Véronique Mougin : "ma bibliothèque idéale ? un échantillon de ce que j'aime lire, à savoir..."
Véronique Mougin : "ma bibliothèque idéale ? un échantillon de ce que j'aime lire, à savoir..."
Cette semaine, Colette a choisi Dominique pour partager sa lecture et son avis sur le livre Pour vous servir de Véronique Mougin (Flammarion), pour le Club des Explorateurs de lecteurs.com
La couverture a attiré mon attention. Je la trouvais belle et rigolote, la présentation de l'histoire était sympathique alors je me suis dit "Go". L'écrivain donne à partager des scènes de la vie quotidienne des employés de maison dont l'emploi varie extrêmement d'un employeur à un autre. Cependant, au bout de 3 à 4 employeurs, c'est finalement assez long à lire, il n'y a pas de rebondissements, de dynamisme. Dommage.
Après des déboires professionnels, Françoise et son mari se retrouvent employés de maison.
On les retrouve au service d'une dizaine de personnes toutes plus riches les unes que les autres.
Françoise nous en fait des portraits plein de réalisme.
Leurs travers sont décrits avec humour, mais sans concessions.
On sent l'écriture d'une journaliste.
Si ce livre est un roman, il pourrait tout aussi bien être une enquête au sein des milieux aisés.
Une étude des rapports ente les nantis et leur personnel.
Il y a vraiment un abîme entre ces deux mondes.
J'ai passé un excellent moment avec Françoise au gré des maisons où elle a servi.
C'est frais et enlevé. même si ce n'est pas tout rose pour elle.
Quels drôles de types, que les gens riches !
Françoise, gouvernante multi-polyvalente, n'en finit pas de découvrir leurs petites manies, leurs gros défauts et leurs étranges habitudes. Avec beaucoup de vivacité, de finesse et un brin de malice, elle nous raconte ce qui fait l'étoffe des jours passés à l'office et l'apprentissage d'un effacement progressif pour "servir" les familles qui l'emploient. Elle entrouvre les portes de ces demeures paradoxales, entre secrets jalousement fardés et étalage affecté des apparences. Elle nous laisse ainsi entrevoir un monde dans lequel les contingences ordinaires n'ont pas cours.
La verve pétillante que Véronique Mougin prête à sa narratrice construit une étude de moeurs où il m'a semblé voir planer l'ombre de Montesquieu quand il demandait "comment peut-on être Persan?".
Comment peut-on être riche ? Ou, plus justement : Riche, comment est-on ? s'interroge Françoise avec curiosité, ébahissement et une once d'envie. Son récit, bien loin de tout manichéisme, ne se réduit pas à la seule satire, mais aborde aussi l'étroit point d'intersection où maîtres et valets se placent dans la même sphère. Françoise se trouve sur ce territoire incertain, sorte de no man's land entre les familles riches, dont elle partage une partie de la vie et de l'intimité, et le monde ordinaire des humbles, dans lequel elle est née. Ce statut, frontalier en quelque sorte, donne à sa voix une double portée sociale et en décuple ainsi la vigueur. Une voix et un récit qui incitent le lecteur à la réflexion, mais aussi à une salubre clairvoyance.
Un roman fin et profond, d'une gourmande et stimulante acidité, qui m'a emballée !
Mieux vaut en rire !
Allez, une petite fantaisie, de temps en temps ça ne peut pas faire de mal... Alors pourquoi pas ces "tribulations d'une gouvernante chez les ultra riches" ? Alléchée par quelques articles de presse bienveillants, je me suis laissé guider par Françoise, la narratrice à l'humour toujours juste et à la plume bien acérée. Pas désagréable et même franchement drôle à certains endroits même si on finit par se lasser avant la fin de situations qui se répètent un peu.
"Tout est vrai" prévient l'auteure dans une préface qui justifie le choix du roman pour éviter tout risque de procès qu'un récit trop circonstancié n'aurait pas manqué de lui faire courir. Tout est vrai donc, sauf les noms, les lieux qui ont été modifiés. Pour le reste, les personnages croqués par Françoise grâce à un sens de l'observation particulièrement pointu sont plus vrais que nature.
