Des livres incontournables pour un immense plaisir littéraire
Des livres incontournables pour un immense plaisir littéraire
Notre sélection des livres à lire le temps d’un match de foot !
Après avoir effleuré son père dans ses précédents romans, Édouard Louis lui consacre ce très court texte pour lui écrire tout ce qu'il n'a jamais su lui dire. Il décrit un homme sensible mais empêtré dans sa condition sociale. Une déclaration plus que l'acte politique auquel je m'attendais.
A lire le dimanche.
Retrouver Édouard Louis est émouvant car la lecture de son premier livre : En finir avec Eddy Bellegueule, m’avait impressionné et ému à la fois. Pourtant, je n’ai pas lu encore Histoire de la violence…
Qui a tué mon père, titre de ce recueil de confidences et de souvenirs, ne comporte pas de point d’interrogation car ce n’est pas une question, plutôt une introspection, l’introspection d’un fils qui parle de son père, un père qui ne peut pas répondre puisqu’il n’est plus de ce monde.
Souvenirs douloureux, émouvants parfois se succèdent, sont datés sans ordre chronologique et ce qui me frappe une fois de plus, c’est la terrible hostilité d’un père envers un fils qu’il aime profondément mais dont il ne peut accepter la féminité. Cette féminité, Édouard Louis l’affiche, l’assume et en subit les conséquences à la maison et en dehors.
Il y a aussi l’usure d’un homme brisé par le travail et là, le livre sort de la sphère familiale et du couple que formaient ses parents, couple dont il ne cache pas les échecs et la rupture. Édouard Louis met franchement en cause ces hommes politiques qui remplacent le RMI par le RSA (Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch), pondent une Loi Travail (François Hollande, Myriam El Khomri et Manuel Valls) causant de véritables désastres dans la vie quotidienne des plus humbles.
Les conséquences ont été désastreuses pour la santé de son père et l’auteur insiste pour qu’on cite les noms puis ajoute : « On ne dit jamais fainéant pour nommer un patron qui reste toute la journée assis dans un bureau à donner des ordres aux autres. »
La période actuelle n’y échappe pas puisque, à peine élu, Emmanuel Macron a enlevé cinq euros aux plus faibles pour, en même temps, baisser les impôts des plus riches. Ainsi, l’histoire du corps de son père se calque sur l’histoire politique du pays et c’est bien de le démontrer.
Qui a tué mon père est un écrit plein de sensibilité, d’amour, de ressenti et de regrets. C’est tellement plein d’humanité, de vie, cet amour d’un fils pour son père, malgré les meurtrissures de l’enfance, de l’adolescence puis de l’âge adulte !
Tout cela est conditionné par la vie politique et des décisions qui bouleversent nos vies, prouvant, si cela était nécessaire que François Ruffin a raison de titrer son dernier livre, s’adressant au Président de la République : « Ce pays que tu ne connais pas. »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Qui a tué mon père est un petit livre de seulement 84 pages - mais ô combien dense et intéressant – dans lequel Édouard Louis s'adresse à son père qui, âgé d'à peine plus de cinquante ans, est quasiment invalide : « Tu appartiens à cette catégorie d'humains à qui la politique réserve une mort précoce. »
Dans la plus grande partie du livre, l'auteur se remémore certains souvenirs d'enfance ou d'adolescence et les réactions de son père qu'il tente de comprendre et d'analyser. Il s'aperçoit que la violence que montrait parfois son père exprimait souvent de la colère sociale et cachait l'amour qu'il avait pour son fils et qu'Édouard Louis n'a pas toujours compris.
Cet homme aurait voulu avoir une autre vie mais il n'a pu échapper au travail de l'usine. C'est là qu'il sera victime d'un accident du travail qui lui broie le dos. Il s'en remettra mais très difficilement, les douleurs ne vont plus le quitter. Pour ne pas perdre son droit aux aides sociales, il a dû accepter un travail de balayeur, toujours penché alors que son dos était détruit.
Édouard Louis, dans la dernière partie du livre, va passer en revue les différents présidents de la République et leurs ministres qui, par leurs lois, ont tué des travailleurs comme son père. Il n'en épargne aucun et nous rappelle précisément les années et les lois ou réformes : « Hollande, Valls, El Khomeri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L'histoire de ta souffrance porte des noms. L'histoire de ta vie est l'histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t'abattre. L'histoire de ton corps est l'histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. »
C'est un bouquin très personnel, intimiste, très pudique aussi et c'est en même temps un texte universel et politique dans lequel Édouard Louis exprime avec force la colère qu'il a vis-à-vis des politiques qui ont brisé son père.
Le titre, Qui a tué mon père, ne comporte pas de point d'interrogation car c'est une réponse que l'auteur apporte dans ce livre, un livre très contemporain, un livre bouleversant !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://dubonheurdelire.wordpress.com/
Peu emballée après la lecture d' en finir avec Eddy Bellegueule, je n'avais pas voulu lire Histoire de la violence ni Qui a tué mon père? . Mais en discutant avec une autre passionnée de lectures, je me suis laissé convaincre. Et surtout la pièce de théâtre Retour à Reims a fini de me convaincre de me plonger une nouvelle fois dans les écrits de cet auteur.
Dans ce court récit, l'auteur revient sur la relation avec son père mais l'aborde sous un angle nouveau : le rôle de la société sur la déchéance de son père.
La dimension autobiographique est bien présente: on retrouve au fil des pages l'histoire de cette relation père/fils entre amour et honte. Le temps a fait son œuvre et le pardon réciproque semble poindre. Mais plus que cette relation, souvent pleine d'émotions, c'est l'analyse sociologique que l'auteur propose qui est intéressante. Il explique au creux de ces pages comment le corps individuel subit le corps social. Plus qu'un récit autobiographique, Qui a tué mon père ? est avant tout un essai sociologique qui inscrit Edouard Louis dans l'héritage de Didier Eribon. Il explique comment la société, par un effet dominos, expose les hommes à la souffrance physique ; comment elle détruit insidieusement le corps de ses travailleurs par les politiques qu'elle met en place et parallèlement comment elle désagrège des familles entières.
