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Dans la forêt de Barton, environs de Belfast, le dégel s'apprête à révéler certains secrets mal enfouis. Mais ni Jack, un flic reconverti dans la peinture, ni les vieux barbiers Harris et Jeremiah ne semblent s'en préoccuper. L'un noie sa culpabilité et son chagrin dans l'alcool, les autres refusent la modernité. Chez eux, tout se pratique à l'ancienne : au couteau.
C'est alors que le jeune Adrian, le fils de Jack, fait une étrange découverte : un os d'aspect humain, à côté d'un corbeau mutilé. Sa curiosité piquée au vif, il l'emporte avec lui, ignorant qu'il a mis au jour les restes d'un cadavre recherché depuis plusieurs années...
La foi peut faire bouger les montagnes, dit-on. Il en faudra beaucoup à Jack pour retrouver son fils, subitement disparu. Il est seul face à la folie de trop vieux mensonges, au coeur d'un monde en ruine, à l'image de l'orphelinat où, des décennies plus tôt, le crime a germé...
Avec Poussière tu seras, l'Irlandais Sam Millar fait une entrée fracassante sur la scène noire. Lauréat en 1998 du Brian Moore Short Story Award, cet ancien combattant de l'IRA a purgé vingt ans de prison pour le braquage d'un fourgon. Il écrit comme on se venge, avec urgence, calcul et précision. Un grand écrivain du frisson.
Sam Millar, ancien combattant de l'IRA a passé quelques années en prison, ceci est son roman d'entrée dans le noir. Superbement traduit par Patrick Raynal, il est éprouvant. C'est un vrai coup de poing, littéralement. On est presque groggy en en sortant tant l'ambiance est glauque, ouateuse d'un brouillard qui ne se lèverait jamais, je pourrais dire comateux si tant est que ce qualificatif puisse s'appliquer à un polar. Peu d'espoir, peu de lumière et pourtant, on en voit une sur la couverture, pas naturelle, mais serait-ce l'infime dose qui suffit pour ne pas sombrer dans une déprime totale ? J'exagère un peu, à peine. Ceci étant dit, ce bouquin est du genre qu'on ne lâche pas. Il fait frissonner, et l'on se sent bien sur son canapé ou ailleurs, loin des environs sombres de Belfast.
L'écriture est précise, va au plus court. Sam Millar sait qu'il va toucher et n'en rajoute pas dans le gore, les descriptions morbides et sanguinolentes, il n'en a pas besoin. De courts chapitres qui alternent les narrateurs, un coup Jack et/ou Adrian et un autre Joe et/ou Jeremiah, qui donnent du rythme et permettent de souffler. Je vais peut-être lire un truc un peu plus léger maintenant, histoire de revenir un jour à Sam Millar, parce que le pire, c'est que j'en redemande, et pourtant je n'aime ni me faire peur ni me faire du mal.
Juste la première phrase pour mettre en appétit : "Adrian Calvert fit l'horrible découverte à moins d'un mile de chez lui, à Barton's Forest, dans les environs de Belfast, là où les arbres couverts de neige se tricotaient à l'infini, immenses sous le plafond des nuages." (p. 11)
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