Lire ces quelques douceurs à savourer sans modération !
En 1969, au nord de Saigon, le sergent Fremantle est à la tête d'un régiment américain. Lorsque Billy Drake, jeune recrue, commet une erreur qui aurait pu lui être fatale lors de son premier tour de garde, le sergent lui sauve la mise. Quelque temps après, dans un rizière, des paysans vietnamiens sont massacrés, par erreur. L'affaire est rapidement détournée en faveur des Américains, les paysans étant désignés comme de dangereux Vietcongs.
Quarante-sept ans plus tard, Drake est dans la course aux sénatoriales, alors que son ancien chef Fremantle végète dans un commissariat du Michigan.
Pour s'attirer un électorat de vétérans, le sénateur Drake raconte ses faits d'armes au Vietnam... Mais un ancien soldat, sûrement piloté par son opposant politique, conteste publiquement sa version des faits. Le chargé de communication de Drake vient trouver Fremantle pour qu'il apporte son soutien au sénateur lors d'une émission télévisée. Fremantle sait que c'est un mensonge mais la perspective d'obtenir des crédits pour son poste de police le décide. Il se plie au jeu. Mais ce petit mensonge en appelle d'autres... Jusqu'où est-il prêt à se compromettre ?
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Voilà un court roman qui réussit à aborder, et de façon très convaincante, la guerre du Vietnam, la politique et ses dérives, le mensonge et la corruption. Les deux personnages principaux se sont connus au Vietnam à la fin des années soixante, l’un a sauvé la vie de l’autre et en le quittant a dit… "Ce qu'il dit à tous les blessés auxquels il a le temps de parler, ce qu'il dit à tous les gars qui rentrent chez eux.
"Si jamais vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à me le demander."
Celui qui parle, c’est le sergent Fremantle, on imagine Clint Eastwood dans le rôle, un sergent compétent, solide, fiable, qui prend soin de ses hommes et assume ses responsabilités. Quarante-sept ans plus tard, il porte toujours l’uniforme puisqu’il dirige la police d’une petite ville de la banlieue de Detroit. Celui qui écoute, c’est « Billy » Drake, devenu sénateur du Nouveau Mexique.
J’aime raconter des histoires, pas vous ? Des anecdotes qui sortent de l’ordinaire (enfin, j’ai la faiblesse de le croire) que je ressors au fil du temps et des occasions. Elles se veulent surprenantes et amusantes et pour captiver l’auditoire, quelques détails sont ajoutés à chaque nouvelle version, un peu plus nombreux, un peu plus beaux, un peu plus amusants. Je brode, j’enlumine pour que ce moment de mémoire soit encore plus agréable que la fois précédente. C’est ce qui arrive au sénateur Billy Drake qui, devant un public de vétérans, expose sa guerre du Vietnam. Il a une bonne histoire à raconter, ce qui en soi est déjà un exploit dans ce contexte qui ne s’y prêtait guère, mais dans la version originale, l’authentique, il n’avait pas vraiment le beau rôle. Bien sûr, les vétérans auraient bien ri, mais surtout de lui, le bleu imprudent, sauvé in extremis par le sergent Fremantle. Alors, vous savez ce que c’est, il est difficile de résister à une bonne histoire, surtout quand vous avez les auditeurs ad hoc au milieu d’une campagne électorale, fut-ce au prix d’une petite entorse à la vérité. Dans la nouvelle version, Billy devient le sergent Fremantle sauvant un bleu anonyme d’une mort aussi certaine que ridicule. C’est bien mieux et tout aussi drôle, l’histoire a vraiment de la gueule et électoralement parlant, elle devient même très productive. Les vétérans ont apprécié, Billy est ravi, son directeur de campagne aussi.
Mauvaise idée, parce qu’à l’autre bout du pays, un grain de sable nommé Peterson prétend, après avoir vu la vidéo, qu’il était présent cette nuit-là et que Billy a menti. Alors Billy va demander à son ancien sergent de lui sauver la mise une nouvelle fois.
Sur fond de cuisine électorale écoeurante de 2016, de mensonges élevés au rang d’un art, de tentations, de corruptions, de manipulations et de mépris de l’électeur, nous retournons également dans les rizières du Vietnam de 1969. En quelques pages remarquables l’auteur nous fait partager la peur, les horreurs ordinaires de la guerre, les atrocités qui arrivent presque par hasard, les planqués, l’odeur de la défaite, les sacrifices consentis ou imposés à ces jeunes hommes si mal accueillis et compris à leur retour au pays et les tourments de ce sous-officier de terrain qui veut préserver la vie de ses hommes. On (re)découvre également le sort peu enviable réservé aux anciens alliés vietnamiens réfugiés aux USA après la chute de Saïgon (je recommande sur ce thème Le Sympathisant de Viet Thanh Nguyen). Ce thème est très subtilement décrit à travers un personnage secondaire mais finalement capital pour expliquer les choix du sergent.
Quelle dérive pourrait bien conduire un honnête homme méritant la reconnaissance de ses concitoyens « Pour services rendus » à s’avouer que « le seul homme honnête dans tout ce bordel s’excuse d’être honnête » et que ce n’est plus lui ? Aurait-il rendu le service de trop ?
C’est magistral, bien écrit avec de courts chapitres, des personnages solides qui échappent à tout manichéisme et une histoire puissante qui tient vraiment la route. A lire absolument, c’est passionnant !
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