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Tropismes Editions nous emmène au Brésil pour cette rentrée littéraire avec l’autrice Socorro Acioli. Elle a été découverte par Gabriel Garcia Marquez lors d’un atelier d’écriture grâce au texte de Sainte-Caboche. Ici encore, l’autrice brésilienne nous divertit avec un texte qui a de fortes allures de fable d’autant qu’elle est agrémentée d’une touche de fantastique qui ancre le texte dans une dimension autre que celle de la simple réalité que nos pieds foulent. Une fable qui prend pour socle l’image à peine croyable de l’église brésilienne d’Almofala Nossa Senhora da Conceição et le peuple indigène du Brésil, les Tremembés de l’État du Ceará, situé au nord du pays. L’aura fantastique de ce roman prend racine dans une réalité qui semble à peine croyable, cette église ensablée, auréolée des légendes de ce peuple autochtone du Brésil dont certains d’entre eux sont membres de la confrérie de Notre-Dame de la Conception.
Les premiers mots de cette histoire, cependant, ne nous amènent pas au Brésil, mais au Portugal, dans le village homonyme d’Almofala, avec cette renaissance, celle d’une femme adulte, d’une vingtaine d’années, nue, dépourvue de cheveux, qui sort de terre, à l’aide d’un couple. Ce couple prend soin d’elle, Florice et son époux le docteur Fernando, comme des parents prennent soin de leur nouveau-né. Ces personnes là attendaient son arrivée, étaient donc tout sauf surpris de voir un corps sortir de terre. Une femme amnésique, dépourvue de tout – en dehors de son collier de coquillages – et en premier lieu d’identité mais qui se révèle parler avec un accent brésilien. La suite n’en sera pas moins surprenante avec la volonté du couple et de la nouvellement nommée Aparecida pour rechercher ce passé qui se mure obstinément dans le silence, à travers l’appel à l’aide d’un inventeur de passés. Peu à peu, Aparecida découvre son appartenance à ce qu’ils appellent les Ressuscités, ces gens qui meurent quelque part, puis qui reviennent à la vie, amnésique, loin de chez eux. Ces personnes particulières à qui est offert une seconde chance de refaire leur vie ailleurs. À partir de là, il s’agit pour elle de retrouver une raison d’être, un sens à sa vie, qu’elle trouvera dans le couple qu’elle va former avec Jorge, un sens à ce passé, dont elle perçoit de temps à autre quelques fulgurances, avec les visions des morts qu’elle a la capacité de voir. Cette ancienne vie, son histoire sort du sable un peu comme cette église brésilienne en ait sorti, une histoire, celle des Tremembés, un groupe ethnique autochtone trahi par les promesses non tenues, où elle était considérée comme une prostituée par les habitants du village, et par le curé totalement corrompu de cette église.
Cette renaissance, on le perçoit dès le début est très symbolique et allégorique, on ne peut omettre la dimension religieuse de cette représentation, de cette scène qui est amenée en des termes soigneusement choisis faisant appel à l’imaginaire catholique. Cette Prière, ces Ressuscités, et cette fameuse église où elle retourne dès qu’elle a réussi à se remettre sur pied. C’est en poursuivant sa vie, qu’ Aparecida va finalement découvrir ce qui lui est arrivé là-bas, sur l’autre continent, une mémoire qui va lui permettre de se réapproprier ses premières années de vie et de la femme qu’elle fut. Des amis et autres amoureux qu’elle a pu connaître, et des épreuves qu’elle a traversées, là-bas dans ce village qui porte le même nom que celui où elle est réapparue au Portugal. Difficile de parler plus avant de l’ancienne vie d’Aparecida la Ressuscitée sans spoiler davantage et gâche la lecture potentielle de futurs lecteurs.
C’est une fable qui parle de rédemption à travers cette prière pour disparaître, d’une réalité qui se révèle être comme une impasse sans issue pour elle, une nouvelle chance de recommencer ailleurs, d’être une nouvelle personne, dotée d’un autre nom, et surtout d’une autre perspective sur cette façon de regarder la vie. Une fable qui d’un récit se transforme en une sorte de confession face à un interlocuteur d’abord mystérieux, que l’on connaîtra sous le nom de Monsieur Félix, Félix Ventura, notre fournisseur officiel de passé.
Que représentent ces ressuscités ? Une métaphore Des gens capables de recommencer une nouvelle vie ou comme le dit si clairement l’inventeur de passé, l’incarnation vivante d’une allégorie dans le monde. De cette magie née de ce réalisme magique dans lequel évoluent ces Enchantés s’oppose la trivialité des conflits ethniques et sexistes du Brésil, ou le colonialisme portugais divise encore la population entre descendants et indigènes, les Tremembés, ce qui fut ainsi l’objet de recherches de l’autrice (cf. le blog voandocomlivros ). De l’attraction d’ Aparecida au Portugal, Joana au Brésil, qui dégage une aura et des capacités extraordinaires à ressentir l’invisible et l’indicible, à faire le bien autour d’elle, à lutter pour une cause, sa cause, celle des Tremembés.(...)
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