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Verlaine Poèmes saturniens Des Poèmes saturniens, entendons qu'ils sont placés sous le signe de Saturne. Ils seront donc inspirés : il n'était pas inutile de l'affirmer alors que régnaient encore des versificateurs parnassiens. Ils seront aussi baignés d'une rêverie douce et savante, tandis que le poète tournera son regard vers l'intérieur. Point ou peu de récits ou d'anecdotes. Ici l'on se souvient, l'espace d'un sonnet - et non d'un interminable poème -, sur un air de chanson grise. Et il n'est pas jusqu'à celle que l'on aime, qui ne prenne une forme incertaine.
Tout semble simple. Tout est savant, mais d'une technique si maîtrisée qu'elle a cessé d'être visible, au point que beaucoup s'y sont trompés. Verlaine est un poète à la fois immédiat et difficile. Il exige donc une annotation riche et précise (combien de parodies qui avaient échappé jusqu'à cette édition à l'attention des lecteurs ?), une attention à la langue et à la prosodie, alors, mais alors seulement, comme l'avait dit à peu près Ovide :
« Maintenant, va, mon Livre, où le hasard te mène ! » édition critique établie, annotée et préfacée par Martine Bercot.
Tout Verlaine est là dans "Poèmes saturniens". Si les grandes orgues baudelairiennes y résonnent quelquefois, le lecteur entend d’abord et surtout une voix nouvelle, celle d’un jeune poète pour le moins maître de ses moyens.
La précocité extraordinaire d’Arthur Rimbaud ne doit pas nous faire oublier que "le pauvre Lélian" avait pendant son adolescence déjà conçu une partie de ce recueil et n’avait au total que vingt-deux ans à sa parution.
Il convient d’ailleurs de noter que certaines pièces dudit recueil figurent parmi les poèmes les plus célèbres de Verlaine : "Mon rêve familier, Promenade sentimentale, Chanson d’automne, Soleils couchants, Nevermore".
En quoi se caractérise l’art verlainien ? Huysmans en a si bien décrit quelques aspects essentiels : "il avait pu exprimer de vagues et délicieuses confidences, à mi-voix, au crépuscule. Seul, il avait pu laisser deviner certains au-delà troublants d'âme, des chuchotements si bas de pensées, des aveux si murmurés, si interrompus, que l'oreille qui les percevait, demeurait hésitante, coulant à l'âme des langueurs avivées par le mystère de ce souffle plus deviné que senti."
Simple en apparence, un tel art est renversant. Verlaine assouplit le vers par un emploi éminemment subtil du e qui devient ici émollient, caressant, duveteux. On a dit fort justement que, devant ces prodiges d’euphonie, tout mètre en comparaison conservait quelque dureté. C’est un enlacement de mots, riches d’assonances et d’allitérations, d’enjambements et de rejets, où se fait entendre une musique reconnaissable entre toutes. Sur le mode de la romance et de la confession, Verlaine en effet suggère plus qu’il ne dit, murmure plus qu’il ne parle, évoque plus qu’il ne décrit.
C’est le seul à ma connaissance qui ait su, grâce à la ténuité de son expression, donner forme à des tableaux impressionnistes chez lesquels les paysages mêmes deviennent le reflet de l’âme de l’auteur. Ses strophes incroyablement mobiles déroulent avec une simplicité savante leurs douces harmonies. Dans cet entre-deux de la pensée qui tantôt se dissimule et tantôt se dévoile, des confidences chuchotées enchantent nos oreilles. Verlaine est le poète intimiste par excellence, nimbé de mystère et de génie.
Nous ne pouvons que l’aimer.
https://www.accents-poetiques-editions.com/produit/la-blessure-des-mots/
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