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POLAROÏDS. Polaroïds, donc : " se polariser " sur la texture même des choses. S'approcher, se pencher, donner sa place au minuscule. Mais, aussi, " polariser " les rapports que chaque chose entretient avec ses voisines : se déplacer, faire changer l'incidence de la lumière, donner sa place à l'intervalle. Dans l'économie - je veux dire le rythme de vie - de Marie Richeux, il s'agit, si j'ai bien compris, d'écrire chaque jour un récit en miniature, l'ekphrasis d'une seule image, l'état des lieux d'une seule situation, et de le transmettre presque aussitôt, façon d'en partager la jouissance, à la radio, par lecture interposée, la voix jouant ici le rôle du matériau polarisant permettant le " développement instantané " de l'image racontée.
Georges Didi-Huberman, extrait de la préface.
Les courtes fictions réunies dans ce recueil ont été choisies parmi celles que Marie Richeux écrit quotidiennement pour " Pas la peine de crier ", l'émission qu'elle produit depuis 2010 sur France Culture. Chacun de ces textes, lu à l'antenne, entend faire naître une image progressivement, comme se révélait la photographie sur un Polaroid. La présente sélection (d'une soixantaine sur plus de six cents écrits au fil des jours), dans sa forme aléatoire et buissonnière, révèle sans conteste le tempérament d'un écrivain.
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