"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Maya a trouvé refuge à Fécamp depuis une semaine. Pour y attendre sa majorité, passer son bac, vivre, étudier, réaliser son rêve de devenir architecte. Tout recommencer, enterrer l'avant et bâtir l'après. Fuir l'effroyable violence de son père, oublier, avancer. Mais de l'appartement mitoyen, Maya perçoit vite les échos d'un mal qu'elle ne connaît que trop bien et qu'elle, moins que quiconque, ne peut ignorer : la violence d'un homme tyrannique sur ses quatre enfants. Alors Maya oublie d'oublier et décide d'agir pour que ces enfants ne soient pas, comme elle, des victimes silencieuses...
C'est toujours avec plaisir et curiosité que je lis un nouveau roman signé Laurent Malot. Parce qu'il varie les genres et les lectures avec une étonnante facilité. Parce qu'il insuffle à ses personnages ce supplément d'âme absolument impossible à oublier.
Ce septième roman ne fait pas exception, et pourtant le défi était de taille. Parce qu'il fallait du courage pour aborder le terrible sujet tristement d'actualité des violences de toute nature que subissent chaque jour les enfants de ce monde. Il fallait de l'audace pour ouvrir les yeux sur ce qu'on ne veut pas voir, pour poser des mots sur l'indicible. Il fallait du coeur et de la pudeur pour en faire cet ouvrage poignant… Et pourtant si beau…
Un court roman porteur d'espoir malgré toute l'horreur du propos parce qu'il est porté, même incarné par une poignée de jeunes protagonistes condamnés au fouet des oreilles bouchées, au bûcher des regards détournés, à la potence de l'indifférence… Mais pas cette fois-ci. Parce qu'on les lit. Parce qu'on les vit. Parce que, même anéantis, ces petits se battent avec l'énergie du désespoir pour avancer dans la vie et accéder au bonheur, fut-il éphémère pourvu qu'il existe.
On pensera peut-être que cette intrigue est trop courte et aurait mérité d'être davantage développée. Peut-être. Toujours est-il qu'elle dit ce qu'il faut sans excès, avec justesse sensibilité, avec émotions et humanité. On pensera peut-être encore que son dénouement paraît trop beau pour être vrai. Peut-être. Et alors ? On a tellement envie d'y croire. Pour eux comme pour les autres. Tous ces autres qu'on croise dans la rue sans même le savoir. “Selon les statistiques, quatre autres élèves, filles ou garçons, ont subi des violences au sein de leur famille ; deux, à caractère sexuel. Je ne sais pas qui ils sont, je sais juste qu'ils sont là. On ne parle pas de ces choses-là, on ne forme pas une communauté, mais il arrive qu'on surprenne des réactions qui laissent penser qu'on traîne le même boulet. On cache nos blessures, on gère comme on peut nos corps en miettes. L'image est parlante. On est des porcelaines brisées, recollées à la va-vite.” (P.123). Plus qu'y croire, on veut que les choses changent véritablement avant qu'il faille mettre en marche la machine judiciaire, parce qu'aucune procédure ne saurait effacer les souffrances endurées.
Alors l'auteur nous entraîne dans cette histoire, courte mais d'autant plus intense qu'elle est livrée à la première personne pour plus d'empathie, qu'elle est servie par une plume fluide et touchante pour mieux nous prendre aux tripes, parce qu'elle est servie par un style simple mais percutant pour mieux nous faire réagir.
En bref, un roman profondément touchant et qu'on espère efficace pour éveiller les consciences.
(Lu en 2021)
Chronique complète : https://deslivresetmoi7.fr/2021/01/chroniques-2021-que-dieu-lui-pardonne.html
J'ai découvert l'univers très éclectique de Laurent Malot il y a quelques mois lorsque j'étais jurée du Prix des Lecteurs 2020 du Livre de Poche. Son premier roman, De la part d'Hannah avait été sélectionné. Alors, lorsque Babelio m'a proposé de recevoir en avant-première son dernier roman, Que Dieu lui pardonne publié chez XO Éditions, j'ai tout de suite accepté.
Maya a dix-sept ans. Lorsqu’elle décide d’échapper à la violence de son père, elle trouve refuge à Fécamp, au pied des falaises. Elle se reconstruit et peut enfin se rêver un avenir : elle sera architecte.
Mais dans l’appartement mitoyen du sien, quatre enfants, de six à douze ans, sont la proie d’un homme tyrannique. Son combat, désormais, n’est plus seulement de sauver son âme, mais de les protéger.
Jamais elle n’aurait imaginé que les choses se passeraient ainsi. Elle va agir avec son cœur. Sans réfléchir.
Décidemment cette rentrée littéraire d'hiver est placée sous le signe des violences faites aux enfants. Entre viols et maltraitances physiques, voici de quoi déprimer. Pour autant, Que Dieu lui pardonne nous épargne. Laurent Malot ne tombe ni dans le pathos, ni la dramaturgie. Il a pris le parti de traiter ce sujet du point de vue des enfants. En se mettant à hauteur de trois pommes, il introduit fraîcheur et luminosité. Laurent Malot met en scène cinq enfants. Une adolescente qui a fui sa famille pour se libérer de ses traumatismes et une fratrie livrée à la tyrannie de leur ivrogne de beau-père. Parce que les adultes n'ont pas été capables de les protéger, de les secourir, parce qu'ils ont préféré fermer les yeux et les écoutilles, ces enfants vont s'entraider et organiser leur vie à l'abri du regard de ces lâches et dans l'indifférence la plus totale, jusqu'au jour où certains vont enfin se réveiller et s'en mêler.
Bien que certaines situations soient poignantes, d'autres révoltantes, que les réflexions du petit Lucien, la répartie de Maya soient à la fois touchantes et drôles et qu'elles permettent de tenir à distance l'horreur, il n'empêche que certaines situations entament la crédibilité de l'histoire. Pour autant, il est indispensable de traiter de ces sujets, de dénoncer l'impuissance des institutions et le silence des uns, de soutenir le combat des autres et de rappeler à ceux qui l'auraient oublié que l'enfance est sacrée et que le rôle des adultes est de préserver les enfants et non pas de les maltraiter.
Malgré sa thématique ce roman reste tout à fait abordable. La plume de Laurent Malot est simple et limpide. Outre les quelques invraisemblances, Que Dieu lui pardonne reste agréable à lire.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2021/02/mon-avis-sur-que-dieu-lui-pardonne-de.html
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