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Avis : PASSIONNANT
Quels adjectifs trouver pour qualifier la lecture des « Petites histoires de la mode » ? Il y en aurait beaucoup mais je garderai celui que j’ai choisi pour mon avis. Tout y est pour me plaire : des connaissances, de l’humour, de la subtilité, de l’organisation !
Par ordre alphabétique mais aussi sans queue ni tête car on saute du boubou à la braguette sans fil rouge, les informations sur le monde de la mode et de la couture nous sont fournies, ayant traversé les siècles, les pays mais s’étant teintées de l’humour des auteures, que l’on devine, passionnées et mutines.
On s’instruit, on rit, on s’étonne, on laisse et on reprend… Oui, 455 pages ne « s’avalent « pas ! Et vu la qualité, je dirais qu’elles se dégustent et donnent l’occasion de retrouver une vie sociale passant par le téléphone :
— Tu imaginais, toi, qu’on ne sait pas de quand datent les ciseaux ? Ceux que l’on connaît existaient déjà, il y a deux mille ans dans l’Empire Romain et en Extrême-Orient…
Oui, je vais garder ce dictionnaire poétique et pratique à portée de main, c’est plus sympa que de « googleliser », non ? Chapeau bas, Mesdames, pour les nombreuses recherches effectuées. Mon « petit doigt » m’a dit que cela avait pris trois ans. Cela se voit, c’est complet et en aucun cas rébarbatif au vu des nombreux fous rires pris avec certaines définitions.
Je remercie sincèrement Martine Magnin pour sa confiance, non seulement pour la chronique mais aussi pour m’avoir confié cet ouvrage bien avant sa sortie et m’avoir citée dans les remerciements en des termes qui m’ont touchée.
N’hésitez pas, ce livre paru aux Éditions Jourdan est dans toutes les bonnes librairies.
De Martine Magnin, je n’ai certes pas lu tous les ouvrages. Mais j’ai beaucoup aimé ceux que j’ai découverts. Et ce dernier opus, joliment titré, "Collier de femmes" ne fait pas exception. En réalité, je l’ai aimé dès la couverture magnifiquement illustrée par l’artiste Sophie Rocco qui symbolise parfaitement le thème abordé dans le récit.
Les femmes de la couverture, enlacées, illustrent, en effet, de belle manière les portraits de celles qui ont traversé la vie d’Elsa. Elsa, la narratrice aime les belles choses, les perles et les bijoux et aussi les femmes. Chaque perle, pierre ou maillon représente l’une d’entre elles. C’est ainsi que nous avançons dans sa vie aux côtés de ses amies, filles, thérapeutes, sœurs, belles-sœurs, mère et belle-mère. Comme les bijoux, elles peuvent être belles aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Elles peuvent aussi cacher derrière une belle façade quelques petits ou grands défauts. D’une certaine, elle a même dû se séparer pour continuer à vivre. Les autres sont entrées dans sa vie pour ne jamais en sortir.
Martine Magnin use d’une magnifique écriture, délicate et légère, fluide et travaillée, limpide et poétique. Elle donne l’impression de tresser les mots comme elle sélectionne les perles dont elle nous donne à chaque fois une belle définition. Chacune est à la bonne place, sa beauté assortie aux compliments qu’elle profère avec élégance et délicatesse. Et quand survint "L’Ambigüe – Une perle étrange aux reflets changeants entre rouge d’amour, blanc de glace et noir de mort…", que l’amitié ne fut plus ce qu’elle semblait être, "Elsa en sortit profondément plus forte, plus détendue et plus claire." Beaucoup de positif dans les propos tenus par Elsa, elle aime ou pas mais toujours explique, reconnaît, réfléchit.
Cet album de photos, détaillées, exquises et coloriées à l’amour est un baume en ces temps difficiles. J’ai aimé le feuilleter, m’imaginer le visage de chacune des femmes, me plonger aussi dans les pensées des auteurs qui ponctuent chaque fin de chapitres. Et, si je ne devais en retenir qu’une, ce serait celle de Marcel Proust : "Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux." Tout est dit.
