"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Une jeune femme, ressuscitée des profondeurs de la terre, voit son nouveau destin s'écrire dans un récit brésilien des plus énigmatiques. Un couple, prévenu de son arrivée, l'attendait pour l'accompagner dans sa nouvelle existence...
L'auteure, le livre (200 pages, octobre 2024) :
Née à Fortaleza, au Brésil, en 1975, Socorro Acioli a déjà enrichi le paysage littéraire brésilien de plusieurs ouvrages dans des genres plutôt variés.
Prière pour disparaître est son second roman paru en français.
♥ On aime :
➔ Voilà bien une fable intrigante qui commence par la "ressuscitation", la résurrection d'une jeune femme, une brésilienne qui sort de terre au Portugal.
Pour quelqu'un comme moi qui n'est attiré ni par le fantastique, ni par le surnaturel, et encore moins par le religieux ou la sorcellerie, plonger dans cette histoire relevait bien du défi ou du challenge !
Mais ça fonctionne plutôt bien car tout cela nous est conté avec un aplomb puissant, une évidence tranquille comme si les événements décrits faisaient partie d'un quotidien banal et ordinaire, que seul le lecteur ignorait jusqu'ici.
Et c'est effectivement le quotidien de ces familles, chargées au fil des ans d'accueillir ici ou là les "apparus", les ressuscités, pour accompagner leurs premiers pas dans leur nouvelle vie.
Et oui, ça fonctionne car c'est vrai, au fond de nous, on rêve tous un peu d'être parmi ces "initiés", de lever le voile sur les mystères de notre monde et d'ouvrir nos yeux sur l'une des faces cachées de la réalité, de participer à cette hiérophanie.
➔ Une histoire qui rappelle la légende urbaine des johatsu japonais qu'évoquait Thomas B. Reverdy dans son livre Les évaporés (août 2013) quand les proscrits disparaissaient dans les montagnes nippones, pour se laver de leur passé dans une source chaude avant de renaître à une nouvelle vie.
➔ Un récit qui nous plonge dans l'univers des traditions portugaises, évoquant notamment la romantique coutume des Mouchoirs Amoureux ou les curieux greniers de la région du Minho.
Les personnages :
Il y aura donc là une jeune femme ressuscitée que l'on appellera Aparecida (l'apparue).
Elle est accueillie par Florice et le docteur Fernando qui vont prendre soin d'elle et plus tard elle va rencontrer Jorge, un ami de la famille.
On va croiser aussi un mystérieux Monsieur Felix à qui Aparecida va commander un nouveau passé.
Le canevas :
Ça commence donc très fort avec une "ressuscitation" : au Portugal, une jeune femme est exhumée de terre par un couple visiblement prévenu de sa visite et qui l'attendait pour prendre soin d'elle.
Celle que l'on finira par appeler Aparecida (l'apparue) est sortie de terre nue comme un ver, amnésique et sans passé, elle ne sait plus qui elle était, ni quelle pouvait bien être sa vie d'avant.
Pour reprendre le cours de sa destinée, elle va devoir retrouver ou inventer un passé ...
Une quête qui nous ramènera du Portugal jusqu'au Brésil puisque c'est là-bas que tout a commencé.
Le mystère est habilement entretenu tout au long du récit et le lecteur reste captivé, avide de comprendre.
Tropismes Editions nous emmène au Brésil pour cette rentrée littéraire avec l’autrice Socorro Acioli. Elle a été découverte par Gabriel Garcia Marquez lors d’un atelier d’écriture grâce au texte de Sainte-Caboche. Ici encore, l’autrice brésilienne nous divertit avec un texte qui a de fortes allures de fable d’autant qu’elle est agrémentée d’une touche de fantastique qui ancre le texte dans une dimension autre que celle de la simple réalité que nos pieds foulent. Une fable qui prend pour socle l’image à peine croyable de l’église brésilienne d’Almofala Nossa Senhora da Conceição et le peuple indigène du Brésil, les Tremembés de l’État du Ceará, situé au nord du pays. L’aura fantastique de ce roman prend racine dans une réalité qui semble à peine croyable, cette église ensablée, auréolée des légendes de ce peuple autochtone du Brésil dont certains d’entre eux sont membres de la confrérie de Notre-Dame de la Conception.
