"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Lorsque j'ai écrit En effeuillant Baudelaire, au début des années 1990, Londres se remettait à peine des années Thatcher, l'ombre de la Dame de Fer planait encore sur la ville. S'il faut trouver un terme pour caractériser l'esprit qui dominait alors, "paranoïa" me paraît le mieux approprié. Les hommes d'argent, en particulier, vivaient dans la peur, encore étourdis par e crash des années 1980. Si on y ajoute l'effet de certaines drogues, on peut imaginer leur état de nervosité. Le prix de la cocaïne atteignait des sommets et l'argent... eh bien, l'argent était le moteur principal, comme dans la plupart des rencontres.
La criminalité en col blanc était le sujet des débats passionnés de certains dîners en ville. J'ai voulu explorer les réactions des gens avec un métier "sans risques", qui se seraient laissés séduire par les trois sirènes habituelles que sont :
l'argent
le sexe
le pouvoir.
Prendre un comptable, par exemple, l'attirer dans les venelles du crime et observer sa réaction. Je voulais mesurer comment auraient résisté, à cette mise en cause de leur sécurité et de leur stabilité, les plus "passe muraille" de nos concitoyens. En ajoutant Baudelaire aux mailles du filet, on faisait pencher le plateau de la balance... il n'existe guère d'animaux plus dangereux qu'un anglais déstabilisé."
Voici ce que dit Ken Bruen en introduction de son roman, pourquoi chercher à le paraphraser avec un résumé inutile ? Tout est dit et il ne vous reste plus qu'à assister à la métamorphose de Mike qui est stupéfiante. Force du récit et puissance de l'analyse humaine sont les deux bases de ce récit survitaminé (Mike survitaminé est impayable), mais comment Ken Bruen fait-il de telles prouesses ?
Brady est grave barré, comme il l'a écrit sur les murs de sa chambre. Son passé est "encombré du barda de la manie dépressive. Le best of...
hôpitaux
folie
agressivité psychotique
achats compulsifs
et partie sur laquelle je m'attarde le moins
tentatives de suicide
et pourtant...
Quand l'exaltation frappe, bon dieu, il n'y a rien de pareil au monde". Et l'exaltation, Brady l'a. Il vient d'être embauché par Jack Dunphy, "un salopard de première. De sombres histoires couraient sur des clients traités à la batte de base-ball et au chalumeau. En tous cas, pas le genre de mec à faire chier", qui le charge de retrouver sa fille... est-ce le meilleur plan qu'il ait eu ?
"Un boulot simple. Retrouver une fille blanche à Brixton. Du gâteau. Ce que j'aurais du faire, c'est plutôt doubler mes doses de pilules et allumer un cierge à saint-Jude - peut-être même tout un paquet." Comme quoi Brady peut être lucide parfois, mais sa lucidité est trop rare et ses ennuis alimenteront tout ce nouveau - et excellent - livre de Ken Bruen qui est vraiment une des grandes révélations de ces dernières années. Avec son style syncopé, sa succession de petits chapitres, de références à la littérature et ses personnages hauts en couleur, Bruen vous entraîne dans une spirale de folie qui ne vous laissera pas indifférent.
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