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Une prémonition ? : « Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'alors apparussent comme des apparitions ». En écrivant cette phrase à sa soeur Wil, le 5 juin 1890, Vincent Van Gogh pouvait-il se douter que son souhait se réaliserait ?
Je me suis rendu dans cette petite commune d'Auvers-sur-Oise où la présence de Vincent Van Gogh est toujours perceptible. Je l'ai rencontré.
Tour à tour joyeux, mélancolique, il m'a raconté, au jour le jour, son activité durant les deux mois qu'il a passés dans cette ville où il était venu pour oublier son mal et se soigner. Il m'a fait tout partager : ses joies, ses doutes, ses rencontres, sa tendresse pour son frère Théo. Il m'a décrit ses journées occupées à courir la campagne en quête de motifs. Au sommet de son art, il peignait parfois plus d'un tableau par jour. Il m'a expliqué sa passion pour cette peinture qui lui faisait dire : « Il y a du bon de travailler pour les gens qui ne savent pas ce que c'est qu'un tableau ».
Que les blés sont beaux, L’ultime voyage de Vincent Van Gogh, a été écrit par Alain Yvars, en 2018. Bien qu’étant un premier roman, il n’en est pas moins remarquable par son écriture toute en délicatesse.
La couverture reprenant un détail du « Champ de blés avec des cyprès » de 1889 est une excellente invitation à ce voyage et mon regard reviendra souvent à celle-ci lors de ma lecture, de même qu’à l’autoportrait (1889) de la page 4. La chanson de Jean Ferrat « Les tournesols » m’accompagnera aussi.
Il faut être doté d’une très grande sensibilité, d’une connaissance approfondie de l’art et d’un grand amour pour ce peintre qu’est Vincent Van Gogh, cet homme au talent fou et avant-gardiste, pour écrire un roman aussi touchant, émouvant et très enrichissant.
Il faut préciser que l’auteur pour écrire cet ouvrage s’est plongé dans de nombreux documents et dans l’abondante correspondance de l’artiste, la majorité de ses lettres a été envoyée à son frère Théo, son plus grand soutien avec qui il a entretenu une relation assidue aussi bien sur le plan personnel que professionnel.
Alain Yvars s’est également rendu dans cette petite commune d’Auvers-sur-Oise où la présence de Vincent est, dit-il, toujours perceptible.
Le résultat est effectivement probant. Vincent est là, présent, se dévoile. Il raconte à Alain cet ultime voyage, depuis son arrivée à Paris, gare de Lyon, accueilli par son frère Théo le samedi 17 mai 1890, jusqu’au dimanche 27 juillet 1890, où il se suicide, à Auvers-sur-Oise en se tirant un coup de revolver dans la poitrine, à l’âge de 37 ans.
Ce sont deux mois et demi de sa courte vie qui sont retranscrites mais une vie tellement prolifique. Il a produit pas moins de deux mille œuvres d’art et ce, sur dix ans de travail, et quelles œuvres !
Il faut être peintre comme l’est l’auteur et avoir réussi à devenir l’ami de ce génie, pour réussir un ouvrage de cette qualité.
C’est donc en toute simplicité, que nous partageons les joies de Vincent, notamment lors de son arrivée à Paris, le plaisir qu’il éprouve en faisant connaissance avec sa petite belle-sœur Jo et avec son neveu et filleul, son petit homonyme de trois mois ! Il confie aussi son angoisse et ses craintes d’avoir de nouvelles crises comme dans les derniers mois écoulés, mais n’est-il pas venu justement à Auvers, pour rencontrer le docteur Gachet, sur les conseils de son ami Pissaro et de Théo, le médecin ayant répondu de sa guérison. Nous sommes en permanence à ses côtés dans ses promenades à courir la campagne en quête de motifs et de modèles. Et là, chose sublime, il nous dévoile très humblement sa technique de peinture et nous permet d’assister à la création de plusieurs de ses toiles. Le récit dévoilant la manière dont l’artiste réalise ses peintures, que ce soit l’extraordinaire église d’Auvers, ou le portrait d’Adeline Ravoux, la fille de l’aubergiste ou de Marguerite Gachet, la fille du docteur ou d’autres encore m’a littéralement éblouie et subjuguée : je voyais l’artiste peindre et ressentais sa passion et en même temps la force incroyable de sa peinture. Quant à l’avis que porte le jeune Georges sur la toile de l’église, il est d’une pertinence absolue. Merci Monsieur Yvars pour ces émotions intenses.
Vincent évoque tout au long du roman, des bribes de sa vie, sa jeunesse en Hollande, son séjour en Provence, les grands maîtres qui l’ont inspiré et son aspiration à toujours progresser, à toujours aller plus loin, la sincérité et l’émotion face à la nature devant toujours guider son travail.