Comment devient-on gouvernante ? Pour Françoise, ce sera un concours de circonstance. Mariée avec Michel Joyeux, cuisinier de profession, elle le suit dans ses différentes entreprises de restauration, d'abord un bistrot qui connaît un certain succès puis un projet plus ambitieux dans le Lubéron. Lourd échec qui les laisse totalement lessivés et endettés jusqu'au cou. Alors cette petite annonce où l'on cherche un couple pour un grand domaine... Domestique, ce n'est vraiment pas l'ambition de Michel mais bon, il faut bien vivre. Cette première expérience chez un couple d’Écossais constitue un apprentissage entre rire et larmes, entre découverte des manies des riches et expérimentation de la condition de gens de maison transparents et invisibles. Voilà, ils sont lancés ! La rencontre avec le propriétaire zélé d'une agence de placement fera le reste. Aristocrates, parvenus, couples illégitimes, vieillards irascibles, patrons d'industrie, exilés fiscaux... Les places ne manquent pas et Françoise poursuit son apprentissage entre cocasserie et découragement. Il lui faudra beaucoup de self-control pour encaisser les ravages de son travail sur les autres aspects de sa vie.
Les portraits et les situations sont bien décrits et évitent la caricature ; mention particulière pour Séraphin, le propriétaire de l'agence de placement au bord du craquage nerveux à force de côtoyer tous ces gens qui n'ont plus aucun sens des réalités. Bien également les petits points qui concluent chaque observation sous forme de leçon à retenir pour qui ambitionne de comprendre ce que veut dire servir les riches.
Pourtant, il manque quelque chose pour que le livre soit plus qu'un divertissement sympathique, vite lu et certainement vite oublié. Certes l'auteure tente quelques observations bien senties sur les différences de classe ou de mondes qui se côtoient sans jamais vraiment se rencontrer mais cela reste très sage.
Pas désagréable donc, mais pas indispensable non plus.
Son Michel de mari, cuisinier de son état a vu trop grand et leur restaurant en faillite. Il faut faire bouillir la marmite et les voici donc lui, cuisinier et elle, gouvernante chez les nantis, autrement dit, larbins chez les richards. Je vois bien cela dans la bouche de Michel qui ne supporte pas cet état de « basse caste ». Tout ceci grâce à Séraphin, ange gominé, propriétaire d’une agence de placements qui a su voir le potentiel de Françoise.
Nous suivons le couple et, surtout, Françoise dans ses tribulations ethnologiques au pays des ultras riches. Michel, quant à lui, fera une immersion œnologique qui les mènera au divorce. Mais revenons à nos plumeaux ! Attention, vous entrez dans la quatrième dimension. Une contrée où « Un bon employé de maison est un employé invisible même quand il est là. » Leçon n°4. Où « Rares sont les pensées intimes, les fantasmes les plus secrets, les penchants inavouables, qu’une gouvernante consciencieuse ne découvre pas. » Leçon n°18. Et oui, le petit personnel voit tout, écoute beaucoup de choses ! Mais bon, il y a des limites « la collaboration courtoise entre patron et employé de maison s’arrête où commence la revendication salariale ». Leçon n° 8
C’est qu’il faut avoir l’échine souple dans ce métier de gouvernante. Accepter d’être corvéable à merci, ne pas avoir de velléité d’indépendance, regarder les patrons vivre leurs vies de nababs, mais ne pas vivre sa propre vie. Comme l’écrit l’auteur : « leur vie s’écoule gentiment, sans eux » Leçon n°23. La leçon n° 29 recadre un peu les choses quant à la domesticité !
Quelle « belle » vitrine ! J’ai ainsi découvert des gens qui ont tout et même beaucoup plus, SAUF l’intelligence du cœur, une bonne éducation et là je ne parle pas de l’instruction !