Merci, Martine de m’avoir permis d’entrer dans la grande et belle famille d’Elsa. Ce fut un moment délicieux.
https://memo-emoi.fr
Quelle belle idée d’égrener ainsi les éléments d’un bijou irremplaçable , composé au gré des rencontres d’une vie ! Ces perles, uniques, et ses maillons, qui font la solidité de la parure, ce sont les femmes croisées, écoutées, subies parfois, et qui rendent singulier le chemin. De la Tatie Danièle, à la grand-mère conteuse, en passant par la Reine-mère à l'Irrésistible, c’est une collection de portraits à déguster comme une gourmandise , et à revisiter pour un plaisir renouvelé.
Toutes différentes, dans leur rôle et dans leur personnalité, elles constituent un diaporama bigarré et en aucune façon l’ennui ne peut s’immiscer dans la lecture. On y reconnaîtra même parfois des perles personnelles …
C’est aussi un hommage aux soeurs, un éloge de la sororité, valeur refuge incontestable pour la moitié féminine de notre humanité. Ces perles égaient le regard mais nous relient aussi à nos semblables, Et sont la preuve que la diversité et la différence sont des atouts majeurs pour survivre et accepter notre sort énigmatique d’être humain.
J’ai adoré ces portraits déclinés avec grâce, et talent.
Merci à Martine de m’avoir confié ce bijou littéraire .
"Une petite graine, puis une autre petite graine... si la terre est bonne et si on l'arrose ! On récolte toujours ce que l'on S'AIME."
Martine Magnin fait partie comme moi de l’aventure des #68premieresfois, mais je confesse que je n’avais jamais pris le temps de la lire jusqu’à ce que Marika Daures me contacte pour me demander si je pouvais écrire une chronique sur l’un des auteurs dont elle s’occupe. En voyant dans la liste le roman de Martine, mon choix s’est fait de lui-même.
Qu’importe le chemin, initialement publié aux éditions L'astre Bleu à l’automne 2016, vient de reparaître aux éditions Fauves. Ce livre de Martine Magnin n’est pas un roman, mais un récit de vie, sur plusieurs décennies, doublé du témoignage d'une mère qui doit faire face à la maladie de son fils, Alexandre, 8 ans, terrassé par une crise d’épilepsie au retour de vacances passées en Afrique avec son père, Paul, dont Martine est en train de divorcer.
"Ces deux noms accolés, cette coexistence inconfortable "Enfants" et "malades", est déjà un malaise en soi, une contradiction gênante, une regrettable antinomie. C’est un contresens, une incohérence, un oxymore, car les enfants ne devraient pas être malades, les autres oui, les adultes, les vieillards, éventuellement, peut-être, s’il le faut vraiment. Mais eux non, surtout pas. Ils doivent être toujours heureux, souriants, actifs, confiants, en progrès, en devenir, intacts et protégés dans leur statut d’enfant."
Alex est épileptique, va devoir suivre un traitement à vie, lourd, et tout à coup, c’est tout un univers familial, bien sûr, mais aussi professionnel et amical qui se trouve sens dessus dessous.
Familial comme une évidence, car les séjours d’Alex à l’hôpital mobilisent Martine qui reste soucieuse d’être une maman présente pour sa petite Lola, 2 ans et demi.
Professionnel, car l’Atelier Maison qui sent bon le tissu, le fil, les gâteaux et le thé, que Martine a fondé avec Ève et Coline en est à ses balbutiements et ses absences répétées risquent de le fragiliser.
Amical enfin, car les amies vont être une digue solide pour repousser les déferlantes, aider au quotidien, écouter, panser. Présences douces, tantôt là quand nécessaire, tantôt discrètes et sachant se faire oublier.
"Par un réflexe pragmatique immédiat, je déléguai provisoirement ma responsabilité de mère de Lola à mon amie Coline pour pouvoir me consacrer entièrement à celle de mère d'Alexandre."
Martine questionne avec humilité : que faire quand votre propre vie vous échappe ? Et y répond de même :
"On tâtonne, on s'égare, on ne reconnaît plus rien. On ne reconnaît plus sa propre vie."
Comme nous tous, elle est imparfaite, Martine, mais elle, elle ose le dire, sans grands effets, sobrement, même si la fureur, contenue, menace sous les mots les plus délicats. Et son récit n’en est que plus juste et poignant. Elle se demande comment faire face à l’agressivité d’Alexandre qui sourd, la violence qui enfle, les demandes d’argent qui pressent pour un embarquement immédiat pour les paradis artificiels.