Les premiers mots de cette histoire, cependant, ne nous amènent pas au Brésil, mais au Portugal, dans le village homonyme d’Almofala, avec cette renaissance, celle d’une femme adulte, d’une vingtaine d’années, nue, dépourvue de cheveux, qui sort de terre, à l’aide d’un couple. Ce couple prend soin d’elle, Florice et son époux le docteur Fernando, comme des parents prennent soin de leur nouveau-né. Ces personnes là attendaient son arrivée, étaient donc tout sauf surpris de voir un corps sortir de terre. Une femme amnésique, dépourvue de tout – en dehors de son collier de coquillages – et en premier lieu d’identité mais qui se révèle parler avec un accent brésilien. La suite n’en sera pas moins surprenante avec la volonté du couple et de la nouvellement nommée Aparecida pour rechercher ce passé qui se mure obstinément dans le silence, à travers l’appel à l’aide d’un inventeur de passés. Peu à peu, Aparecida découvre son appartenance à ce qu’ils appellent les Ressuscités, ces gens qui meurent quelque part, puis qui reviennent à la vie, amnésique, loin de chez eux. Ces personnes particulières à qui est offert une seconde chance de refaire leur vie ailleurs. À partir de là, il s’agit pour elle de retrouver une raison d’être, un sens à sa vie, qu’elle trouvera dans le couple qu’elle va former avec Jorge, un sens à ce passé, dont elle perçoit de temps à autre quelques fulgurances, avec les visions des morts qu’elle a la capacité de voir. Cette ancienne vie, son histoire sort du sable un peu comme cette église brésilienne en ait sorti, une histoire, celle des Tremembés, un groupe ethnique autochtone trahi par les promesses non tenues, où elle était considérée comme une prostituée par les habitants du village, et par le curé totalement corrompu de cette église.
Cette renaissance, on le perçoit dès le début est très symbolique et allégorique, on ne peut omettre la dimension religieuse de cette représentation, de cette scène qui est amenée en des termes soigneusement choisis faisant appel à l’imaginaire catholique. Cette Prière, ces Ressuscités, et cette fameuse église où elle retourne dès qu’elle a réussi à se remettre sur pied. C’est en poursuivant sa vie, qu’ Aparecida va finalement découvrir ce qui lui est arrivé là-bas, sur l’autre continent, une mémoire qui va lui permettre de se réapproprier ses premières années de vie et de la femme qu’elle fut. Des amis et autres amoureux qu’elle a pu connaître, et des épreuves qu’elle a traversées, là-bas dans ce village qui porte le même nom que celui où elle est réapparue au Portugal. Difficile de parler plus avant de l’ancienne vie d’Aparecida la Ressuscitée sans spoiler davantage et gâche la lecture potentielle de futurs lecteurs.
C’est une fable qui parle de rédemption à travers cette prière pour disparaître, d’une réalité qui se révèle être comme une impasse sans issue pour elle, une nouvelle chance de recommencer ailleurs, d’être une nouvelle personne, dotée d’un autre nom, et surtout d’une autre perspective sur cette façon de regarder la vie. Une fable qui d’un récit se transforme en une sorte de confession face à un interlocuteur d’abord mystérieux, que l’on connaîtra sous le nom de Monsieur Félix, Félix Ventura, notre fournisseur officiel de passé.
Que représentent ces ressuscités ? Une métaphore Des gens capables de recommencer une nouvelle vie ou comme le dit si clairement l’inventeur de passé, l’incarnation vivante d’une allégorie dans le monde. De cette magie née de ce réalisme magique dans lequel évoluent ces Enchantés s’oppose la trivialité des conflits ethniques et sexistes du Brésil, ou le colonialisme portugais divise encore la population entre descendants et indigènes, les Tremembés, ce qui fut ainsi l’objet de recherches de l’autrice (cf. le blog voandocomlivros ). De l’attraction d’ Aparecida au Portugal, Joana au Brésil, qui dégage une aura et des capacités extraordinaires à ressentir l’invisible et l’indicible, à faire le bien autour d’elle, à lutter pour une cause, sa cause, celle des Tremembés.(...)
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