Le coup du caddy est un des plus grands moments de rigolade, juste à imaginer la scène, bien sûr en y mettant l’accent !
Ce livre est judicieusement conçu. A chaque maison le même rituel. Découverte des patrons, connaissance du milieu, immersion totale dans le microcosme puisque Françoise sera toujours logée, plus ou moins bien, mais logée, fin de la collaboration et pour clore le compte-rendu de mission, une petite leçon pleine d’ironie, de sagesse, de vérités. Une sorte d’anthologie de la gouvernante qui ne tient pas le gouvernail. La description du contrat en CDI de la page 363 est un résumé savoureux de la vie de gouvernante.
Véronique Mougin, même si elle pratique l’ironie pour décrire les patrons n’est jamais trop méchante. Pas de vitriol, comme si elle contenait ses émotions, mais une amertume et une rancœur certaines.
Livre lu dans le cadre du Club des explorateurs initié par le site lecteurs.com. Je remercie Karine pour cette lecture édifiante et savoureuse.
Parce qu’il commence comme un récit, ce roman m’a tout d’abord interpellée : vais-je plonger dans les récits révoltés d’une gouvernante acariâtre et frustrée alors que j’imaginais lire un bon roman ? Ou vais-je me retrouver dans la tête d’une employée rebelle qui saura me décrire les tribulations d’une gouvernante avec un œil aussi critique et divertissant que « les tribulations d’une caissière » d’Anna Sam, ou le « absolument débordée » de Zoé Shépard ?
Françoise, la narratrice, nous parle des années qu’elle a passé au service des ultras riches, et qui semblent être aujourd’hui derrière elle par on ne sait quel heureux coup de pouce du destin. De sa rencontre avec Michel, son mari, dans un bistrot parisien, à la naissance imminente de sa petite fille, toute une vie va défiler. Alors que leur couple allait plutôt bien, les années de galère après l’achat malchanceux d’un restaurant dans le sud de la France vont pousser cet ancien cuisinier à boire. Mais il faut rembourser les dettes et donc travailler, Michel n’ayant pas su passer le cap de « patron d’un restaurant » prospère puis lourdement endetté, à « employé de maison » salarié et servile, Françoise saura s’en séparer pour avancer seule dans cette vie au service de patrons tous plus bizarres les uns que les autres. Françoise et son mari, puis Françoise sans son mari, vont évoluer pendant vingt ans de Neuilly à saint Cloud, d’un château dans le Lubéron à un palais de prince arabe, de Genève à Paris.
Bienvenue dans ce monde où les ultra riches ne sont pas toujours ceux que l’on croit, où la culture, la connaissance, la bonne éducation, mais également la confiance, la générosité, le partage, la bienveillance, l’altruisme, la reconnaissance, sont souvent des qualités répandues avec parcimonie. Bienvenue aussi dans le monde des tensions et cruautés entre le personnel qui veut garer sa place et ses petits privilèges et le nouvel arrivant, dans le monde des délations, des méchancetés, mais aussi parfois dans celui de l’amitié et du partage.
L’auteur a su donner à la succession des employeurs de Françoise des caractères et des vies assez éloignés les uns des autres pour nous intéresser à ses tribulations et à ses misères, à ses aspirations, à ses difficultés. Car il est quasiment impossible à Françoise d’obtenir une augmentation ou un logement correct de patrons qui vivent dans des palaces, ou, alors qu’elle travaille sans compter ses heures, d’obtenir de simples jours de congés pour s’occuper de son propre fils, lui qui, l’adolescence arrivant, aura tant de mal à voir ses parents se transformer en domestiques serviles.
Ponctué des quelques « leçons » que Françoise va tirer de ses expériences et de ses contrats tous plus cocasses les uns que les autres, c’est un roman très plaisant et divertissant à lire, qui fait passer un bon moment. L’écriture est agréable, drôle et enjouée, ni méchante ni vindicative, avec un zeste d’humanité, et ce malgré parfois quelques répétitions.
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