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Peindre dans la vallée de la Creuse ; 1830-1930

Couverture du livre « Peindre dans la vallée de la Creuse ; 1830-1930 » de  aux éditions Snoeck Gent
Résumé:

La vallée de la Creuse, bien qu'elle ait connu une fréquentation comparable aux autres sites majeurs du paysagisme en plein air (Barbizon, Pont-Aven, Étretat...) est restée longtemps la grande oubliée des historiens de l'art. Elle était pourtant dotée d'atouts considérables : un pittoresque... Voir plus

La vallée de la Creuse, bien qu'elle ait connu une fréquentation comparable aux autres sites majeurs du paysagisme en plein air (Barbizon, Pont-Aven, Étretat...) est restée longtemps la grande oubliée des historiens de l'art. Elle était pourtant dotée d'atouts considérables : un pittoresque naturel qui attira quantité d'artistes, une authenticité rustique exceptionnelle où la maigre agriculture n'avait guère évoluée depuis le Moyen Âge et, en n, un accès rapide depuis Paris grâce à la ligne de chemin de fer Paris-Limoges, active dès les années 1850.
Son « oubli » des spécialistes du paysagisme moderne jusqu'à une date récente n'est donc pas dû à sa réalité historique ni à ses qualités intrinsèques, mais à des causes plus sourdes et autrement plus dévastatrices.
La vallée des peintres de la Creuse se concentre dans trois villages : Gargilesse, Crozant et Fresselines, où la rivière ondoie entredesgorgessauvagesetdesmoulins paisibles. Elle présente, sur une trentaine de kilomètres, une géomorphologie identique et donc un ensemble pictural cohérent. Mais Gargilesse, le village de George Sand, appartient au département de l'Indre, de mêmequelerocherdela leuse,situéjuste en face des ruines du château de Crozant, lui aussi administrativement rangé dans le Berry. L'autre côté de la rivière, la rive gauche, avec le village de Crozant et, plus en amont, le village de Fresselines, appartient au département de la Creuse. Cette banale (et insigni ante pour les artistes) limite administrative a provoqué une mauvaise vision de l'ensemble, car les quelques chercheurs et érudits locaux se cantonnèrent à leur « territoire ». Ainsi tel critique d'art de Châteauroux limitait ses comptes-rendus de salons à Gargilesse, et telle tentative de recensement des paysages creusois ignorait les sites de l'Indre. Première malchance pour les peintres de la Creuse.
Une autre, plus grave encore, est d'être une in me parcelle d'une des régions les moins peuplées de France et aussi, d'ailleurs souvent le corollaire, l'une des plus pauvres. Peu d'habitants veut dire peu de chercheurs, peu d'historiens, peu d'amateurs... Peu d'argent veut dire peu d'acheteurs, peu de collectionneurs, peu d'expositions...
Au début du XXème siècle, la physionomie de la vallée de la Creuse a changé, à la suite de la disparition du pastoralisme qui entretenait la végétation rase et les coteaux couverts de bruyères et de la mise en eau de plusieurs barrages hydroélectriques, dont le plus engloutissant, Éguzon, date de 1926. Deux bouleversements qui troublèrent encore un peu plus la visibilité des sites originels et, en conséquence, la localisation des oeuvres. Combien de fois a t-on vu en vente publique un château de Crozant rebaptisé «Château cathare» ou un moulin de la Folie sur la Sédelle à Crozant déménagé sur l'Aven ? Même l'important Paysage de la Sédelle de Picabia était entré dans les collections du musée national d'art moderne sous l'appellation : Paysage du Pays basque.
C'est ainsi que, dépourvue de chercheurs, d'amateurs, de collectionneurs, mal localisée, mal reconnue, et en martyrisée par les barrages en béton, la vallée de la Creuse est restée la grande oubliée du paysagisme moderne.
Aujourd'hui, grace à cette exposition, la vallée des peintres de la Creuse gravit une marche vers une juste reconnaissance.
C'est une occasion unique, devant un ensemble représentatif d'oeuvres, de tenter de cerner l'identité singulière des sites de la Vallée de la Creuse.
Simplement un pittoresque authentique et non frelaté, une campagne ancestrale et des sites naturels encore sauvages. La vallée de la Creuse, celle qu'avait si bien décrite George Sand : Ici, tout est d'une désolation si pompeuse et si riche d'accidents que le peintre ne sait où s'arrêter... , donne l'envie de peindre.

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