans. C'est aussi une très belle ode à l'amour et à l'amitié.
Avec l’humour et l’extrême sensibilité qui la caractérise, Martine Magnin nous propose un nouveau livre très fort sur la maternité, la maladie et le malaise familial que cette dernière peut créer.
La plume (que j’apprécie décidément beaucoup, beaucoup <3) est toujours aussi juste.
Un nouveau roman-témoignage émouvant, poignant de l’auteur dont la lecture vous habite longtemps…
Pour moi, Martine fait partie de ces écrivains rares de l’intime qui ne tombent jamais dans le pathos.
Ma chronique sur https://arthemiss.com/quimporte-le-chemin-de-martine-magnin/
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