"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Y a-t-il eu un meurtre à la résidence pour personnes âgées Les Lilas ? C'est la première question que se pose la lieutenant Céleste Alvarez en se rendant sur les lieux aux aurores. Odette gît, fracassée, au bas d'un escalier auquel elle n'aurait jamais dû avoir accès. Comment a-t-elle pu arriver là en pleine nuit ? L'enquête s'annonce complexe et les témoignages plutôt flous : le personnel est surchargé de travail, quant aux autres pensionnaires, ils semblent tous un peu perdus... Dans sa chambre, Colette, elle, rêve de Rob, encore et encore : le ranch au Nevada, le Flower Power, San Francisco, la liberté, sa vie rocambolesque avec lui... Au cours de ses investigations, Alvarez va découvrir quelques incohérences qui, insidieusement, vont la conduire sur les traces d'une folle cavale entre le continent américain et la France... Avec l'amour pour feuille de route et la mort en filigrane...
Polar qui démarre très bien, dans une maison de retraite lieu assez insolite pour y placer ce qui ressemble à un meurtre, et peut-être même perpétré par un pensionnaire. La lieutenant Céleste Alvarez est un personnage que l'on n'a pas l'habitude de rencontrer dans ce genre de romans : pas forcément jolie, vestimentairement pas au top et quelques rondeurs qu'elle soigne à coup de kebabs accompagnés de frites, c'est mieux, de burgers et autres viennoiseries. Elle dessine et est sensible aux couleurs qu'elle voit sur les scène de crimes ou d'enquêtes, si elles se répètent c'est alors que l'affaire est pour elle. Point de vue original pour une flicque qui l'est tout autant. L'intrigue est bien menée et si elle souffre de longueurs, elle est notamment assez longue à démarrer et traîne un peu avec des répétitions et des détails qui personnellement ne m'ont rien apporté ni dans la compréhension de l'histoire ni dans la psychologie des protagonistes, elle est quand même prenante jusqu'au bout du bout. Bon, j'aurais bien ôté quelques pages à ce volume qui en compte 350, mais c'est mon côté bougon et amateur de romans courts. Autre bémol : je trouve que Patrick Cagnelutti dialogue trop son polar, mais encore une fois c'est très personnel. Néanmoins, dans la quatrième de couverture, il est fait mention d'un "roman noir hors norme", et là, je rejoins la personne qui a trouvé cette expression. Hors norme, car comme je le disais plus haut, la lieutenant Céleste Alvarez l'est, tant pour son physique que pour son caractère et l'intrigue qui nous emmène jusqu'aux États-Unis dans les années hippies, la guerre du Vietnam, et prend sa source dans la France de la guerre peut être qualifiée avec les mêmes termes. Un autre point primordial est que la part belle est faite à l'humain qui est au centre de l'intrigue et du roman en général. point de technologie de pointe qui prend le dessus, non ici ce sont les femmes surtout et les hommes un peu qui dominent.
Une belle découverte. Un bon polar Jigal -comme d'habitude- qui débute presque par une onomatopée :
"Lundi 9 janvier 2017
Résidence pour personnes âgées Les lilas - 3h30
Tac-tac, tac, tac-tac, tac, tac-tac, tac...
Exaspérant et bruyant, ce déambulateur. Exaspérante, cette lenteur extrême." (p.9)
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