"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est au chevet d'un Marcel Proust mourant que s'affirme la vocation littéraire de Paul Morand; et c'est dans le vacarme d'une modernité incarnée par Jean Cocteau qu'elle va s'épanouir. Ce rejeton de la bourgeoisie parisienne, éclairée, artiste, aura connu les astres de la bohème comme de l'élite républicaine; deux mondes étanches qui vont former sa personnalité et dessiner sa double carrière de diplomate et d'écrivain. D'emblée, dans ses nouvelles et ses romans, Morand épouse les prouesses de son siècle en rompant avec un monde englouti à jamais par la Guerre. Il roule vite, il vole loin. La Terre a rétréci et il le fait savoir. L'écrivain au style étincelant, classique mais si reconnaissable, fait découvrir aux Français la magie de l'ailleurs. Sous de fausses allures de dilettante, cet amateur de sport et de jolies femmes trouve le temps d'écrire une oeuvre très ample qui ne s'arrêtera qu'à sa mort. S'il n'a jamais été fâché avec la géographie, Morand l'aura parfois été avec l'histoire. En 1940, il choisit Vichy alors qu'il est en poste à Londres. Sa proximité avec les rouages de la Collaboration et sa fidélité indéfectible à Pierre Laval lui vaudront, la guerre finie, des années d'opprobre, d'exil et de solitude, Cest à travers ses publications posthumes qu'apparaît au grand jour un antisémitisme longtemps occulté. La lecture d'archives jusqu'ici inaccessibles, journaux intimes, correspondances inédites, a permis à l'auteur de cette biographie, la première depuis un quart de siècle, de signer le portrait d'un Morand à tant d'égards méconnu. Cette existence, faite de trajectoires superposées, trouve enfin ses ressorts et sa vérité.
Opportuniste, mondain, collaborateur, antisémite…Pauline Dreyfus n’occulte aucun des aspects sulfureux de son sujet de biographie. Exercice d’autant plus périlleux quand on sait pour la suivre depuis quelques années déjà, que la romancière admire Paul Morand l’auteur, au point de lui consacrer la grande majorité de ses travaux.
Ainsi cette biographie remarquable en tous points a le rythme du plus romanesque des récits. Tout y est justement mesuré afin de tirer intelligemment le fil de la pelote, jusqu’à mettre en lumière la personnalité de Morand avec tout ce qu’elle a à la fois de fascinant et d’abject. L’ami de Proust et de Cocteau qui par orgueil manque son rendez-vous avec De Gaulle en juin 1940, terminera sa vie « immortel » membre de l’Académie française malgré son implication auprès de Laval et de Pétain en temps de guerre. Etonnant sujet. Mais n’est-il pas le symbole d’un pays plus obscur qu’il ne parait. Brillant et passionnant de bout en bout, cet opus relève tout autant du roman historique et du portrait sans concession d'un personnage digne d'un récit de Patrick Modiano.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !