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Roland Boudarel publie son premier roman Place Médard en avril 2022 et nous offre un magnifique roman transgénérationnel en entraînant le lecteur de Quimper à Paris et à travers le monde (Italie, Algérie, Nouvelle-Calédonie...).
Sublime, fascinant, un joli condensé d'émotions.
Dans ce roman choral, l'histoire prend racine à la fin du XIXème siècle dans le Finistère.
Gwenn, une épouse charmante et respectable, qui vend son lait à la place Médard, à Quimper, croise le chemin d'un artiste et devient contre sa volonté le sujet d'un portrait esquissé par un homme qui la contemple. Ce peintre est Gibus. Ils échangent quelques mots et font connaissance. Quand Pierrick le découvre, fou de rage, il la marquera au fer rouge pour lui faire payer cette humiliation.
Une histoire secrète qui laissera des empreintes chez les descendantes de Gwenn.
Ce roman est magnifiquement bien écrit et parfaitement bien construit.
Roland Boudarel nous offre un magnifique panel de femmes et nous peint des portraits exceptionnels sur le destin des femmes résistantes sur plus d'un siècle. Il nous transmets une multitude d'émotions.
J'ai aimé suivre le destin d'une lignée de femmes à différentes périodes, confrontées à assumer seules l'avenir de leur progéniture et majoritairement des filles. L’auteur nous offre des femmes uniques, fortes et courageuses ayant cette volonté d'avancer et de se battre. Ces femmes sont fières et ont souvent la difficulté d'exprimer leurs sentiments néanmoins, j'ai aimé ces femmes qui ont voulu vivre et être libres.
Quant à la plume elle est d’une telle fluidité et d’un telle finesse avec une pointe de mélancolie que le lecteur se laisse captiver.
Cet héritage transgénérationnel devient porteur d'espoir, de soumission et de luttes.
C'est avec beaucoup d'émotions que je vous recommande cette lecture, vous passerez un agréable voyage alors n'hésitez plus et procurez-vous ce roman
Je ne pensais pas prendre autant de plaisir à la lecture de Place Médard de Roland Boudarel !
Dès les premières pages j’ai été embarquée par le destin de cette jeune Gwenn née en 1862.
Son existence chavire en 1890 lorsqu’en vendant le lait de ses vaches, au marché de la place Médard, à Quimper, elle croise le chemin d’un artiste inspiré par cette ville. Celui-ci, admiratif, croque son portrait. Elle devra alors affronter le courroux de son mari et sera marquée au fer rouge.
L’intrigue nous entraîne ensuite à suivre le destin de plusieurs générations nous permettant de descendre l’arbre généalogique et ce jusqu’à nos jours. Chaque chapitre est consacré à un ou une des descendants de Gwenn et porte son nom.
Roland Boudard m’a fait vivre une belle évasion, à la fois dans l’espace et dans le temps.
Il m’a fait voyager à Quimper, à Paris, à Montmeyran dans la Drôme, en Algérie, (Orane, l’une des descendantes retrouvant d’ailleurs dans Sétif des similitudes avec Valence), en Toscane, sur les rives du lac d’Annecy, ou encore à Lyon ou Saint-Étienne…
Il m’a également fait traverser avec les différents personnages un siècle et demi d’Histoire, leurs destins souvent façonnés soit par les coutumes et croyances de l’époque, soit par les faits historiques mêmes comme la deuxième guerre mondiale et la période d’épuration qui suivit, la guerre d’Algérie et le retour des « pieds noirs » ou mai 1968, sans oublier le bagne de la Nouvelle Calédonie.
Avec Place Médard, Roland Boudarel, en traversant les époques, nous fait vivre très naturellement, jamais de façon didactique, les changements intervenus dans la société au fil des années, avec à la fois une modification des habitudes de vie et des comportements.
Surtout, il m’a fait vibrer avec ces personnes et notamment ces femmes d’une force et d’un courage inaltérables face aux aléas de la vie, ces femmes fières qui ont voulu vivre libres et qui ont eu souvent maintes difficultés à exprimer leurs sentiments, ce qui fait dire d’ailleurs à l’un des protagonistes « Dans cette famille, les femmes ne pouvaient et ne savaient pas vivre ensemble ».
Toutes sont porteuses d’un héritage tragique dont elles ignorent tout et toutes ressentent cette histoire jusque dans leur chair. Il est d’ailleurs de plus en plus précisé par les scientifiques du fait que, même si l’on n’a pas conscience d’avoir reçu un passé traumatique, celui-ci peut s’insinuer dans notre psychisme de diverses manières.