C’est une lettre de Théo qui lui confie son inquiétude pour son travail et pour le petit Vincent Willem, malade, qui va perturber Vincent lui rappelant un souvenir lointain qui le hante toujours. Une immense solitude l’étreint soudain, il se sent terriblement seul.…
Une lettre adressée à sa sœur Willemien le 5 juin 1890 apparaît comme prémonitoire : « Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d’alors apparussent comme des apparitions ».
Merci Vincent, merci Alain, vous m’avez, le temps d’un livre et plus encore, emmenée dans une intemporalité baignée de poésie, de couleurs, de fraîcheur et d’authenticité.
Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?
Que les blés sont beaux en a une, je peux vous l’affirmer, je l’ai rencontrée.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
On suit les traces de Vincent durant les trois derniers mois de sa vie : du 17 mai au 27 juillet 1890 pour être précise. Il sort d'une crise éprouvante après vingt-sept mois passés dans la lumière d'Arles et vient passer du temps à Auvers-sur-Oise, rencontre le fameux Dr Gachet, dont Pissaro lui avait parlé et que son frère Théo lui a conseillé de consulter.
Il loge dans la pension des époux Ravoux, couple haut en couleur, et prend ses repas avec un autre artiste, Martinez, qui flirte ouvertement avec la patronne.
Sa première « consultation » avec le docteur Gachet est assez curieuse, de même que ses méthodes thérapeutiques et Vincent va finir par côtoyer cette famille de très près, découvrant les tableaux du médecin, ses estampes, la fameuse presse où il va tester les eaux-fortes, faisant également son portrait et celui de sa fille.
On rencontre aussi Théo et son épouse Jo ainsi que leur bébé, le petit Vincent Willhem, dont il est le parrain, qui sont tous les trois chers au peintre, même s'il a des désillusions parfois, ou se sent coupable d'être entretenu par son frère qui ne roule pas sur l'or.
Vincent va arpenter la campagne pour peindre les blés, les paysans, et le chapitre où l'auteur décrit la manière dont il peint l'église d'Auvers est sublime. On voit le tableau apparaitre sous nos yeux, la manière de manier les brosses. J'ai ressenti une émotion immense, Alain Yvars m'a transmis son amour pour la peinture de van Gogh, dans cette description, je me suis sentie en osmose. J'aime beaucoup ce peintre torturé et la découverte de ce tableau de la cathédrale a été un choc. Comme tout le monde, j'aime « les tournesols », « Les iris » ou « Nuit étoilée sur le Rhône » entre autres, mais celui-ci m'avait échappé !
C'est Jo qui exprime le mieux ce que représente la peinture de Vincent, lors d'un déjeuner avec le docteur Gachet :
« Je vais vous faire une confidence : dans les « modernes », mon peintre préféré est … Vincent. Ce n'est pas parce qu'il est mon beau-frère, mais sa peinture est celle que je comprends le mieux : franche, directe, expressive. Il peint ce qu'il voit, sans fard, avec un coeur énorme. Je l'admire. »
Le docteur Gachet le complimente aussi : « je perçois chez Vincent la peinture du futur, une sorte de phare pour la peinture moderne » dit-il, et on ne peut qu'être d'accord mais comme on ne peut jamais être sûr de sa sincérité…
On sent la souffrance, la mélancolie de Vincent dans ses attitudes, dans sa peinture et cet ultime voyage nous emmène très loin dans son intimité. Je l'appelle Vincent, comme l'auteur, car nous sommes devenus intimes, il m'a tenu la main, ou j'ai tenu la sienne, je ne sais plus très bien, et surtout car il préférait qu'on l'appelle par son prénom, car on prononçait mal son nom en français.
Vincent ne se contente pas de peindre, il est sa peinture, le pinceau semble être un prolongement de sa main, comme le sont l'archet du violoniste ou celui du violoncelliste par exemple. J'aimerais bien passer une nuit avec lui dans un musée…
Un petit mot du style : l'auteur s'exprime à la première personne, c'est Vincent qui parle, qui raconte ces trois derniers mois, ce qui renforce l'impression d'intimité, de recevoir ses dernières confidences… C'est une très belle idée.
J'ai beaucoup aimé ce livre et il occupe une place particulière dans ma vie durant cette dernière année : Alain Yvars me l'a proposé lors de ma période alitement, sciatalgie, interventions et il ne m'était pas possible de le lire autrement qu'en position debout, pour ne pas l'abimer, car il est très beau, l'auteur a soigné son aspect, en choisissant « Les blés » comme couverture. Il m'a fallu du temps et pour rédiger ma chronique, en fait je l'ai relu pour retranscrire tout mon ressenti.
Je remercie Alain Yvars que les Babeliotes connaissent bien sous le nom de « jvermeer » qui parle si bien de son amour pour la peinture, pour ce cadeau et pour sa patience, ma chronique s'étant fait attendre… son autre livre « Conter la peinture » a lui-aussi été plébiscité par les lecteurs.
Inutile de préciser qu'il s'agit d'un coup de coeur bien-sûr.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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