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Une adolescente est abusée à plusieurs reprises par son oncle policier. Des années plus tard, elle décide de sortir du silence et de porter plainte, au risque de faire exploser sa famille. Ce livre est le récit de cette déflagration. Tour à tour, chacun s'adresse à la narratrice, l'accuse, la console, l'humilie, l'insulte, prend son parti, émet des doutes. Entre ces prises de parole, souvent violentes, se déploie la langue aride des actes judiciaires - dépôt de plainte, témoignages, expertises psychologiques.
À travers cette polyphonie dont la victime est le centre, un centre qui ne parle pas, ou presque, Belén López Peiró fait comprendre ce qu'il en coûte d'ouvrir la bouche quand on est une femme en Amérique latine. Car derrière tout agresseur se dresse un système qui perpétue l'impunité des coupables, jette l'opprobre sur les victimes et prétend défendre la paix des familles.
Un cri de rage, un coup de poing, aussi direct que cru, aussi bouleversant qu'efficace.
Un livre qui a fait beaucoup de bruit en Argentine ! Cet ouvrage a permis aux femmes argentines, victimes de violences sexuelles, de libérer la parole et ainsi révéler ces abus.
Une lecture qui a fait l’effet d’une bombe en Amérique Latine et par conséquent, une prise de conscience sur la difficulté qu’ont les femmes de dénoncer ces crimes et de porter plainte contre leurs abuseurs.
Dans ce témoignage sur l’inceste, le lecteur suit une adolescente, abusée à plusieurs reprises par son oncle qui est policier.
Lorsque la jeune fille porte plainte contre lui, c’est un choc pour sa famille. Certains la soutiendront quand d’autres, la traiteront de menteuse et la couvriront d’injures.
Il lui faudra combattre contre le déni, la pression familiale et la pression judiciaire !
C’est d’autant plus difficile de dénoncer lorsque l’incesteur fait partie des forces de l’ordre grâce à son statut et son autorité.
C’est le parcours d’une victime qui se bat pour la vérité et pour se reconstruire.
L’originalité de cet ouvrage est de pouvoir lire en alternance, le parcours de la victime et les procès-verbaux des différents protagonistes de cette affaire.
Un texte fort, âpre, bouleversant, mais si nécessaire car qu’ils soient près ou loin de chez nous, les abus sont les mêmes.
Lire ces témoignages, ces récits ou ces romans d’autofiction me semblera toujours indispensable et essentiel pour lutter contre ces actes abominables et surtout pour que les voix de ces femmes soient entendues par tous.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2022/11/pourquoi-tu-revenais-tous-les-etes.html
Buenos Aires, Argentine.
Au cours de son adolescence, Belén López Peiró est abusée par son oncle, figure à la fois forte au sein de la famille et de la police locale.
Plusieurs années après les faits, elle décide de rompre le silence ; puis décide de tout consigner dans ce premier roman choc.
Du choc et de l'onde de choc qu'ont produit ses révélations jusqu'aux déclarations testimoniales et rapports d'experts, l'autrice nous livre tout, sous une forme narrative singulière et à la construction habile.
Tout d'abord La narratrice s'exprime peu. Quelques lignes seulement ; mais lorsqu'elle prend la parole, c'est comme un long cri du cœur, empli de violence, auquel on ne peut être insensible ; elle y exprime toute sa douleur, sans prendre ni pincettes ni détours.
Ensuite parce que ceux qui s'expriment le plus, ce sont ses proches : sa mère, son père, son beau-père, son frère, ses cousines, oncles et tantes etc. Chacun s'adresse directement à notre narratrice. Certains la soutiennent sans condition. D'autres doutent. D'autres encore ne la croient pas ou croient en sa parole mais craignent de la soutenir publiquement, ou l'accusent d'être responsable des faits... Certaines prises de parole sont comme un uppercut en plein ventre et j'ose à peine imaginer ce que ce doit être pour une victime de les recevoir frontalement.
Enfin parce qu'elle vient compléter son récit par des déclarations testimoniales et des rapports d'experts qui témoignent de toute la froideur d'un système judiciaire aseptisé et peu enclin à aider les victimes...
J'ai lu ce roman en quelques heures seulement. Presque en apnée. La rage au ventre et le cœur brisé.
Ce n'est pas la première fois que je lis sur ce sujet. Et à chaque fois, j'en ressors rincée.
Ce n'est pourtant pas le sujet en lui même qui m'attire réellement, ni même les sentiments qu'il provoque en moi. Encore moins une certaine forme de voyeurisme qui ressortirait. Simplement, lorsqu'une femme prend la parole pour dénoncer les abus sexuels dont elle a été victime et le combat qu'elle a dû mener, la lire est pour moi le seul moyen que j'ai de lui rendre hommage et de saluer son courage.