Outre cet héritage tragique que chacune ressentira tour à tour, un autre fil rouge accompagne ce roman. Il s’agit d’un dessin, d’une sanguine représentant le Duomo de Florence, le peintre Giotto et Santa Reparata, patronne de Florence, seul souvenir laissé par un père que Gwenn n’a jamais connu.
Si ces femmes restent inoubliables après la lecture de ce roman, ce sont également les arts, partie intégrante du récit qui lui donnent une aura supplémentaire.
C’est avec beaucoup de poésie et de sensibilité que Roland Boudarel fait revivre le quartier de Montparnasse en imaginant ce fameux magasin de couleurs « la Palette de la Ruche ». Un petit clin d’œil à Annonay dans l’Ardèche, petite ville proche de mon domicile, et à sa célèbre Manufacture Canson et Montgolfier m’a surprise et ravie.
Les livres, ces amis indispensables, occupent une place importante, notamment pour Gwen « Même si je ne lisais qu’une dizaine de minutes, cela suffisait à mon bonheur », et pour Marianne « Ce sont mes amis de papier et de poussière. Ils ne me déçoivent jamais ».
Le théâtre en passionne aussi plusieurs de même que la musique et le concerto n° 2 de Mendelssohn en émerveillera plus d’une…
Des passages que je qualifierais de sublimes m’ont bouleversée par leur délicatesse et leur sensualité, telle cette nuit d’amour entre Hans et Orane devenus septuagénaires.
Place Médard, quatrième ouvrage mais premier roman de Roland Boudarel, se lit d’un trait tant il est riche en émotions et c’est avec enthousiasme que l’on découvre ces personnages si attachants, tous profondément humains sur lesquels pèse un lourd secret.
C’est chaleureusement et sincèrement que je remercie Roland Boudarel, ce voisin que j’espère un jour rencontrer, sans doute pas, Place Médard, mais plutôt en Drôme ou Ardèche !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Nous commençons ce roman foisonnant dans le Finistère, en particulier à Quimper, sur la place Médard, en 1890, en compagnie de Gwenn,la laitière, qui inspire un peintre qui en fera son portrait; celui-ci va entraîner le malheur de Gwenn et marquera à jamais les femmes de sa lignée. Roland Boudarel nous emmène de Quimper à Paris, Sétif en Algérie, Lyon, la Toscane, Annecy pour clôturer son roman de nouveau à Quimper, en 2025. Nous faisons connaissance de toutes ces femmes, descendantes de Gwenn, volontaires, libres, prêtes à se battre pour ce en quoi elles croient. Mais ce sont aussi des femmes qui ont manqué d'amour maternel et sont devenues des femmes glaciales, ne pouvant offrir de l'amour à leur mari.
Un des fils conducteurs de cette lignée, c'est une sanguine représentant le Duomo de Florence, le peintre Giotto et Santa Reparata, patronne de Florence. C'est le seul souvenir que Gwenn avait de son père, qu'elle n'a pas connu. Cette sanguine réapparait avec chaque personnage qui n'y voit qu'un tableau alors que c'est le lien qui les unit tous.
Un autre fil, c'est le sein que Gwenn a eu marqué au fer rouge de la lettre P pour "pute"; la plupart de ses descendantes verront leur sein également marqué (par le fer pendant l'épuration après la 2ème guerre mondiale, par le cancer, par un tatouage...).
Enfin, la musique, comme émotion pure, est aussi un lien fort entre les personnages, qui déclenche des émotions puissantes : Mendelssohn, les cloches de Sétif rapatriées en France.
Ce roman traite avec brio de la mémoire transgénérationnelle des traumatismes qui explique parfois le mal-être de descendants qui ressentent des émotions, des peurs qu'ils ne peuvent expliquer et qui sont souvent incomprises par l'entourage.
Il offre également un arrière-plan historique fort intéressant de la fin du 19ème siècle au 21ème siècle sans que cela ne soit pesant et ne prenne le pas sur la fiction (le bagne de Nouvelle-Calédonie, l'Algérie avant et après le guerre, le sort des pieds-noirs....).
Ce roman m'a passionnée, pas seulement parce qu'il exalte les beautés du Finistère où je vis, mais surtout pour ces personnages de femmes attachants, ces liens difficiles entre mère et fille, pour les marques du passé que chacun(e) d'entre nous porte en soi, enfouies, jusqu'à ce qu'un lieu, une odeur, un son... nous fassent tressaillir.
Je remercie NetGalley et l'auteur, qui m'a proposé avec confiance son premier roman; je leur souhaite à tous deux tout le succès qu'ils méritent.
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