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Putain de pupitres !

Couverture du livre « Putain de pupitres ! » de Bum-Shin Park aux éditions Decrescenzo
Résumé:

De sa maison au-delà du mur, on voit le train qui passe en dessinant des arcs de cercle comme ceux des lignes de la main. Derrière la voie de chemin de fer se trouve le collège de Ganggyeong, où il a fait ses études, avec sa haie de grands peupliers. En avant du collège, il y a la digue du Geum,... Voir plus

De sa maison au-delà du mur, on voit le train qui passe en dessinant des arcs de cercle comme ceux des lignes de la main. Derrière la voie de chemin de fer se trouve le collège de Ganggyeong, où il a fait ses études, avec sa haie de grands peupliers. En avant du collège, il y a la digue du Geum, toujours courbe comme une vergue. Et il n'a pas besoin de sortir dans la cour pour voir le train : il passe au milieu de la fenêtre en haut du mur de sa petite chambre. Il aperçoit le train sans que celui-ci puisse s'en douter. Surtout quand c'est le train de nuit. Il perçoit les efforts qui le font démarrer à la gare précédente, éloignée de quelques kilomètres. Il lui faudra sept minutes environ pour arriver. Quelquefois, il s'accroupit en grommelant. Au bout de cinq minutes, il commence à entendre les roues du train qui grincent sur les rails dans l'obscurité, et une minute plus tard, il continue à ressentir la vibration sur le parquet chauffant où il est assis. L'intensité de la lumière et la couleur de chaque wagon sont variables. Certaines fenêtres sont nettes, d'autres sont floues. Tout ce qu'on peut voir dans la nuit, ce sont les fenêtres, nettes ou floues, ainsi que les silhouettes des passagers dont les corps restent enfouis dans l'obscurité.
Au moment où le train remplit entièrement l'espace entre le toit élevé de l'usine de sauce de soja et la grange située au sud-ouest de la cour, il semble comme figé. Du haut de ses seize ans, il peut voir au loin la couleur de la Mer du Sud, les rêves cotonneux de ceux qui vivent en regardant la couleur de l'eau changer avec les saisons et les soupirs que l'on plaque sur les rêves cotonneux. Appuyé sur son menton, les bras croisés ou les mains jointes, il voit tout cela s'écouler tranquillement dans le lointain, comme les lumières des étoiles ruisselant les unes après les autres. Le train de nuit ne s'écoule pas dans l'espace. Personne ne le lui a dit, mais il s'en rend compte : ce qui s'écoule, c'est le temps et non le train. Le temps vient toujours d'un passé lointain pour repartir vers un futur lointain et, lui, il met son âme à la vitesse de l'écoulement.

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