À découvrir ! si ce n'est déjà fait...
Un grand merci à Vleel et à Valentine Gay des éditions globe pour cette découverte !
« Pourquoi tu revenais chaque été ? ». C'est la question que l'autrice a le plus entendue lorsqu'elle a osé dénoncer son oncle qui l'avait abusée sexuellement tout au long de son adolescence lorsque ses parents l'envoyaient chez lui en vacances. Une question qui l'agresse, mettant en doute sa parole et prolongeant ainsi les viols qui avaient eu lieu quelques années auparavant.
Ce récit est une bataille. Pour la raconter, Belén López Peiró a la brillante idée d'entourer son « je » à d'autres « je », ceux des membres de sa famille et de ses amis, ainsi que des rapports policiers et judiciaires ouvrant la parole à des témoins ou des experts. Ainsi, elle replace les abus sexuels subis dans un cadre collectif. La polyphonie narrative met à nu tout le réseau structurel et patriarcal en marche pour rendre possible le viol d'une jeune fille, qu'il s'agisse d'une culture machiste très ancrée, de la passivité complice de la famille, de l'omerta dans la ville, l'oncle étant un commissaire de police craint de tous, ou encore la lenteur de la justice. Ce montage fracturé du récit est une vraie réussite pour dénoncer tout un système qui ne protège pas les victimes, même une fois qu'elles ont parlé. Dénoncer ne se résume pas à un jour de courage mais à des années de courage tant l'impact de la prise de parole est retentissant.
C'est absolument terrible de lire la violence des réactions de certains membres de sa famille, comme sa cousine, la fille du violeur, qui nie les actes commis par son père et insulte avec une agressivité inouïe sa cousine qui a jeté l'opprobre sur sa famille. Ou encore celle de sa tante, l'épouse du violeur, qui lui dit, hors des regards, qu'elle la croit mais qu'elle ne peut la soutenir, tellement elle est sous emprise émotionnelle et financière.
Impossible d'écrire petit sur un tel sujet. le travail formel de Belén López Peiró est très impressionnant car elle parvient par son écriture à conférer une cohésion et un rythme communs à toutes ses voix qui s'expriment. La langue est directe, explosive. Pas de significations cachées. Pas de situations à déchiffrer. Rien à adoucir. Les mots percent le silence. Ils ont du pouvoir et ce pouvoir doit s'exercer en appelant les choses par leur nom.
« Alors ne t'énerve pas, sa virilité s'effondre à chaque fois que tu poses ton cul sur une chaise et que tu écris. Démolis-le avec des mots, mets-lui un point final et nique-le entre deux virgules. Sans te poser des questions. Sans plus de chagrin, sans plus de souffrances, sans plus de toi. »
Certaines phrases sont ainsi d'une crudité presque dérangeante car on n'a pas l'habitude d'entendre une femme violée parler ainsi de façon si brute, raconter très frontalement ce que vit le corps et l'esprit des années après un tel traumatisme ou à quel point la sexualité d'après est irrémédiablement abimée. L'actrice oblige à regarder là où personne n'a envie. Certains passages sont à la fois percutants et bouleversants comme cette adresse à la mère qui n'a pas vu ou voulu voir :
« Et c'est ainsi que tu me livrais, tous les étés, c'est ainsi que j'étais reçue, comme pour payer une dette. J'étais un paquet que tu déposais en décembre, après la fin des cours, et que tu retirais en mars, bien baisée. Une vierge à l'arrivée et un déchet à la sortie, un bon d'achat qu'on échangeait quelques mois plus tard contre des cadeaux.
Et tu restais là, inébranlable. Sans comprendre que tout ce dont j'avais besoin, c'était que tu me regardes, et que tu restes. Que tu ne me lâches pas la main. Que tu m'apprennes à me respecter, que tu t'occupes de moi. Que tu me cherches quand tu voyais que mon lit était vide. Que tu répondes à mes coups de fil et que tu déchiffres mes larmes. Que tu prennes le premier bus et que tu viennes me récupérer au milieu de la nuit, juste au moment où il entrait en action. Que tu me tricotes un pull pour l'hiver, que tu couses à la main mon costume de carnaval. Que tu ailles aux réunions de parents, aux événements de l'école. Mais aussi que tu lui tires dessus, et que tu m'emmènes avec toi. Oui, avec toi. Qu'au lieu d'avoir les yeux rivés sur ton portable, tu me regardes dans les yeux. Que tu sois là. Que tu ne me livres pas. »
Ce livre a fait l'effet d'une bombe en Argentine, ouvrant très concrètement un espace de parole aux femmes victimes de violence sexuelle. Il marque également la naissance d'une écrivaine talentueuse et d'une femme forte qui par l'écriture a repris le contrôle pour dépasser le piège de l'étiquette de victime.
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