En résumé : une douce réconciliation avec cet auteur qui a réussi à me convaincre de lire son prochain ouvrage.
Un petit peu court mais très bien écrit! Un cri d'amour pour ce père si décrié dans " En finir avec Eddy Bellegueule".
Un très joli roman autobiographique sur le retour vers son père, un père, qui, souvenez-vous, ne voulait plus entendre parler de son fils (En finir avec Eddy Bellegueule). Un témoignage poignant sur les violences de la vie de tous les jours sur les travailleurs. Un livre utile qui dénonce les décisions politiques et leurs conséquences sur ceux qui "vont au charbon". Un livre sur l'amour d'un fils pour son père. Beau, triste et malheureusement réél...
J’aime Edouard Louis. J’aime les mots d’Edouard Louis. Et je crois que je les ai aimés dès la lecture de la première page de En finir avec Eddy Bellegueule. L’âpreté de ce qui est raconté, sans détours, sans fioriture. La violence intrinsèque à la condition sociale de ses « personnages ». Le regard dur mais tellement juste sur le monde qui nous entoure, notre société. J’y ai retrouvé exactement la même force avec Histoire de la violence.
C’est donc avec une certaine impatience que j’attendais son prochain livre…
Dans ce court récit, Edouard Louis nous donne l’impression de devoir s’affranchir -telle une nécessité- des « règles » classiques de l’écriture dans la construction de ses phrases en jouant surtout avec la ponctuation ; s’affranchir des règles de la Bourgeoisie pour pouvoir parler de la violence (en filigrane mais de manière constante) de cette dernière à l’encontre de la classe populaire. Dans ce cas précis, il s’agit de son père, l’homme qui n’aura pas été celui qu’il voulait être, celui qui aurait sans doute aimé être quelqu’un d’autre. Il démarre son texte comme une entrée en scène –sorte de didascalie théâtrale- et on devine presque d’emblée qu’il va s’agir là d’un soliloque, malgré l’utilisation de la deuxième personne. Edouard Louis est seul, face à lui-même et face à ses souvenirs. Mais si j’avais tant aimé l’utilisation de la deuxième personne du singulier dans Lambeaux de Charles Juliet, elle m’a moins marquée ici. L’effet y est moins fort à mon goût même si on peut imaginer assez vite la raison de son utilisation.
En réalité, ce père tant aimé et détesté à la fois n’est pas mort. Il est même relativement jeune, une cinquantaine d’années. Mais il est abimé, détruit physiquement, par le travail et par la violence permanente de ceux qui ont le pouvoir et qui continuent de penser que baisser de cinq euros par mois des APL n’est rien (pour ne donner qu’un exemple très récent). Il a subi toute sa vie, la pauvreté, les pouvoirs publics, l’injonction d’être un Homme fort et surtout pas une mauviette, comme s’il avait plutôt survécu que vécu.
Et Edouard Louis dénonce, entend rendre justice à son père, symbole des laissés-pour-compte.
Si j’aime tant les mots d’Edouard Louis (je vous assure que j’avais les poils qui se hérissaient en l’entendant parler à la radio juste avant la lecture de ce récit : c’était en mai et je m’en souviens encore), je me dois d’être honnête. Je n’ai pas été transportée par cet opus. Peut-être trop court ou un peu trop « manichéen », sans doute un peu des deux… Mais je ne regrette pas sa lecture car il me semble tout de même qu’Edouard Louis est en train de devenir un auteur nécessaire dans le paysage littéraire de ce vingt-et-unième siècle. Et finalement, je m’aperçois qu’il m’a laissé plus d’empreintes que ce que j’aurais pu imaginer il y a quelques mois.
« Le plus incompréhensible, c’est que même ceux qui ne parviennent pas toujours à respecter les normes et les règles imposées par le monde s’acharnent à les faire respecter, comme toi quand tu disais qu’un homme ne devait jamais pleurer.
Est-ce que tu souffrais de cette chose, de ce paradoxe ? Est-ce que tu avais honte de pleurer, toi qui répétais qu’un homme ne devait pas pleurer ?
Je voudrais te dire : je pleure aussi. Beaucoup, souvent. » (p.19)
(Vient de mon blog : https://unbouquindanslapocheblog.wordpress.com/2018/07/31/qui-a-tue-mon-pere-edouard-louis/ )
https://animallecteur.wordpress.com/2018/05/23/qui-a-tue-mon-pere-edouard-louis/
Dans ce très court roman, (85 pages) Édouard Louis (auteur de En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence) mêle des fragments de souvenirs avec de la politique et de la sociologie. L’auteur s’adresse directement à son père en employant la deuxième personne. Alors qu’on pourrait s’en sentir exclu, j’ai trouvé ça très touchant ces souvenirs racontés pêle-mêle.
Selon lui, si son père à à peine la cinquantaine est cassé, littéralement cassé, le dos en compote et est obligé de continuer à passer le balai dans la rue, il y a des coupables. Ces coupables il le nomme : Jacques Chirac, Xavier Bertrand, Nicolas Sarkozy, Martin Hirsch et maintenant Emmanuel Macron.
Les propos sont violents, on ressent la rage de l’auteur dans son écriture mais on devine aussi l’amour latent qu’il existe entre Édouard Louis et son père.
Un court texte coup de poing qui prouve encore une fois qu’Édouard Louis est un génie de la littérature contemporaine !
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