"Sans bruit, sans qu’on s’en aperçoive, la bête tapie perfidement dans l’ombre était revenue une nouvelle fois, sournoisement et avidement, pour enjôler à nouveau Alexandre. Sans cœur et sans moralité, la machinerie honteuse des dealers avait repris son action de séduction et de corruption. L’argent se volatilisait, les appareils photos disparaissaient, les travaux photo prenaient du retard, le matériel d’agrandissement inutilisé fut remisé au fond d’un placard. Toujours naïfs et bêtement optimistes, on n’y vit que du feu, aucun signal d’alarme ne nous parvint, notre intuition de parents était débranchée."
Le découragement pointe souvent face aux combats à mener, toujours à recommencer pour ne pas sombrer, mais jamais la renonciation ne fait son lit dans cette terre qui "s’effondre et devient folle", pour reprendre les titres des deux premiers chapitres de ce livre bouleversant. Comment ne pas perdre pied quand le sol se dérobe ?
Reste les amies sincères vers qui se tourner quand l’envie d’envoyer tout balader devient trop impérieuse.
"Je venais auprès de Coline, la combattante, pour recharger mes capacités de résistance."
Reste aussi, comme autant d’éclats de lumière, l’humour, cette politesse du désespoir, à moins qu’il n’en soit la bouée. J’ai souri à l’inventivité de Martine pour continuer à tisser le fil avec ce fils (ah ! le brunch punk ! "[ce] rituel répété, un espace-temps d'acceptation partagé et protégé en dehors de tout, la force d'une paix rare et précieuse pour contrer toutes les mauvaises ondes et adoucir les galères qu'ils rencontraient dans leur vie de tous les jours"), je me suis amusée des inventaires à la Prévert qu’elle dresse pour rendre compte, avec économie et sourire, du temps qui poursuit sa course, oublieux des aléas de nos vies.
Si ce récit est celui d’un combat, il est aussi l’histoire d’un deuil, celui de l’enfant "fabriqué un jour de joie parfaite […] tout doux et tout joli dans ses brassières en liberty" qui devient un étranger tout en restant une part d’elle-même, qu’elle craint de ne plus pouvoir aimer parce qu’il ne serait plus aimable.
"[…] en vérité, je ne savais même plus ce que je ressentais et si je n’avais pas déjà basculé vers le versant négatif de l’affection."
C’est aussi un au revoir - un adieu serait trop définitif - à l’insouciance, à ces jours d’avant où elle pensait respirer mieux :
"Il s'agissait brutalement de faire le deuil de l'insouciance, de basculer de la légèreté vers la gravité, de l'optimisme vers l'angoisse. Aucun autre choix ne s'offrait à nous. Un étau serrait ma poitrine, l'air venait à manquer."
Ce récit dur, sans concession ni pathos, je ne peux cependant pas me résoudre à le trouver tragique, tant il est lumineux et porteur d’espoir : l’amitié indéfectible des trois amies, leur soutien sans faille, la petite Lola "un amour de petite fille, jolie à croquer et à câliner" devenue mère à son tour et le monde médical humain à défaut d’être capable de donner la clef pour faire sauter les cadenas.
Le dernier chapitre porte le beau titre des "fruits de la terre", c’est dire ! Le ciel dessine toujours un coin de ciel bleu quand les pires moments sont passés et les amarres qui ont résisté (famille, ex-mari, amis, amant) n’en ressortent que plus fortes. Un moment pour la tempête, un autre pour l’accalmie. Puisse-t-elle durer.
Le récit de Martine m’a remis en tête une phrase lue il y a quelque temps chez Véronique Olmi :
"C'est étrange comme il suffit d'un rien pour qu'une vie se désaccorde, elle aussi, que notre existence, tellement unique, si précieuse, perde son harmonie et sa valeur. Comme si elle était faite d'air, et rien que de cela."
Long est le chemin vers le renouveau et, aux côtés de Martine, il se fait avec courage, dans la dignité.
https://www.calliope-petrichor.fr/2020/11/05/qu-importe-le-chemin-martine-magnin-fauves-éditions/
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